Le général Jean-Baptiste Tine à Ziguinchor
Le général de corps d’armée, Jean-Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, a procédé, hier, dans la capitale méridionale du pays, à l’installation des comités régional et départemental pour parachever l’œuvre de la territorialisation de la lutte contre la migration irrégulière au Sénégal.
Après Thiès et Saint-Louis, les comités régional et départemental de lutte contre l’émigration irrégulière ont été installés, hier, à Ziguinchor, par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Jean-Baptiste Tine, en présence des autorités administratives, militaires, politiques, religieuses et coutumières, mais également des responsables de la société civile et des populations de la région. Une communication suivie de quelques interventions a rythmé la cérémonie à l’occasion de laquelle le ministre a indiqué que la migration, en tant que phénomène global et complexe, représente un défi majeur pour les États, non seulement en raison des dynamiques démographiques et économiques qu’elle engendre, mais aussi à cause de ses répercussions sur la sécurité humaine et nationale.
‘’Dans le contexte africain et particulièrement en Afrique de l’Ouest, la migration prend une dimension particulière. Le Sénégal, en tant que pays de départ, de transit et de destination, se trouve au carrefour de ces dynamiques migratoires, avec des impacts significatifs tant pour les migrants eux-mêmes que pour les politiques’’, a-t-il souligné.
Selon lui, la migration irrégulière, devenue une préoccupation nationale, voire internationale, prend de plus en plus des dimensions inquiétantes avec son lot de malheurs, notamment de nombreuses pertes en vies humaines.
C’est pourquoi, relève-t-il, le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (Cilmi) a été institué afin d’endiguer le phénomène. Placé sous sa tutelle et sa supervision, ajoute-t-il, ce comité est l’organe institutionnel chargé de la coordination de toutes les actions des services et des structures intervenant dans la lutte contre ce fléau.
De janvier 2024 au 31 octobre 2024, 64 embarcations sont parties des côtes sénégalaises
À ce titre, poursuit le général Tine, le comité a procédé à l’élaboration de la stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, assortie d’un plan d’action opérationnel. Profitant de l’occasion, il a renseigné que des données statistiques centralisées par le comité sur la migration irrégulière, de janvier 2024 au 31 octobre 2024, font état de 502 embarcations, dont 64 à partir des côtes sénégalaises, arrivées aux îles Canaries avec 34 162 migrants à bord, non sans souligner que le Cilmi dispose de démembrements au niveau régional et départemental.
‘’En procédant à la mise en place des comités régionaux et départementaux de lutte contre l’émigration irrégulière, le comité entend ainsi parachever l’œuvre de la territorialisation de la lutte contre ce fléau au Sénégal’’, a fait savoir le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
Pour lui, la structuration de ces comités épouse parfaitement les spécificités et la diversité au niveau de ces territoires et communautés de base.
Ainsi, les acteurs territoriaux sont en avant-garde de la lutte, puisqu’ils regroupent en leur sein toutes les composantes de la société et sont en relation avec les services techniques et les partenaires de l’État.
‘’Ces comités, qui sont des démembrements du Secrétariat permanent du Cilmi, veillent à appliquer, sur toute l’étendue du territoire national, les directives adoptées par le comité en participant à la prévention et à la sensibilisation sur les méfaits de la migration irrégulière, à l’élaboration, à la vulgarisation et à la mise en œuvre des projets et programmes dans le cadre de la lutte contre ce phénomène’’, a indiqué le ministre.
Ziguinchor, un point stratégique pour les mouvements migratoires
Pour lui, la région de Ziguinchor, située dans le sud du Sénégal, est à la croisée des chemins. Son emplacement géographique, proche des côtes de l’Atlantique et frontalier avec la Gambie et la Guinée-Bissau, en fait un point stratégique pour les mouvements migratoires. Cette particularité géostratégique, relève-t-il, pose à la fois des défis et des opportunités dans la lutte contre l’émigration irrégulière, dans cette région perçue comme un point de départ pour de nombreux migrants cherchant à atteindre l’Europe.
À l’en croire, des réseaux de passeurs exploitent les vulnérabilités économiques et sociales des populations locales, alimentant ainsi le phénomène.
Selon Jean-Baptiste Tine, le dispositif ainsi mis en place, qui regroupe des représentants des autorités locales, des acteurs de la société civile et des experts, va permettre d’agir de manière coordonnée et efficace. Ce dispositif, fait-il savoir, a pour mission de mettre en œuvre des stratégies adaptées aux spécificités de la région, prenant en compte des facteurs socioéconomiques et politico-culturels.
Lançant un appel à tous pour que ces comités soient un lieu de convergence d’idées en vue de réduire drastiquement le phénomène de la migration irrégulière, il a souligné que l’expertise, l’engagement et le dévouement de tous sont essentiels pour mener à bien cette mission. Convaincu que les raisons de cette migration irrégulière sont aussi d’ordre économique, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a demandé aux acteurs de vulgariser, au maximum, l’Agenda national de transformation ainsi que la Vision Sénégal 2050 qui vont offrir des opportunités à la jeunesse en lui permettant de déployer ses talents dans notre pays.
De la même façon, conclut-il, sur le plan de la sécurité, la mise en œuvre de la doctrine nationale de police de proximité devrait permettre, grâce à une administration plus proche encore des populations et plus agile, plus entreprenante, de faire évoluer les choses dans la bonne direction.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)