Ouvrir la voie d’une indépendance des médias africains
L’association des journalistes camerounais au Sénégal a organisé, le 09 novembre dernier à Dakar, son tout premier forum de réflexion sur les enjeux de l’intégration et de la coopération de l’information en Afrique… Des délibérations, en vue de trouver les voies et moyens de restituer à la presse africaine son indépendance, viennent d’être rendues publiques.
C’est pour pallier la production systématique et constatée chez les médias africains, d’articles et de reportages sur le continent par des médias et agences d'information qui lui sont extérieurs que la CAMJOSEN (Association des journalistes camerounais du Sénégal) a organisé, en novembre dernier, le 1er Forum sur les enjeux de l’intégration et de la coopération de l’information en Afrique.
Après les débats, il a été communément admis que l’aporie à laquelle font face les médias africains prend de multiples facettes. Il s’agit du triple problème de l'indépendance de l'information, de la construction d'une véritable opinion publique et de la crédibilité d'une solide société civile africaine. Un phénomène qui est en train de prendre l'opinion plurielle et le développement endogène en otage.
Pour répondre au défi de son dépassement, la CAMJOSEN rapporte que 3 axes de réflexion sur les voies à suivre ont donc été dégagés. D’un point de vue professionnel, d’abord, il est nécessaire de mettre fin à la verticalité de l'information (Nord/Sud) ; de relancer ou créer un média africain à vocation continentale ; de développer des partenariats d'échanges entre les différentes entreprises de presse sur le continent ou encore de mettre en place des syndicats forts et crédibles.
Sur le plan économique et social, on recommande d’encourager le financement de l'entreprise de presse par l'accès aux marchés financiers et l'assistance bancaire, en vue d'éradiquer les politiques de subvention ou toute forme d'assistance politique susceptible d'altérer l'indépendance de l'information… Instaurer ou élargir les exonérations fiscales et douanières sur l'importation des intrants et du matériel des métiers de l'information, afin d'alléger les charges de l'entreprise de presse est également une recommandation de la CAMJOSEN.
Sur le plan politique, enfin, il est question de définir de véritables politiques de l'information axées sur la liberté d'expression, l'accès à l'information, la libéralisation du secteur, le suivi des cahiers de charges et de la formation et, notamment, de développer la médiation entre société civile, presse et pouvoirs publics.
En effet, cette rencontre inédite qui s'est tenue au siège dakarois de l’UNESCO avait pour vocation, non seulement de se pencher sur les enjeux de l'information, en termes de politiques nationales ou régionales quant à l'intensification de l'échange d'information sud/sud, mais aussi d’interroger la volonté politique des États africains de disposer de médias forts et de scruter les difficultés liées à la formation et à la professionnalisation des métiers de l'information.
Il s’agissait, ainsi, de chercher à trouver la parade pouvant sortir les médias africains des complexes, stéréotypes et, plus généralement, du marasme professionnel qui les gangrènent. Car, a rappelé la CAMJOSEN, les médias jouent un rôle primordial dans l'établissement de conditions propices à l'expression démocratique, via l’intégration des institutions publiques et des organes politiques au sein de l'opinion.
L'association des journalistes camerounais au Sénégal (CAMJOSEN) est une jeune communauté professionnelle apolitique regroupant des Camerounais sans distinction de sexe, de tribu ou de religion.
Sophiane Bengeloun