Le M23 exige la résiliation du contrat de Racine Sy
Le Mouvement du 23 juin exige que le contrat manifestement illégal de Racine Sy avec le King Fahd Palace soit cassé et que soit lancé un nouvel appel d'offres auxquels professionnels locaux et étrangers pourront prendre part, en toute équité.
La salle de conférence de la Raddho était trop petite pour contenir tout un monde venu assister à la conférence de presse du M23, hier. Le premier sujet soulevé est celui des résolutions de l'Assemblée générale tenue le 21 juillet dernier. Une AG au terme de laquelle les Forces vives du 23 juin ont décidé de formaliser prochainement le M23 afin de lui donner «une personnalité juridique sous la forme d'une association.» C'est ce qu'a expliqué Me Mame Adama Guèye, un de ses responsables historiques. Ce changement devrait pousser la structure à s'assigner encore plusieurs missions dont celle de jouer «un rôle de contre-pouvoir citoyen face aux pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire», entre autres.
C'est d'ailleurs dans cette logique que le mouvement s'est impliqué dans la situation de crise qui prévaut au King Fahd Palace. Pour Me Guèye, «King Fahd Palace est l'un des premiers problèmes auquel le nouveau régime doit faire face. C'est ce qui reste de la mal gouvernance de l'ancien régime» d'Abdoulaye Wade. La décision de l'État de confier à la Société Hôtelière Africaine la gestion du complexe anciennement dénommé Méridien Président «pose des problèmes de principe auxquels le M23 ne peut être indifférent», selon Mame Adama Guèye. «Ce contrat viole de manière flagrante les règles de passation des marchés publics puisqu'il est indiscutable qu'il n'y a pas eu d'appel d'offres», argumente l'avocat d'affaires.
«Racine Sy ne peut être en même temps gérant de la Société Hôtelière Africaine, gestionnaire de l'hôtel, et employé du propriétaire.»
En outre, le M23 juge les avantages de la Société hôtelière africaine exorbitants parce qu'elle bénéficie «relativement à la part de revenu brut d'exploitation d'un pourcentage 500% supérieur à celui dont disposait le groupe Starwood, alors que ce dernier apportait une marque de notoriété internationale et une expérience de gestion sans commune mesure». En plus, le contrat a durée indéterminé et le salaire mensuel «de plus de 7 millions de francs Cfa de Racine Sy» sont jugés inacceptables par le M23. Pire encore, ajoute la note publiée par les Forces vives, «ce contrat caractérise un grave conflit d'intérêt dans la mesure où M. Sy ne peut être en même temps Gérant de la Société Hôtelière Africaine, gestionnaire de l'hôtel, et employé du propriétaire.»
Ainsi, les conditions scandaleusement avantageuses octroyées à la Société Hôtelière Africaine dans le cadre du contrat de gestion constituent un motif légitime de résiliation de ce contrat totalement déséquilibré au détriment de l'Etat.» C'est pourquoi le M23 «invite l'Etat à prendre les dispositions appropriées pour assurer le respect strict des règles de passation des marchés publics et les conditions de bonne gestion des biens publics.» Ce qui suppose le lancement d'un nouvel appel d'offres international auquel professionnels nationaux et étrangers pourront prendre part.
Dernier point abordé par le M23, la situation des manifestants du mouvement «victimes d'arrestations arbitraires», qui n'ont pas été libérées ou qui ont leur casier judiciaire sali par cette arrestation. «Le M23 tient à ce que justice soit rendue et que des réparations soient faites conformément aux engagements des nouvelles autorités», insiste Me Mame Adama Guèye. A cet égard, «le vote de la loi d'amnistie préconisé par le M23 pourrait revêtir un double symbole. Ce serait la première loi votée par l'Assemblée nationale, et elle procéderait d'une initiative parlementaire pour marquer la rupture». D'où une prochaine correspondance qui sera adressée aux députés dans cette perspective.
KHADY FAYE