“Les 31 bateaux de l’UE rapportent plus à l’Etat que les 129 bateaux Sénégalais”
Dans la controverse sur le renouvellement des accords de pêche avec l’Union Européenne, le ministre des Pêches indique que ceux qui crient au scandale ne valent peut être pas mieux que ceux qu’ils dénoncent.
Alors que la polémique enfle sur renouvellement des accords de pêche entre le Sénégal et l’Union Européenne, le ministre des Pêches et de l’Economie maritime a révélé un chiffre sur lequel il a demandé aux députés de s’attarder. Si l’accord avec l’UE rapporte au Sénégal environ 2 milliards de francs CFA par année (sur 5 ans), Alioune a révélé que l’ensemble des 129 navires de la flotte sénégalaise n’ont payé, à ce jour que 1,2 milliards de francs CFA au Sénégal. « Si l’on compare cela à ce que nous rapportent les 31 navires de l’UE, on voit qu’eux payent davantage. En plus, ces bateaux nous assurent 2 800 emplois. Ils ont une obligation d’avoir 25% de leur personnel constitué de Sénégalais », soutient Alioune Ndoye. Oubliant, entre autres, que les bateaux sénégalais engagent un personnel exclusivement sénégalais, donc donnent de l’emploi. Que l’argent gagné est dépensé dans le pays, donc injecté dans l’économie nationale. Et que tous ces chefs d’entreprises payent leurs impôts, ici, au pays.
Ainsi, face à ses détracteurs, le ministre a répondu qu’il n’y a pas « de vertu, de valeur à nous opposer ». Avant d’ajouter : « Nous travaillons pour un pays et ils doivent cesser de nous empoisonner l’esprit. C’est de hauts cadres qui travaillent au ministère de la Pêche. Donc, que l’on arrête de colorier les choses ».
Quelques heures plutôt, c’est la député Aïda Mbodji qui l’avait interpellé pour faire la lumière sur le rapport produit en octobre dernier par l’ONG Greenpeace, l’accusant d’avoir frauduleusement octroyé des licences à des navires chinois. A sa suite, Woré sarr a voulu savoir le nombre de licences signées depuis le passage au ministère des Pêches de Omar Gueye, mais aussi le nombre de morts dans le drame de l’immigration irrégulière par des pirogues.
Sur ce dernier point, Alioune Ndoye explique qu’il s’agit plutôt d’un phénomène qui existe, depuis des décennies. « Il y a des voies terrestres qui, en passant par la Libye, étaient beaucoup plus utilisées. Les surveillances accrues ont fait qu’elles sont devenues beaucoup plus difficiles. Une organisation s’est refaite par la voie maritime », estime-t-il.
Devant les députés, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime a rappelé les chiffres sur les licences de pêche octroyées par le Sénégal. Selon lui, le pays a accordé à ce jour 161 licences de pêche dont 129 sont des navires de nationalité sénégalaise et 32 d’origine étrangère. Il a aussi souligné qu’il n’y a d’accords de pêche qu’avec l’Union Européenne, la Gambie, la Guinée Bissau, la Cap-Vert, la Mauritanie et le Libéria.
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Pêche et Economie maritime
50 milliards pour relancer le secteur en 2021
L’assemblée nationale a adopté hier le budget du ministère des Pêches et de l’Economie maritime. Il s’élève à 198 156 395 076 de francs CFA en autorisation d’engagement et 50 194 418 013 francs CFA en crédit de paiement. Un montant réparti entre quatre secteurs à travers le programme 2023 « Pêche et Aquaculture », le programme 2024 « Economie maritime » et le programme 1008 « Pilotage, coordination et gestion administrative » et le programme 3004 « Caisse d’encouragement à a pêche et à ses industries annexes (CEPIA) ».
Face à la surexploitation constatée des ressources halieutiques, le programme 2023 « Pêche et Aquaculture », doté d’un montant de 25 milliards de francs CFA, se fixe trois objectifs majeurs : régénérer les ressources et pérenniser la rente halieutique, augmenter la production agricole et augmenter la valeur ajoutée de la production halieutique et aquacole. Pour permettre aux acteurs de relancer leurs activités, le ministère en partenariat avec la DER (délégation de l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes) et le Crédit mutuel du Sénégal a mis en place une ligne de crédit d’un montant de 2 milliards de francs CFA, destinée aux acteurs de la pêche et de l’aquaculture.
Le programme 2024 « Economie maritime », avec 169 milliards de francs CFA vise à améliorer les services du transport, la formation maritime et à renforcer la plateforme portuaire, avec des infrastructures et des équipements adaptés. Le programme 1008 « Pilotage, coordination et gestion administrative » veut améliorer la gouvernance et le pilotage du secteur et d’intégrer les leviers et les principes de développement durable dans les politiques de pêche et de transport maritime.
Quant au programme 3004 « Caisse d’encouragement à a pêche et à ses industries annexes », doté de 1,3 milliards de francs CFA, il s’agit d’un compte d’affectation spécial du Trésor ouvert dans les livres du payeur général du Trésor depuis 1967, et est inscrit annuellement dans la loi de finances.
Un marché au poisson à Thiès en 2021 Le département de Thiès va bénéficier en 2021 d’un marché au poisson. Le ministre des Pêches et de l’Economie maritime l’a confirmé dans le rapport de présentation, lors du vote de son budget, hier à l’assemblée nationale. Selon le texte, une assiette foncière déjà sécurisée y est déjà disponible et l’étude de faisabilité technique du projet déjà réalisé. Dans la même optique d’équipement de l’intérieur du pays en infrastructures de gestion des produits halieutiques, Alioune Ndoye a informé que le programme chaine de froid va démarrer sous peu et qu’il s’agira de réhabiliter les 15 complexes frigorifiques de la phase 1 et d’installer 19 de la phase 2. Le bateau Alioune Sitoé Diatta dans un sale état Lors de son intervention devant le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, le député maire de Ziguinchor a lancé un appel pour que le Sénégal n’ait pas à vivre un drame à l’image du naufrage du bateau le Joola. Car la plupart des bateaux assurant le transport entre Dakar et la capitale du sud sont en panne. « J’ai reçu des délégués qui m’ont fait part de grosses difficultés que traverse la liaison maritime Dakar Ziguinchor. Le bateau Alioune Sitoé Diatta est dans un sale état. Il est en panne. La climatisation ne marche pas et il a des problèmes de tuyauterie. Il nécessite de grandes réparations. Sur la flotte de trois bateaux destinée au transport entre Dakar et Ziguinchor, un seul fonctionne : c’est le Aguène. Un des deux autres qui font le fret est également en panne. Il s’agit d’un problème sérieux qui menace la société », alerte Abdoulaye Baldé. Cet avis n’est cependant pas celui du ministre des Pêches et de l’Economie maritime. Alioune Ndoye a plutôt évoqué une visite technique obligatoire : « Un bateau qui va en carénage ne veut pas dire qu’il est en panne. C’est tout à fait normal. A un moment donné, ils doivent passer des tests techniques comme tous les engins qui transportent des êtres humains ». Le ministre a également révélé que la société en gestion de cette liaison Dakar Ziguinchor est en train d’être auditée Moustapha Guirassy pointe du doigt un fiasco total dans l’aquaculture Pour le ministre de la pêche et de l’Economie maritime, l’aquaculture pourrait jouer un important rôle dans la diversification des sources d’approvisionnement en ressources halieutiques. Dans un contexte marqué par la raréfaction et la surexploitation des poissons, Alioune Ndoye estime que le développement de l’aquaculture devra passer par la maitrise des intrants de production à travers la mise en place d’écloseries, d’unités de fabrication d’aliments et d’infrastructures de grossissement d’envergure. Son optimisme n’a toutefois pas été partagé Moustapha Guirassy. Selon le député, Il y a beaucoup de tape-à-l’œil dans l’aquaculture. « Dans projets ont été tentés à Kédougou, cela a été un fiasco. Un autre projet en Casamance a également été un fiasco. Le positionnement du ministère sur cette question n’est pas assez net, nous voyons de la timidité », lance-t-il au ministre. Selon Guirassy, le mal est dans le ‘fast-tract’. Alors que l’aquaculture est parmi les secteurs qui produisent le plus dans le monde. « Il nous faut aller vers des investissements plus structurants et avoir un d’impact sur l’économie maritime », fait-il remarquer. Ceci, avant de conseiller de transformer la stratégie du ministère pour s’orienter vers l’aquaculture. |
Lamine Diouf