Que reste-t-il du patrimoine de Wade ?
Entre arriérés de salaires, véhicules introuvables, chantiers inachevés, le Parti démocratique sénégalais (PDS) vit la dure réalité de l’opposition.
Sous nos tropiques, la perte de pouvoir entraîne naturellement celle des avantages liés. Cette réalité, le Parti démocratique sénégalais (Pds), dont la plupart des dignitaires sont poursuivis dans le cadre de la traque des biens mal acquis, la vit, malgré les apparences. Depuis la chute de son leader Abdoulaye Wade, à la présidentielle du 25 mars 2012, l’ancien parti au pouvoir, privé de fonds politiques, tire le diable par la queue. Une situation qui est durement ressentie par les militants, mais aussi et surtout par les travailleurs de la Permanence Mamadou Lamine Badji qui, selon des sources dignes de foi, courent derrière «deux mois de salaires». Une information que le responsable des lieux, Dipe Thiaré, se garde de commenter. En tout état de cause, l’ancien président, qui vit en retraite à Versailles en France, semble de plus en plus se retirer de la gestion de la Permanence. Cette charge revient désormais aux députés du groupe parlementaire Libéraux et Démocrates. «Chaque mois, soufflent nos interlocuteurs, les députés cotisent pour soutenir le parti. L’argent est destiné à payer les salaires du personnel de la permanence, et autres frais liés à l’intendance». Une information confirmée par Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates. Joint par téléphone depuis Lomé où il se trouve, il précise que l'argent issu des cotisations est plutôt destiné à payer l'électricité, l'eau et non le personnel.
Arriérés de loyer à l'Institut libéral
Il faut rappeler que la Permanence du PDS avait été privé d'électricité et d’eau, il y a quelque mois. Il avait fallu «l’intervention» de Karim Wade, en liberté à l'époque, pour que la situation se décante. Mais ce n’est pas tout. L’institut libéral sis au Point E croule sous le poids de dettes. Considéré comme le «laboratoire de recherche» du Pds, cet institut doit «plusieurs mois d’arriérés» à l’agence immobilière dénommée Hortala. Joint par téléphone, le Directeur de l’Institut, Malick Dieng, n’a pas souhaité se prononcer sur le sujet. Tandis que le responsable de l'Agence en question se contente de dire : «Ce sont nos clients ; je ne peux ni confirmer, ni infirmer.» Les difficultés traversées par l’Institut ne sont pas étrangères à l’arrêt des travaux de la Salle des Congrès contiguë à la Permanence Mamadou Lamine Badji sur la Vdn. Ce projet confié à l’entreprise Satar devait abriter l’Institut libéral une fois achevé. Mais, «faute d’argent», les chantiers peinent à être achevés. A ce jour, seule la charpente métallique a été érigée ; alors, l'inachèvement des travaux est visible à l’œil nu. Les responsables contactés par EnQuête n’ont pas réagi. Me Madické Niang, à qui Wade aurait confié le patrimoine, nous a répondu par Sms ceci : «Je suis grippé ; je vous parle dès que j’irai mieux.»
Des 4X4...invisibles
On n’en saura pas davantage sur la situation du parc automobile du Pds. Car, sur les six véhicules 4x4 que le candidat Wade a acquis pour les besoins de la campagne électorale, soufflent des sources dignes de foi, il n’en resterait que deux. «L’un est à la disposition d'un proche de Wade et elle est de marque Ford Escape tandis que l’autre, de marque Chevrolet, est mis à la disposition de Modou Diagne Fada en tant que président du groupe parlementaire (Libéral et Démocratique). Les autres véhicules sont introuvables», souffle-t-on. Modou Diagne confirme mais tient à préciser que le véhicule dont il dispose ne fait pas partie du parti mais appartient à Me Abdoulaye Wade. Pour lui, il faut faire la différence entre les véhicules de Wade et ceux du parti qui sont à la Permanence ou mis à la disposition de responsables locaux.
L'ombre d'Aïdara Sylla ?
La chute d'un des argentiers les plus actifs de Me Abdoulaye Wade ne serait pas sans lien avec la situation financière difficile que vit le Parti démocratique sénégalais (Pds). Pour rappel, c’est à son arrivée le 1er janvier 2013, à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, en provenance de Dubaï, qu'Aïdara Sylla sera arrêté en possession de divers documents en chèques, ordres de virements et autres opérations bancaires dépassant les 4 milliards de francs Cfa. Une partie de cet argent devait servir à solder non seulement des dettes que Me Wade avait laissées à Dakar, durant la campagne présidentielle, mais aussi et surtout à faire vivre le Pds. Depuis qu'Aïdara Sylla est tombé, la frénésie financière des libéraux en a pris un sacré coup. Une des conséquences, c'est que certains responsables libéraux qui finançaient le parti ont revu drastiquement à la baisse leur participation. La traque des biens mal acquis aidant, ils sont devenus aujourd'hui très peu nombreux à mettre la main à la poche.