Barthélémy Dias et Cie arrêtés avant d’être libérés
Les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi étaient, hier, dans la rue pour accompagner Barthélémy Dias au tribunal, dans l’affaire Ndiaga Diouf. Après le renvoi du procès, il s’est ensuivi une manifestation, des affrontements et les arrestations de Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou. Ces derniers ont fini par être libérés dans la soirée.
Les membres du mouvement Yewwi Askan Wi se sont mobilisés, hier, en masse pour accompagner le maire de Mermoz Sacré-Cœur répondre à la convocation du tribunal dans l’affaire Ndiaga Diouf. Seulement, le procès a été renvoyé, avant l’arrivée de Barthélémy Dias au temple de Thémis. Il s’en est alors suivi une procession des leaders de l’opposition qui s’est soldée par des affrontements et l’arrestation des responsables tels que Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou. C’est plus tard, en début de soirée, qu’ils ont été relâchés, après d’âpres manifestations, notamment sur la VDN.
Une situation regrettable pour le candidat à la mairie de Dakar, car, à ses yeux, au-delà de sa personne, c’est la démocratie qui est agressée. Ce qui est intolérable. ‘’Le comportement de cette justice est beaucoup plus que suspect. On s’est empressé de reporter ce procès, alors que je n’étais même pas au tribunal. C’est exactement ce qui s’est passé au mois de mars dans l’affaire Ousmane Sonko. Un justiciable qui devait se rendre au tribunal et qui est empêché par la gendarmerie et la police nationale’’, tonne-t-il après sa libération.
Barthélémy Dias, qui a improvisé une conférence de presse devant son domicile, entouré de plusieurs membres de la coalition de l’opposition, précise, en outre, que le 7 juillet dernier, lors de son dernier passage au tribunal, il n’était pas question de retenir une date, parce que le dossier, dit-il, n’était pas programmé pour être enrôlé. ‘’Ce qui s’est passé, c’est une instrumentalisation de la justice par des hommes politiques. Nous continuons à dénoncer cette volonté de museler des opposants, de vouloir remettre en cause tous les acquis démocratiques, depuis les indépendances’’, clame-t-il devant les militants venus apporter leur soutien.
Dias fils indique d’ailleurs qu’il ne compte pas retourner au tribunal, le 1er décembre prochain, la nouvelle date retenue pour le procès.
Revenant sur les péripéties de la journée d’hier, le maire de Mermoz Sacré-Cœur explique qu’il s’était décidé à se rendre au tribunal, lorsqu’il a été interdit de sortir de son quartier Baobab. ‘’Les sabotages ont commencé sur l’avenue Bourguiba. On a été interpellé par la gendarmerie. C’est le lieu de dénoncer certaines pratiques. On n’a pas besoin de tirer des balles blanches ou en caoutchouc sur les voitures des leaders politiques. Nous sommes des hommes politiques, des responsables et pas des rebelles. A partir de la Médina, nous étions obligés de descendre de nos véhicules pour continuer à marcher vers le tribunal’’, renseigne-t-il.
Avant de poursuivre : ‘’C’est de là qu’on a été chargé. On s’est retrouvé dans une maison à la Médina. C’est la police elle-même qui est venue nous chercher dans cette maison, en présence du président Khalifa Sall et du député Déthié Fall qui nous a escortés à l’extérieur et, tout d’un coup, ils ont commencé à tirer des grenades sur la foule. Arrivé à hauteur du lycée Delafosse, ils ont arrêté le cortège, nous ont sortis de force pour nous jeter dans la fourgonnette de la police. Ce qui est scandaleux et humiliant’’.
Le maire de Mermoz Sacré-Cœur invite, à cet effet, les forces de défense et de sécurité à la tenue et à la retenue, car, indique-t-il, ils n’accepteront plus la violation de leurs droits. Barthélémy Dias révèle que le régime en place détient des sondages qui les empêchent de dormir et sont en train de chercher tous les moyens pour ne pas organiser les élections le 23 janvier 2022.
‘’Nous sommes candidats et souhaitons battre campagne de manière apaisée et qu’on nous laisse la possibilité d’exercer nos droits’’, avertit-il.
Sonko : ‘’Nous ne pouvons pas avoir une paix à sens unique…’’
Le leader du Pastef indique, de ce fait, que leur coalition milite pour la paix et la stabilité du Sénégal. Ousmane Sonko pense, néanmoins, que pour ce faire, il faut que tous les acteurs jouent la même carte et, malheureusement, dit-il, Macky Sall n’a jamais joué la carte de la paix. ‘’Les événements du mois de mars auraient dû être une alerte pour lui. Il pouvait en tirer toutes les conséquences et se retenir. Nous sommes au regret de constater que l’homme ne connait que le rapport de force, que la violence. S’il nous invite sur le terrain de la paix, il aura la réponse adéquate, mais s’il pense pouvoir continuer à liquider des adversaires politiques, à truquer des élections pour se préfabriquer des victoires techniques, il se trompe. Cela relève du passé, parce que nous ne l’accepterons plus’’, met-il en garde.
D’après le parlementaire, Macky Sall sait qu’il est minoritaire dans ce pays, qu’il ne peut pas mobiliser les jeunes. ‘’En l’absence des forces de défense et de sécurité, on ne ferait qu’une bouchée de lui et de ses ouailles. Nous ne pouvons pas avoir une paix à sens unique où Macky Sall va continuer à emprisonner à tour de bras. On ne peut pas avoir un candidat déclaré dans une compétition électorale et attendre le lendemain du dépôt des listes pour réactiver une convocation. Ce n’est pas responsable de la part de la justice’’, fait-il savoir.
Khalifa Sall : ‘’Que chacun prenne ses responsabilités’’
Un peu plutôt dans la journée, les membres de la coalition Yewwi Askan Wi ont fait face à la presse pour dénoncer l’arrestation de Barthélémy Dias et Cie. L’ancien maire de Dakar a, à ce propos, dénoncé les agissements du régime en place qui, à ses yeux, use de la violence à chaque fois qu’il est dans l’impasse. ‘’Que chacun prenne ses responsabilités. J’invite la jeunesse de ce pays à se tenir debout pour le respect de notre démocratie, se battre pour la liberté de nos camarades qui ont été malmenés, blessés, agressés physiquement. Ne laissons pas ces pratiques prospérer ; faisons face’’, invitait Khalifa Sall.
Pour Déthié Fall, la convocation de Barthélémy Dias était une provocation, un coup prémédité. Elle n’avait, d’après le parlementaire, pour objet que de procéder à des arrestations, que de poser le premier acte de l’enterrement de cette opposition. ‘’Nous lançons un appel à toutes les populations de se mobiliser. Il est hors de question que la machine électorale mise en branle par Yewwi Askan Wi, qui a fini de leur faire peur, qu’ils veuillent aujourd’hui, par la justice, freiner cette machine. Tous les jeunes de la coalition doivent poursuivre cette résistance’’, pense l’ancien membre du parti Rewmi.
HABIBATOU TRAORE