Le cap présidentiel se précise

Hier, le président Bassirou Diomaye Faye a présidé un Conseil des ministres marqué par la volonté d’assainir les finances publiques, de réformer les mécanismes de financement de l’économie et d’encadrer plus strictement les interventions policières, après les drames de Rosso et de Cambérène.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a présidé, hier, la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Un conseil marqué par un appel fort à la discipline budgétaire.
En effet, le chef de l’État est revenu sur le vote de la loi de finances rectificative 2025 et le débat d’orientation budgétaire. Il s’est félicité du déroulement de cet exercice ‘’dans la sérénité et le respect des lois et règlements qui régissent le fonctionnement régulier des institutions de la République’’. Il a salué la qualité des débats, qui ont permis, selon lui, ‘’d’éclairer les citoyens sur la situation globale des finances publiques ainsi que les investissements et interventions sociales de l’État dans la mise en œuvre de l’Agenda national de transformation’’.
Le président a demandé au Premier ministre ‘’de poursuivre les efforts d’assainissement des finances publiques et de mettre l’accent sur l’investissement productif, l’apurement progressif de la dette intérieure et le développement du secteur privé’’, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres.
En outre, dans un contexte de redressement économique, le président de la République a insisté sur la nécessaire ‘’amélioration soutenue de l’environnement des affaires’’ et sur la cohérence des outils financiers de l’État.
Il a ainsi demandé aux ministres concernés de proposer, sous la supervision du Premier ministre, ‘’une stratégie de rationalisation opérationnelle des instruments de financement publics (la CDC, le Fonsis, le Fongip, la BNDE, la BHS, LBA, Fonamif, la Der/FJ…)’’. L’objectif est de ‘’consolider une économie endogène à partir de la mobilisation optimale des ressources nationales’’.
Face à ‘’l’incertitude et la volatilité des marchés financiers’’, le chef de l’État a appelé à ‘’compter d’abord sur nos propres forces’’ et à accélérer la mise en œuvre de la politique de souveraineté alimentaire, la maîtrise du secteur de l’énergie, l’industrialisation et la valorisation des ressources naturelles et des terroirs. Il a également invité le Premier ministre à ‘’veiller, dès à présent, à la bonne préparation, selon les priorités et programmes validés, du projet de loi de finances pour l’année 2026’’.
Le chef de l’État a réaffirmé sa volonté de bâtir une diplomatie économique efficace et souveraine. Il a félicité le Premier ministre pour ‘’le succès exceptionnel’’ de sa visite en Chine, tout en demandant ‘’le suivi diligent et la matérialisation rapide de tous les accords, engagements et projets conclus’’. Il a également instruit le gouvernement d’élaborer ‘’un document-cadre de coopération internationale et de partenariat’’ permettant une gestion plus cohérente de l’action extérieure et des PPP.
Par ailleurs, l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) Dakar-2026 a aussi occupé une place importante dans ce conseil. Le chef de l’État a demandé ‘’au ministre en charge des Sports d’accélérer [...] la mise en œuvre du programme national de construction d’infrastructures sportives’’, de finaliser la ‘’Charte du sport’’ et de relancer les chantiers inachevés.
Cambérène et Rosso : auditer la formation des forces de sécurité
Évoquant les récents drames de Cambérène et de Rosso ayant entraîné des pertes en vies humaines, le président Faye a rappelé que ‘’les forces de défense et de sécurité ont pour mission principale de garantir la sécurité des personnes et des biens, et de veiller à la préservation de l’ordre public’’. Il a insisté sur la nécessité d’une action sécuritaire respectueuse des droits fondamentaux. ‘’Cette mission doit néanmoins s’écarter de tout acte de torture et de traitement inhumain dégradant dont les populations pourraient être victimes’’.
Le Premier ministre, conformément aux instructions du président, a demandé aux ministres concernés de ‘’procéder à un audit à soumettre au plus tard le 30 novembre 2025 et à une revue totale de la formation des forces de défense et de sécurité, afin de concilier, pour tout type d’opération, la rigueur de la force publique aux exigences des droits et de la dignité des citoyens, dans la définition des règles d’engagement’’.
MAMADOU DIOP