Publié le 25 Jul 2023 - 16:55
BLOCUS DOMICILE OUSMANE SONKO

Le dispositif des forces de sécurité à la cité Keur Gorgui levé

 

Après 57 jours d’’’assignation à résidence’’, Ousmane Sonko a vu les barrières installées autour de son domicile levées hier. Désormais, le maire de Ziguinchor est libre de ses mouvements.

 

Aussi surprenantes qu’elles ont été posées, elles ont été enlevées sans explication. Hier, les barrières autour du domicile d’Ousmane Sonko ont été levées. Plus de policiers, plus d’agents visibles à la cité Keur Gorgui. Depuis le 28 mai dernier, le maire de Ziguinchor était assigné à résidence, à la veille du verdict du procès l’opposant à l’ex-masseuse Adji Sarr.

Maintenu de force chez lui, Ousmane Sonko retrouve ainsi sa liberté de mouvement, à sept mois de la Présidentielle. Condamné à deux ans de prison ferme dans le cadre de ce procès, cette liberté reste tout de même précaire.

Entre le président de la République Macky Sall, lors de son discours de renoncement à une troisième candidature et le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, après l’affichage du verdict du procès pour viol opposant Ousmane Sonko et Adji Sarr, tous ont laissé entendre que toute décision de justice sera exécutée, peu importe le citoyen concerné. Ce qui laissait augurer d’une arrestation probable de l’opposant après sa condamnation. Facteur aggravant, il a été jugé par contumace. Une situation qui devrait rendre son interpellation obligatoire sur tout le territoire national.

Silence contre silence

Malgré cela, rien de tel n’est arrivé. Au contraire, l’étau s’est desserré autour du leader de Pastef/Les patriotes. Le tout sans explication. Si aucune justification administrative ou judiciaire n’avait été brandie pour acter le blocus autour de la maison de l’opposant, le même silence entoure la levée des barrières qui l’ont privé de toute activité publique autre que des sorties sur Internet.

Comme pour faire comprendre aux autorités qu’elles n’ont pas le monopole du silence, Ousmane Sonko n’a pas pipé mot sur le vent de liberté qui souffle chez lui. Seul son chef de protocole s’est laissé aller sur quelques mots, avec la bénédiction de son leader. ‘’C’est eux qui les avaient installées sans aucune base juridique et légale ; c’est eux qui les ont enlevées sans négociations et concertations. Le Président Ousmane Sonko m’a dit d’aviser le peuple que ce n’est pas la peine de venir chez lui. Parce que ceci est un non-événement. Ousmane Sonko estime que quand son moment de communiquer arrivera, il le fera, de même que pour les audiences’’, assure Djibril Guèye.

Le chef de protocole a tenu à rassurer que l’opposant est bien portant et qu’il est toujours à son domicile. Mais il en fallait plus pour décourager certains inconditionnels du leader de Pastef. Quelques jeunes ont fait le déplacement sur les lieux, afin d’exprimer leur soulagement suite à la levée du blocus. C’est le cas d’un vendeur de café-Touba qui, une fois la nouvelle diffusée, a quitté son lieu de travail à l’ancienne piste pour venir distribuer gratuitement quelques tasses aux curieux et autres riverains sur place.

Des jeunes venus constater la levée des barrières

Le tout, dans la gaieté : ‘’Je n’ai pas beaucoup à offrir, mais je peux au moins donner du café pour Sonko. Il porte tous nos espoirs. Il aurait pu faire comme tous les politiciens, dealer avec le pouvoir et nous laisser à nos problèmes. Mais il est resté aux côtés des jeunes. Je ferai tout pour lui.’’ À ses côtés, d’autres jeunes s’arrachent pratiquement une bouteille d’eau issue de la maison de l’opposant, telle une eau bénite. C’est du ‘’zam-zam’’ (eau bénite en provenance de La Mecque)  s’amuse même l’un d’entre eux.

Loin de cette petite agitation, d’autres saluent également cette évolution notée devant le domicile d’Ousmane Sonko. Parmi eux, le fondateur d’AfrikaJom Center qui voit en la levée du blocus une décision qui ‘’ça va dans le sens du bon sens et de la raison. Cela contribue à la désescalade, à l’apaisement, ça rassure et soulage sur un retour progressif de l’État de droit’’.

Alioune Tine incite même le président de la République à ‘’continuer à apaiser, à réconcilier et à restaurer la confiance’’. Ceci, en continuant à ‘’consolider les fondamentaux de la démocratie avec la libération de tous les détenus d’opinion et l’organisation d’une compétition électorale ouverte à tous les leaders politiques. Organiser au Sénégal la plus belle fête de l’élection présidentielle, un festival de propositions, de débats d’idées et de créativité, dessiner un Sénégal de paix, de bonheur et de prospérité’’.

Alioune Tine salue une décision dans le sens de ‘’la désescalade’’ et de ‘’l’apaisement’’

Cette levée des restrictions sur les déplacements du principal opposant intervient après la libération de deux figures importantes de son parti, la semaine dernière, Birame Soulèye Diop et El Hadj Malick Ndiaye. Assez pour croire à un dégel des relations heurtées entre le pouvoir et Pastef ? Si certains veulent y croire, c’est loin d’être le cas pour Ousseynou Ly, membre de la cellule communication de Pastef.

Faisant fi de la levée du blocus, ce dernier a rappelé sur les réseaux sociaux que ‘’plus de 700 autres de nos compatriotes sont détenus illégalement et injustement dans les geôles du régime de Macky Sall’’.

Lamine Diouf

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