Publié le 3 Oct 2014 - 20:37
APPLICATION DE LA LOI CONTRE LES MUTILATIONS GENITALES

Le député Aminata Diallo dénonce les lenteurs

 

Le combat contre l’excision des jeunes filles est loin d’être gagné. Et pour ne pas arranger les choses, des députés sont même contre l’application de la loi  prohibant les mutilations génitales. Dans ce lot figure en bonne place  le député Amadou Tidjane Talla, à en croire sa collègue Aminata Diallo.

 

Au moment où l’on parle du suivi des nombreuses lois votées, il y a des députés qui sont contre l’application de la  loi sur les mutilations génitales. Il s’agit surtout de l’honorable député Amadou Tidjane Talla. L’accusation est du député Aminata Diallo par ailleurs présidente du réseau des parlementaires pour la protection de l’enfance. Selon Mme Diallo qui assistait hier au lancement du projet ‘’Sénégal Child protection and participation’’, il y a des députés qui s’opposent même à la loi.

‘’L’un d’eux que je connais, c’est un homme (Amadou Tidjane Talla), c’est normal. Si c’était une femme, elle n’aurait pas le même entendement. Il me parle de religion. Mais il n’y a plus de débat dans la religion par rapport à l’excision parce qu’on a trouvé nulle part dans le Coran où il est écrit qu’il faut exciser les filles. La circoncision est permise dans le Coran, mais pas l’excision’’, a-t-elle dit.

A l’en croire, il y a juste un hadith  qui en parle. ‘’Ce hadith dit que le prophète un jour est allé voir une dame qui s’appelle Oumou Aïmane, une pratiquante et le prophète avait dit alors que l’excision, c’est juste pour l’honneur. Donc il fallait couper un tout petit bout. Il paraît que c’est ça que le prophète avait dit. Si c’est juste pour l’honneur, on n’en a pas besoin’’, plaide  Aminata Diallo. Qui souligne tout de même continuer à débattre du sujet.’’ Avec le réseau Islam et développement, l’Unicef et Funeap, on a tenu des rencontres avec certains guides religieux. Il y a même des gens qui disent que ce hadith n’est pas authentique’’, a soutenu la présidente du réseau des parlementaires pour la protection de l’enfance.

Toujours dans sa croisade contre l’excision, Aminata Diallo tient à rappeler que surtout dans le sud, chez les femmes mandingues, ou au nord avec les Halpulaar, les gens ne parlent pas beaucoup de sexualité. Pourtant, dit-elle, l’excision a fait des ravages dans ces zones. Elle en veut pour preuve sa propre expérience. ‘’J’ai fait trois césariennes à cause de l’excision, d’autres vivent avec des fistules et autres et ne veulent pas en parler. Parce qu’elles ne veulent pas que les gens le sachent. Il faut que l’on ose en parler’’, soutient-elle.

En outre, le député a plaidé pour l’application des lois déjà votées. ‘’Si des lois sont votées, c’est pour être appliquées. Au Sénégal, il y a beaucoup de difficultés politico-culturelles pour appliquer les lois. Aujourd’hui, nous tous députés, devons nous atteler à faire un suivi de l’application des lois sur les mutilations génitales existantes depuis 199, sur la protection de l’enfance depuis 2001’’. Son appel sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr.

VIVIANE DIATTA

 
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