La légalité des plaignants en question
Le dossier en diffamation opposant l’Association des élèves et étudiants bédiks de Dakar (AEEBD) à Pape Cheikh Diallo et Bessel Basse a été évoqué hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Le sort de ces deux animateurs de la Télévision futur média (TFM) est pour le moment lié aux exceptions de nullité soulevées par leur conseil.
Après plusieurs renvois, l’affaire en diffamation opposant l’Association des élèves et étudiants bédiks de Dakar (AEEBD) à Pape Cheikh Diallo et Bessel Basse a été retenue hier. Mais le fond du dossier n’a pas été abordé. Dès la notification de la prévention aux deux animateurs poursuivis, leur conseil a soulevé des exceptions de nullité. Me Baboucar Cissé estime que la citation directe est irrecevable pour trois raisons. Premièrement, Me Cissé considère que la citation est nulle, dans la mesure où les faits jugés diffamatoires n’ont pas été spécifiés.
‘’On ne nous dit pas en quoi le reportage est diffamatoire’’, a fulminé la robe noire. Qui reproche aussi à son confrère de citer les deux animateurs comme auteurs et co-auteurs, alors qu’ils sont employés par la TFM. Me Cissé a également réfuté à l’AEED sa qualité pour ester en justice, vu qu’elle n’est pas ‘’légale’’. ‘’Seule la personne diffamée peut initier une procédure, or dans ce cas d’espèce, c’est l’association qui a décidé d’ester en justice pour défendre les membres de sa communauté’’, a-t-il avancé.
Ses arguments ont été battus en brèche par le conseil des plaignants. Me Henry Valentin a relevé que la citation a ‘’bel et bien mentionné tous les faits diffamatoires et ceux-ci sont au nombre de cinq’’. Concernant la qualité de l’association à ester en justice, l’avocat a rétorqué à son confrère : ‘’La loi dit : toute personne diffamée, or cette personne peut être morale ou physique’’. Il s’y ajoute, a poursuivi Me Gomis, que l’association est légale, car étant régulièrement constituée et élisant domicile à l’Université Cheikh Anta Diop. ‘’La reconnaissance se limite à l’espace universitaire, or elle doit se faire auprès du ministère de l’Intérieur’’, a répliqué Me Cissé. Le tribunal à qui revient le dernier mot rendra son délibéré sur les exceptions le 24 juillet prochain.
Pour en revenir aux faits, tout est parti des commentaires faits par Bessel Basse et Pape Cheikh Diallo, après la diffusion d’un reportage sur la communauté Bédik, dans l'émission matinale ‘’Yewu leen’’. Une communauté forte d’environ 3 000 âmes, vivant dans le village de Iwol situé dans les montagnes de Kédougou. D’après la citation, après la diffusion du reportage, les deux animateurs se sont laissés aller à des commentaires jugés désobligeants. Selon toujours la citation, Bessel Bass a déclaré à la télévision que pour qu'une femme bedik puisse se marier, elle doit impérativement avoir cinq enfants.
L'animatrice avait même expliqué les conditions de la procréation de ces enfants, en déclarant : ‘’A chaque mois d’avril, les hommes partent en initiation. A leur retour, les femmes en âge de mariage sont installées dans une case où les initiés les rejoignent pour s’accoupler, sans distinction de liens de parenté.’’ Les ressortissants du village reprochent à Pape Cheikh Diallo d’avoir dit sur le même plateau : ‘’C’est une bonne chose. Si vous ne me voyez plus, sachez que je suis parti chez les Bédiks’’. Leur association a choisi la voie judiciaire et réclame la somme de 100 millions pour laver l’honneur de leur communauté.
FATOU SY