Publié le 25 Jun 2012 - 12:41
BURKINA-FASO

 Ismael Sankara, au nom du père

 

Élevé aux États-Unis dans le plus grand secret, le fils de Thomas Sankara, Ismael, vient d'enregistrer un album de hip-hop à Libreville. Rencontre avec un artiste engagé.

 

«Je veux être le nouveau visage de la famille. » Élevé aux États-Unis dans le plus grand secret, Ismael Sankara a encore du mal à prononcer le nom de son père, Thomas, mais il a commencé à écrire sa propre histoire. Sorti en mai, The Rhythm of My Life, un documentaire de vingt minutes, présente ce jeune rappeur américain d'origine burkinabè.

 

Parti visiter des proches à Libreville en 2010, il rencontre deux jeunes musiciens du pays, Mike Mef et Hokube, intéressés par son travail. Ils décident alors de produire le jeune artiste, qui enregistre fin 2011 quinze titres sous l'oeil de la caméra de Franck A. Onouviet et de Marc A. Tchicot (BVKFilms). L'artiste y aborde des sujets comme la jeunesse, la maternité, l'utilisation du préservatif... L'album T.R.O.M.LIFE doit sortir dans quelques semaines. En guise d'appetizer, « Real Africans », dont le clip a été tourné dans le quartier populaire d'Abobo, à Abidjan, est déjà disponible sur internet.

 

Le documentaire met en scène le rappeur dans un studio de répétition de Libreville et dans les décors naturels de la métropole. Long bermuda, tee-shirt des Miami Heat, casquette de baseball, diamant vissé à l'oreille droite, l'artiste arbore toute la panoplie du rappeur africain-américain. Un large sourire ponctue tous ses gestes et paroles. « Repliés sur eux-mêmes, les Américains ne savent pas ce qui se passe à l'extérieur, précise-t-il. Je veux leur faire découvrir l'Afrique. »

 

Nourri au hip-hop américain

Né le 1er avril 1987, Ismael Sankara a quitté le Burkina une semaine avant le coup de force du 15 octobre de la même année qui devait emporter son père. Pressentant sa fin, ce dernier avait décidé d'envoyer sa famille aux États-Unis. Ismael n'a que 6 mois lorsque son père est assassiné. Il grandira à Miami auprès d'une mère courage qui a vite tourné la page des événements pour se consacrer à l'éducation de ses enfants. Durant sa scolarité, il montre de l'engouement pour les sciences sociales, l'espagnol et la musique. « J'ai commencé à coucher des mots sur un papier à l'âge de 13 ans », explique-t-il. Nourri au hip-hop américain, Sankara est aussi influencé par la musique africaine, notamment celle de Pierre Claver Akendengué, de Manu Dibango ou, dans un tout autre style, de Papa Wemba. Il adore mixer les sons des deux continents. Il sort son premier single, Middle Finga, en 2006 et collabore ensuite avec Jadakiss, un rappeur new-yorkais.

 

En 2010, il retourne au Burkina pour faire la première partie du concert du ragga man jamaïcain Sean Paul. Il découvre alors la place que son père occupe dans le coeur et la mémoire des Africains. Invité à dîner par Blaise Compaoré, le rappeur s'y rend sans hésiter. « Ma mère ne nous a pas élevés dans la rancoeur », assure-t-il sans en dire davantage. Dans la foulée, il réalise un feat. (collaboration sur un morceau) avec la diva gabonaise Patience Dabany (la mère d'Ali Bongo Ondimba) sur l'album de la chanteuse. « Mon père disait toujours : la musique est ce qui nous définira dans l'avenir, assure le rappeur. On n'a pas besoin d'être politicien pour parler aux gens.»

 

 

Section: 
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024
PRÉSENTATION TAARU SÉNÉGAL : La première Symphonie d'Amadeus
PARTICIPATION DES USA À LA BIENNALE DE DAKAR : Mettre en lumière l’influence de la culture africaine sur l'art américain
MARIAM SELLY KANE - JOURNALISTE : Une voix pour les femmes et les enfants