Les conditions de la Banque Mondiale
Le Sénégal peut espérer plus de 70 milliards de francs Cfa en appui budgétaire et financement pour le secteur énergétique, à condition qu’il reste sur la voie de la bonne gouvernance.
C’est plus de 73 milliards de francs Cfa que le Sénégal peut espérer de la Banque mondiale dans les jours, voire mois à venir. C’est Makhtar Diop, Vice-président en charge de l’Afrique de la Banque mondiale qui a en fait l’annonce hier au cours d’une conférence de presse sanctionnant sa visite au Sénégal. Il s’agit de 85 millions de dollars (44,8 milliards au taux d’hier) pour le secteur de l’énergie, et de 55 millions de dollars (28,9 milliards de francs Cfa) d’appui budgétaire pour combler le déficit budgétaire aujourd’hui évalué à 6,5% du Pib en 2011 (442,4 milliards de F Cfa) contre 5,2% en 2010 (337,7 milliards). Mais des financements assortis d’un certain nombre de mesures pour ne pas dire conditionnalités.
‘’Nous avons discuté spécifiquement de deux nouvelles opérations que la Banque mondiale va présenter à son Conseil d’administration. La première est une opération de 85 millions de dollars (44,8 milliards au taux d’hier) dans le secteur de l’énergie qui va avoir un aspect sur la gouvernance du secteur, mais qui va essayer d’aider dans le secteur de la distribution’’, a déclaré Makhtar Diop qui ajoute : ‘’Au cours de la discussion, nous avons eu un accord sur la nécessité de ne pas continuer à avoir des solutions à court terme sur la question de l’énergie. Il est important de régler cette question sur le long terme. Nous avons le sentiment que nous sommes dans un rattrapage permanent en termes de production’’.
Le sale coup à Wade
Il faut souligner à ce sujet que le financement (au départ de 80 millions de dollars) était prévu en début d’année. Mais la Banque mondiale avait décidé de le reporter. D’après nos sources, c’était lié à des réformes non effectives dans le secteur de l’énergie.
Le second financement, d’après toujours le vice-président pour l’Afrique de la Banque de mondiale, est de l’ordre de 55 millions de dollars (28,9 milliards de francs Cfa) en appui budgétaire. C’est ‘’un appui budgétaire qui permettrait au Sénégal de faire face au financement du gap (déficit budgétaire) nécessaire pour boucler son budget. Dans ce contexte, la Banque mondiale souhaiterait contribuer au financement de ce gap à hauteur de 55 millions de dollars (28,9 milliards de francs Cfa)’’, fait savoir M. Diop qui renchérit : ‘’Et si les conditions sont réunies et si nous avons un accord sur le moyen terme sur le cadrage macroéconomique et sur les politiques économiques pour supporter ce cadrage, nous souhaiterions renouveler cet appui budgétaire dans l’année calendaire 2013 et l’année calendaire 2014’’.
Réforme du code des marchés
En termes de ‘’conditions’’, le Sénégal ne pourrait disposer de cet appui budgétaire que s’il se procède au toilettage du Code des marchés publics qui, d’après l’économiste, ‘’avait, dans ses récentes versions, permis un certain nombre de dispositions qui n’avaient pas nécessairement amélioré l’utilisation judicieuse et efficace des ressources publiques’’. Et de façon générale, s’il reste dans une dynamique de transparence et de promotion de la bonne gouvernance. ‘’La gouvernance économique est un élément central dans le développement à long terme’’, insiste M. Diop. Qui poursuit : ‘’La gouvernance sera centrale. La gouvernance économique sera importante dans tout de ce que nous ferons dans le futur avec le Sénégal. C’est même une exigence du peuple sénégalais’’.
Dans la même veine, Makhtar Diop s’est prononcé sur l’actualité sénégalaise marquée par la répression de l’enrichissement illicite. ‘’Tout élément qui rentre dans l’amélioration de la gouvernance économique est une bonne mesure. Cela peut prendre la forme de la loi sur la répression de l’enrichissement illicite’’, dit-il.
BACHIR FOFANA