Les habitants de Diamalaye comptent faire face

Dans la commune d'arrondissement de Yoff, les populations de Diamalaye sont confrontées au bradage du littoral. Depuis le régime du président Abdoulaye Wade, une bataille a éclaté entre des promoteurs et les habitants qui comptent préserver leur environnement et lutter pour leur bien-être. Aujourd'hui, ils ne leur restent qu’un seul espace, théâtre d’une activité sportive. Ils s’opposent notamment à Thierno Moulé Sow avec ses ‘’djinns et ses nervis’’.
À Diamalaye, les promoteurs immobiliers se sont accaparé des terres jusqu’à construire sur la plage se situant à côté de la Côte d’Azur, zone non aedificandi. Ici, les constructions en dur se multiplient. Aujourd'hui, le seul espace public qui reste aux populations de la localité est le terrain qui se trouve près de la gare des bus Tata. Cet espace est le théâtre d’une vivante activité sportive. Les jeunes du quartier et des localités environnantes s’y réunissent pour s’adonner à leur passion commune : le football.
‘’On a supprimé 12 terrains de football. Il ne nous reste que ça pour la pratique du sport. Mais on vient nous dire que tout ceci appartient à des privés qui doivent construire des maisons. Ce n’est pas sérieux. D’où est-ce qu’ils ont sorti leurs papiers pour pouvoir construire ? On ne va pas se laisser faire. On luttera jusqu’à la dernière goutte de sang. Il y va de notre vie et de l’avenir de nos enfants’’, déclare Marguerite Diouf qui s’est exprimée au nom du conseil de quartier. Elle habite dans ce quartier depuis 1987, date de naissance de son dernier-né. ‘’On voit des maisons pousser comme des champignons’’, fulmine la dame.
Les habitants renseignent que c’est le marabout Thierno Moulé Sow qui se dit propriétaire de ce terrain. Il y fait des pratiques mystiques pour les intimider, d'après les témoignages. Il aurait aussi recruté des nervis pour qu’ils affrontent les jeunes du quartier. ‘’Il croit qu’avec des violences physiques et en nous menaçant avec ses pratiques mystiques, on va faire machine arrière. C'est peine perdue. Nous n’avons pas peur de ses djinns. Nous allons faire face’’, déclare le jeune Babacar.
‘’Sonko en a parlé lors de la campagne électorale. Cela nous redonne du courage’’
Sur le plan environnemental, la mer avance souvent jusqu’au niveau de ce terrain. Pendant la saison des pluies, les eaux de ruissellement qui viennent depuis Nord-Foire passent par-là. La conjonction entre les précipitations et la montée du niveau de la mer crée un vaste plan d'eau. ‘’Tous ceux qui construisent en dur ici nous mettent en danger. Parce que l’eau ne va plus s'infiltrer’’, craint Marguerite Diouf.
Pour sa part, Sophie Diouf a été déférée par la gendarmerie à cause de son engagement. ‘’Depuis 2003, nous nous battons pour la conservation de ce site’’, se désole Sophie Diouf. ‘’Des huissiers sont venus pour saisir nos biens, arguant qu’il y aurait des individus propriétaires de ce site’’, ajoute-t-elle. Révélant que l’ancien président Abdoulaye Wade s’était déplacé jusque dans la zone pour faire le constat lui-même.
Avec ce régime, elle garde espoir. ‘’Sonko en a parlé lors de la campagne électorale et cela nous a redonné du courage aujourd'hui. Notre problème est que les promoteurs sont puissants. Et la gendarmerie se base sur les documents qu’ils fournissent. Mais ici, une personne bien constituée ne devrait pas penser à y construire. Au Sénégal, on crée du vrai à partir du faux. Ici, c’est une zone non aedificandi, domaine public maritime. Il y a des gens qui construisent, depuis vingt ans, sans finir les travaux. C’est parce qu'ils ne peuvent pas présenter des papiers valables’’, dénonce Sophie Diouf.
Depuis le début de cette histoire, beaucoup d’autorités ont été contactées, dont la mairie de Yoff qui a simplement permis aux populations de se débarrasser des épaves de voitures.
BABACAR SY SEYE