La publication des résultats provisoires issus du scrutin législatif de dimanche dernier suscite une vague de contestation émanant de l’opposition. Mais pour la coalition présidentielle, la volonté populaire a été respectée.

L’opposition sénégalaise, dans sa quasi-totalité, rejette les résultats issus des élections législatives du 30 juillet dernier. Déjà, les germes de ces contestations étaient bien visibles avant la tenue de ce scrutin avec le contentieux né des lenteurs notées dans la délivrance des cartes nationales d’identité biométriques et des mesures transitoires prises par le président de la République et son gouvernement, pour d’abord permettre aux citoyens, une fois dans les bureaux de vote, d’avoir la possibilité de choisir au moins 5 sur les 47 bulletins en lice, mais également la possibilité de voter avec les anciennes cartes d’indenté numérisé, ou d’autres documents administratifs en plus du récépissé d’inscription. Toutes ces mesures n’avaient pas en réalité rencontré l’approbation de l’opposition qui,  tout compte fait, rejette non seulement les résultats provisoires fournis par les commissions départementales de recensement des votes, mais dénonce ‘’un holdup électoral’’.

Idy : ‘’aucune élection n’a été aussi frauduleuse que celle du 30 juillet’’

C’est en effet le Président du Rewmi, Idrissa Seck qui a été le premier à monter au front. Dans une déclaration largement publiée hier, l’ancien Premier ministre dénonce beaucoup d’irrégularités qui, selon lui, entache la crédibilité même de tout le processus électoral. ‘’Depuis l'élection chaotique de la présidentielle de 1988, aucune élection n'a été organisée de manière aussi frauduleuse que celle qui s'est produite le dimanche 30 juillet 2017. Ces élections législatives qui se sont déroulées dans une confusion totale se prolongent à travers une volonté affichée du camp présidentiel de procéder à un holdup électoral’’, fulmine-t-il dans sa déclaration.

Mais la réplique du camp présidentiel n’a pas trop tardé suite à cette sortie du président du parti Rewmi. Joint par EnQuête, le porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr) dégage en touche et qualifie Idrissa Seck  de mauvais perdant. ‘’Le peuple s’est exprimé, les urnes ont parlé, il faut respecter le suffrage des Sénégalais. Dans notre démocratie, il y a des autorités qui sont habilitées à donner les résultats officiels des élections. Maintenant, tout le propos de M. Seck révèle sa faillite personnelle, l’incurie de son camp qui n’a pas su rester uni’’, rétorque Seydou Guéye. Qui persifle : ‘’Idrissa Seck n’a pas encore perdu sa fibre putschiste malgré ses déboires électoraux’’.

Seydou Guéye : ‘’ Si Idy ne veut pas respecter la volonté du peuple, l’Etat se donnera les moyens de le faire’’

Pas du tout convaincu par les arguments brandis par le camp présidentiel, le président du Conseil départemental de Thiès continue de croire dur comme fer, que la ‘’posture antirépublicaine, préjudiciable à notre démocratie et les stratégies multiples du camp présidentiel ont fini par éloigner le scrutin du respect de toutes les normes de transparence et de sincérité’’. ‘’Notre fichier électoral a été́ manipulé et les cartes d’identité́ distribuées sélectivement sur des bases partisanes. Il est clair et établi qu'un coup de force est tenté par le camp présidentiel afin de priver les dakarois de leur victoire’’, rumine l’ex-maire de Thiès. Idrissa Seck relève dans la foulée que ‘’ces stratégies en question ont aussi honteusement influés sur les résultats du vote dans d'autres départements du pays, notamment à Guédiawaye avec la tête de liste de MTS Malick Gakou’’.  Selon lui, ‘’Macky Sall en vue de 2019, cherche à éliminer ou affaiblir tous ses adversaires afin  de s'ouvrir un grand boulevard pour la futur élection présidentielle’’. ‘’La volonté́ du Président de la République est de plier et domestiquer la démocratie sénégalaise en la ramenant à son niveau le plus bas’’, charge-t-il.

En total désaccord avec de telles accusations, le porte-parole du gouvernement relève que d’un point de vue historique, c’est la première fois que des élections législatives mobilisent autant d’électeurs avec le taux de participation qui a été noté. ‘’Il y a eu près de 3 millions de Sénégalais qui se sont exprimés. Ça c’est inédit malgré les couacs et les difficultés dans l’organisation que nous reconnaissons. Si lui (Idrissa Seck) ne veut pas respecter la volonté du peuple, l’Etat se donnera les moyens de faire respecter le suffrage issu des urnes’’, déclare-t-il sur un toc sec.

Se gardant d’entrer dans une quelconque polémique, Abdoulaye Baldé et ses alliés de la Convergence patriotique/Kaddu askan wi se veulent prudents. ‘’En toute sérénité, j’ai envie d’attendre le prononcé de la Cour d’appel. Il faut d’abord que tous les résultats soient centralisés et qu’on donne de bonnes informations. Actuellement les gens spéculent. Il n’y a pas de voix autorisée’’, déclare le directeur de campagne de ladite coalition, Mamour Cissé, contacté hier par EnQuête. Le leader du Parti social démocratique/Jant bi n’a pas omis dans la foulée d’appeler les uns et les autres à la retenue, en attendant que les résultats officiels soient délivrés pour ensuite saisir les juridictions compétentes, ‘’si l’on juge nécessaire le besoin  d’introduire des recours’’. 

ASSANE MBAYE