Publié le 29 Oct 2024 - 17:10
CAMPAGNE : VIOLENCES POLITIQUES NOTÉES À DAKAR, DIMANCHE

Sàmm Sa Kàddu et Pastef se renvoient la balle

 

La première journée de la campagne pour les élections législatives est marquée par des tensions entre les coalitions Sàmm Sa Kàddu et Pastef, dans le département de Dakar. Les deux têtes de liste, Barthélemy Dias et Abass Fall, se renvoient les responsabilités. Chacun se victimise et accuse l’autre. Après avoir demandé à ses partisans d’apporter des "armes" pour riposter, Abass Fall a regretté ses propos et a présenté ses excuses aux Sénégalais, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

 

La campagne pour les élections législatives a débuté, ce dimanche, sur l'étendue du territoire national. Cependant, à Dakar, elle est marquée par des mouvements d’humeur entre les grandes  coalitions Sàmm Sa Kàddu et  Pastef, dirigées respectivement par le maire de Dakar Barthélemy Dias et son ancien premier adjoint Abass Fall. Barth et ses compagnons accusent la tête de liste du Pastef et ses hommes d’avoir attaqué  leur siège sis à Sacré-Cœur.

"Des menaces de la tête de liste de Dakar ont abouti à l’attaque criminelle de notre siège sis à Sacré-Cœur et d’un de nos convois à la fin du meeting d’ouverture. Cet acte criminel, qui fait suite aux menaces exprimées par Abass Fall, ne doit pas rester impuni", a dénoncé la coalition Sàmm Sa Kàddu dans un communiqué rendu public.

De leur côté, Abass Fall et Pastef accusent les partisans du maire de Dakar d’avoir perpétré une agression d'une brutalité  rare contre des membres de leur  caravane. "À hauteur de l'intersection de la boulangerie jaune située à Sacré-Cœur, des partisans supposés de Barthélemy Toye Dias, maire de Dakar et tête de liste de la coalition Sàmm Sa Kàddu, ont, une nouvelle fois, perpétré une agression d'une brutalité inouïe contre des membres de notre caravane. Cette attaque a fait de nombreux blessés, parmi lesquels sept, qui ont dû recevoir des soins urgents prodigués par notre équipe médicale",  ont-ils expliqué.

D’après Sàmm Sa Kàddu vers 4 h du matin, un groupe d'individus armés de coupe-coupe, d’armes à feu et de cocktails Molotov a tenté de s’introduire dans leur siège, causant des dégâts matériels importants. "Ces assaillants ont saccagé plusieurs véhicules et brisé toutes les vitres, tandis que l'incendie qu’ils ont déclenché a détruit des équipements et des biens d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de francs CFA. L’intervention rapide des sapeurs-pompiers a permis de circonscrire l’incendie et d’éviter le pire. Fort heureusement, aucun blessé n'est à déplorer", ont-ils déclaré.

D’ailleurs, le président de Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar Sall, a annoncé une plainte contre les acteurs de ces actes qui ont été filmés par une vidéosurveillance. Pour leur part, Abass Fall et ses compagnons affirment que lors de l’agression perpétrée par les partisans de Barth, "plusieurs femmes de leur camp ont été dépouillées de leurs biens personnels, notamment de leurs smartphones, bijoux et sommes d'argent. Après des recoupements et de nombreux témoignages, il semble que les assaillants appartiennent à un groupe tristement connu, agissant sous la protection de Barthélemy Dias".

Dans le même sillage, les deux coalitions ont appelé les autorités compétentes à prendre toutes les mesures nécessaires en vue de situer et de poursuivre les acteurs de ces actes "graves".  

Après les propos "incendiaires", appelant les militants à "s'armer de couteaux et de machettes" pour apporter la riposte aux agressions dont ils ont été victimes, la tête de liste départementale du Pastef Dakar, Abass Fall, a présenté ses excuses dans une vidéo publiée sur les sites Internet. "Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un homme violent. C'est le cœur qui a parlé. Je regrette mes propos pour mes sympathisants et pour ceux qui m'aiment. C’est pourquoi je lance un appel au ministre de l’Intérieur. Quelques jours avant le début de la campagne, il avait publié un arrêté interdisant le port d'armes, alors qu'hier, des individus ont sorti des armes pour tirer sur ma caravane", a-t-il déclaré.

Pastef d’Ousmane Sonko- Barthélemy Dias

Des querelles entre Sàmm Sa Kàddu et Pastef étaient inévitables. Car  les bisbilles entre Barthélemy Dias et le Pastef d’Ousmane Sonko ne datent pas d’aujourd’hui. Les événements les plus récents se sont passés au lendemain de l’arrestation du président du mouvement Gueum Sa Bopp.

 En effet, à quelques jours du démarrage de la campagne pour les Législatives, un acteur phare de cette coalition de l’opposition, Bougane Guèye Dany, a été arrêté à Bakel. Une arrestation que Sàmm Sa Kàddu a jugé musclée et scandaleuse. "Nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette atteinte grave aux libertés individuelles et collectives, en particulier celle de circuler librement sur l’ensemble du territoire sénégalais. Nous exigeons la libération immédiate et sans condition de Bougane Guèye Dany", ont écrit Barth et compagnons. Par la même occasion, Sàmm Sa Kàddu avait alerté l'opinion nationale et internationale sur "la multiplication des violations  des libertés fondamentales par un régime qui instrumentalise les pouvoirs régaliens de l’État pour régler des comptes politiques, au mépris des principes démocratiques".

En effet, on peut dire que c’est la participation de Taxawu Sénégal au Dialogue national organisé par l’ancien président Macky Sall en mai 2023, qui était à l’origine des querelles entre Pastef et Barthélemy Dias. Ousmane Sonko et ses partisans ont accusé Taxawu Sénégal de "collusion" avec la mouvance présidentielle, de "forfaiture" et "de trahison".

Bras droit de Khalifa Sall et maire de la ville de Dakar, Barthélemy Dias a réagi  en dénonçant "une volonté manifeste de diaboliser" sa formation politique. D’ailleurs, ce sont ces bisbilles qui ont entraîné la rupture de la coalition Yewwi Askan Wi, fondée en 2021, à quelques mois des élections municipales.

VIOLENCES ÉLECTORALES

L’appel de Saxxal Jamm à Jean-Baptiste Tine

‘’La société civile, réunie autour du consortium Saxxal Jamm, exprime son inquiétude face au regain de violences notées en ce début de campagne électorale, qui risque de compromettre l’organisation d’un scrutin transparent et apaisé. Le consortium Saxxal Jamm condamne les incidents survenus ce week-end entre militants des différentes formations politiques.

Le consortium Saxxal Jamm rappelle aux parties prenantes que les libertés d’opinion et d’expression constituent les fondements de la démocratie. Sous ce rapport, il réitère son appel à la libération des acteurs politiques en détention afin d’apaiser les tensions. Le consortium Saxxal Jamm appelle les acteurs politiques à prioriser les débats d’idées relatifs aux questions d’intérêt national en vue de permettre aux citoyens de faire un choix éclairé concernant la prochaine législature.

Le consortium Saxxal Jamm exhorte l’ensemble des acteurs à adopter un comportement responsable, nécessaire au maintien de la paix sociale et de la stabilité politique.

Enfin, le consortium Saxxal Jamm invite le ministre de l’Intérieur à prendre toutes les dispositions nécessaires pour prévenir la violence de quelque bord qu’elle vienne et à garantir un bon déroulement de la campagne électorale et du scrutin.

Fait à Dakar, le 28 octobre 2024

Ont signé

1) COSCE

2) ONG 3D

3) Grades

4) PACTE

5) Réseau Siggil Jigeen

6) Ligue sénégalaise des Droits de l’homme (LSDH)

7) ONDH

8) Ajed

9) Urac

10) Afex

11) Raddho

12) Osidea

13) Cerag

14) Handicap Form Educ

15) Présence chrétienne

 

 

 

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