Publié le 13 Sep 2012 - 08:00
BASKET - NDÈYE DIOLA NDIAYE, VICE-CAPITAINE DES LIONNES

 ''Au Mali, il y a eu beaucoup de non-dits''

 

Pour EnQuête, la vice-capitaine des Lionnes, Ndèye Diola Ndiaye, trouvée en pleine séance d’entraînement au stadium Marius Ndiaye, revient sur sa carrière et l’Afrobasket de 2011 de Bamako.

 

Ndèye Diola Ndiaye, voudriez-vous nous retracer votre parcours ?

 

J’ai commencé le basket à bas âge à l’As Fonctionnaires (Asfo) ; puis un petit passage au Dakar Université Club (DUC) en minime. Après, je suis retournée à l’As Fonctionnaires où j’ai fait toutes les classes (cadette, junior et senior). Après mon Bac, je suis partie pour 4 ans aux États-Unis pour le Collège et j’ai signé mon diplôme en 2004 avant de retourner en France où j’ai commencé à jouer en Pro.

 

D’où vous êtes venu cet amour du basket ?

 

C’est en 1989 quand ma grande sœur m’a emmenée au stade pour le couronnement du couple de basket royal Matar Ndiaye ou Étienne Preira avec Maty Diop. Et depuis lors, j’ai aimé ; et quand mes sœurs allaient aux entraînements, je les suivais. J’étais un peu réticente au début, jusqu’en 1991 quand les Lionnes ont remporté la Coupe d’Afrique en Tunisie. J’ai quatre sœurs qui ont joué en équipe nationale. Il s’agit de Aïssatou Ndiaye ''Diatta'' ancienne capitaine des Lionnes, Ndiassé Ndiaye qui a joué à la Jeanne d’Arc (JA), Fatim Ndiaye qui a joué aussi en sélection nationale (elle a fait les JO de 2000) et la dernière, Fatou Ndiaye.

 

Voulez-vous revenir sur votre saison cette année du côté d’Aix-en-Provence ?

 

Ça s’est bien passé même si, au début, c’était un peu traumatisant, car on voulait faire partie des huit premières équipes pour jouer la Coupe d’Europe. Dommage, on n’a pas réussi mais on a pu se maintenir. J’ai réalisé une belle saison, je tournais autour de 10 points par match et une moyenne de 6 rebonds aussi. Et grâce à Dieu, je ne me suis pas blessée.

 

Pourquoi vous n’êtes pas retenue dans votre club ?

 

A la fin de la saison, les coachs m'ont appelée pour discuter de la saison à venir. Ils (les dirigeants du club) avaient des problèmes de budget et ce qu’ils m’avaient proposé ne me satisfaisait pas, j’ai alors préféré aller voir ailleurs. Et depuis, j’ai eu des propositions partout, en France même, à Villeneuve d’Ascq, mais je n’ai pas voulu aller dans le Nord. J’ai eu un contact en Pologne aussi mais ça ne m’intéresse pas car c’est un tout petit village qui ne fait que 25 000 habitants. J’attends toujours mon agent pour d’éventuelles propositions mais je veux rester en France.

 

''Au Mali, j’étais partie juste pour le titre''

 

Vous êtes dans l’équipe nationale depuis plus 10 ans mais vous n’avez jamais remporté le titre continental. Comment vivez-vous cette situation ?

 

Cela a été un grand coup pour moi de perdre l’année dernière celui de Bamako (Mali). Je suis en équipe depuis 2000, j’ai fait les campagnes de Mozambique 2003, du Nigeria en 2005 et du Sénégal en 2007 sans jamais remporter le titre. Et c’est dur, car pour une joueuse, c’est dix ans de carrière sans titre, même si j’ai trois titres de vice-championnes et une place de troisième. Au Mali, j’étais partie juste pour le titre.

 

Parlons de l’Afrobasket du Mali, car il y a eu beaucoup de polémiques après. Qu’est-ce qui s’est réellement passé à Bamako ?

 

(Elle s’exclame) Ah au Mali ! Il y a eu beaucoup de spéculations et de non-dits.

 

Lesquels…

 

Des choses dont on ne peut tout dire ou qui nous prendront toute la journée si on en parlait. Le problème principal fut le manque de communication entre le ministère, la fédération et les joueuses. Car au moment de quitter le Sénégal, beaucoup de points ont été discutés et n’ont pas été respectés à notre arrivée à Bamako. Et il y a eu des divergences sur beaucoup de choses. Il y avait des gens qui n’étaient pas payés et cela a touché au moral du groupe. Mais ce n’était pas un problème d’argent qui nous a fait perdre la finale. C’était un problème de fatigue car on a fait les Jeux africains, on a fait des matches remplis lors de l’Afrobasket, avec les meilleurs scores. On courait beaucoup aussi et le soir de la finale, on a manqué de jus. Donc, ce n’est rien d’autre que la fatigue qui nous a embêtées. Le fait de rentrer tardivement la veille de la finale a aussi joué sur notre récupération. Le Mali croyait qu’il allait être en finale et a voulu jouer son match en premier temps pour mieux récupérer que nous. Nous, nous avions fini presque à 23 heures et cela a permis à l’Angola d’en tirer profit.

 

''Les filles pleuraient en chantant l’hymne national du Sénégal''

 

Mais qu’est-ce qui s'est réellement passé la nuit de la veille de la finale ; on vous reproche d'être restées debout jusqu’à 3 heures du matin pour des affaires de primes ?

 

Cette nuit-là, on a fini le match vers 22h 30 mn, Oumy Khaïry et moi sommes allées directement à la salle de contrôle antidopage et nous avons quitté le stadium vers 23h 15mn. Le temps qu’on arrive à l’hôtel et qu’on se douche, il était déjà minuit passé. Il n'y avait aucune fille debout à cette heure (3h du matin, Nldr). C’est de retour au Sénégal que j’ai entendu parler de cette ''fameuse nuit'' et qu’il y a eu des problèmes de primes. Ce soir-là, nous n’avions même pas touché un rond et nous n’avions pas non plus le temps de demander quoi que ce soit aux dirigeants, car nous étions toutes fatiguées.

 

Quelle a été l’ambiance le jour de la finale avant de rallier le stadium ?

 

L’ambiance était au beau-fixe. C’était l’atmosphère de tous les jours, sauf que ce jour-là, nous avions subitement ressenti le même poids qu'en 2007 à Dakar. Pour moi, c'est le reflet de notre match contre le Mali en 2007, à savoir la lourdeur des jambes qui s'est fait sentir à tous les niveaux offensifs comme défensifs. Lors de la finale, nous étions fatiguées et nous avions beau essayer ; nous étions revenues au score à un moment donné mais ça n'avait pas suffi. Nous devions avoir un autre élan pour finir le match, c'est ce qui nous a fait défaut.

 

''Le nouveau coach nous a rencontrées pour dresser sa feuille de route''

 

Qu’est-ce que cela vous a fait de manquer les Jeux olympiques à cause du refus par les dirigeants de votre participation au tournoi pré-olympique ?

 

C’était décevant parce que toute joueuse rêve de disputer les J.O. Les Jeux olympiques sont le summum pour tout athlète. Et le fait que la Fédération ou le ministère ait décidé de ne pas nous laisser participer au tournoi pré-olympique a été vraiment frustrant car on n’a pas tous les jours la chance de pouvoir disputer les Jeux olympiques. Il n’y a pas mille chances dans la carrière d’un sportif de faire les J.O. ; ils pouvaient nous laisser au moins participer pour goûter à ces Jeux.

 

La Fédération vient de nommer Moussa Touré à la tête de la sélection. Connaissez-vous cet homme qui va remplacer Tapha Gaye ?

 

Oui, je le connais très bien car j’ai fait l’Afrobasket de 2003 sous sa direction avec Micha, le coach yougoslave de l’époque. C’était ma première Coupe d’Afrique et je l’ai faite avec lui. Et puis, j’ai fait la Coupe du monde en Chine avec lui aussi et Ousseynou Ndiaga Diop.

 

Le nouveau coach vous a-t-il contactée ?

 

Oui, il a fait appel à toutes les filles qui sont présentes au Sénégal et aux joueuses locales dans une rencontre où il a dressé sa feuille de route. Il ne veut pas attendre le dernier moment pour appeler les filles et parler avec elles. C’est déjà quelque chose de motivant car il a pris les devants.

 

Que représente l’Afrobasket de 2013 pour vous ?

 

La der ; ce sera ma dernière campagne africaine. Je partirai à Abidjan (Côte d’Ivoire) rien que pour le titre Incha’Allah, pour terminer ma carrière en beauté.

 

MAMADOU LAMINE SANÉ

 

 

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