L'Algérie, le Cameroun, le Ghana, le Mali et la Tunisie. Pas moins de cinq équipes pourraient jouer les trouble-fêtes à la réjouissance des grands favoris de cette Can que sont le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Maroc et Égypte.

Les favoris ne gagnent pas toujours un tournoi. En 2012, personne ne pouvait prévoir le hold-up de la Zambie devant la Côte d’Ivoire de Didier Drogba. Plus récemment en 2017, qui aurait mis une pièce sur une victoire du Cameroun face à l’Égypte de Mohamed Salah ou le Sénégal de Sadio Mané ? Tout ça pour dire que des formations sur lesquelles on ne comptait pas forcément, des outsiders, réussissent des fois l'exploit de voler la vedette aux meilleures équipes du moment.

Pour cette Can qui démarre cette après-midi, l'Algérie, le Cameroun, le Ghana, le Mali et la Tunisie entrent dans ce cadre-là et pourraient titiller les grands favoris que sont le Sénégal, tenant du titre, la Côte d’Ivoire, pays hôte, le Maroc, demi-finaliste du Mondial 2022, et l’Égypte, vice-championne.

Mali : l'argument du milieu

Comme chaque année, les Aigles du Mali figurent parmi les outsiders, même si cette année ils semblent plus forts que lors de l'édition précédente. Avec Mohamed Camara, Amadou Haidara et bien évidemment Yves Bissouma, c'est au milieu de terrain que se trouve curieusement la force de la formation malienne. Ces trois qui évoluent respectivement à l'AS Monaco, au RB Leipzig et à Tottenham où ils sont indéboulonnables, peuvent donner du fil à retordre à n'importe quelle équipe. L'entraîneur Eric Sékou Chelle peut compter sur ce puissant trio afin d'aller chercher cette première étoile tant attendue par tout un peuple.

Mais, si le Mali est bien nanti dans ce secteur du jeu, en attaque, il manque néanmoins ce joueur capable de décanter les situations quand les buts de l'adversaire sont fermés à double tour.

En gros, il faudra compter avec les Aigles qui sont capables de survoler la poule E devant la Tunisie, l’Afrique du Sud et la Namibie. Mais attention à ne pas laisser des plumes lors du duel entre Aigles face à l’équipe tunisienne.

Ghana : les frères Ayew, Williams et Kudus en fer de lance

En plus des frères Jordan et André Ayew, le Ghana pourra aussi compter sur Mohamed Kudus de West Ham et Inaki Williams de l’Athletic Bilbao, récemment naturalisé ghanéen. En plus de la richesse de l'effectif en attaque, notamment, en dehors de l'Égypte et du Cameroun, le Ghana est tout simplement la troisième nation la plus titrée, du haut de ses quatre trophées (1963, 1965, 1978 et 1982).

Malgré une finale perdue en 2015 face à la Côte d'Ivoire justement, l'épopée des Black Stars semble lointaine. Après 42 ans d’attente, les hommes de Chris Hughton ont soif de victoire pour retrouver leur statut de grand d’Afrique, en décrochant une cinquième étoile. Toutefois, le souci des Blacks Stars, c'est qu'en dehors du quatuor susnommé, il n’y a pas mal d'inconnus au bataillon. Sans oublier que l'équipe ghanéenne pourrait souffrir de l'absence de l'un de ses cadres, en l'occurrence Thomas Partey, blessé.

De plus, les Ghanéens auront fort à faire avec les Égyptiens, qui sont considérés comme favoris de la poule B où l’on retrouve également le Cap-Vert et le Mozambique.

Algérie : le favori des outsiders

Si on se fie à la pléthore de talents côté algérien, il est difficile de ne pas mettre d'office les Fennecs parmi les favoris de cette Can. Avec Riyad Mahrez, Sofiane Feghouli, Houssem Aouar ou encore Youcef Attal, l’Algérie est un outsider plus que sérieux à la victoire finale. Aussi, mine de rien, nous avons là l'avant-dernier vainqueur de la Coupe d'Afrique des nations, c'était il y a juste quatre ans.

L’Algérie pourra compter sur l'expertise tactique de son entraîneur. Nonobstant un décevant parcours au Cameroun, Belmadi réussit plutôt bien face aux grosses écuries comme le Sénégal. Lors des matchs à élimination directe, cette ascendance psychologique pourrait faire la différence.

Mais l'Algérie a une certaine faiblesse : c'est cette Mahrez-dépendance. Il suffit que l'ancien de City ne soit pas dans un grand jour ou qu'il soit bien surveillé par la défense adversaire, pour que les Fennecs aient tout le mal du monde à trouver la faille.

Cameroun : Aboubakar, un forfait qui fait mal

André Onana comme gardien, Zambo Anguissa fer de lance du milieu, le Cameroun, sans vrai “grantatakan” devant, ne manque pas d’arguments à faire valoir. Car, on dit souvent que pour remporter un tournoi de football, il faut un grand gardien et un serial buteur. Côté portier, les Lions indomptables ont sans doute ce qui se fait de mieux dans le continent depuis plus d'un an maintenant, avec le dernier rempart de Manchester United. Avec Vincent Aboubakar blessé et forfait pour la compétition, la force camerounaise qui a toujours était en attaque (Roger Milla, Patrick Mboma, Samuel Eto'o) semble prendre un sacré coup. 

Blessé à l'entraînement hier, le Cameroun devra faire sans son buteur fétiche Vincent Aboubakar. C'est d'autant plus cruel pour les Lions indomptables que Choupo-Moting n'a pas été convoqué.

Tunisie : tout sur le collectif

Dans cette équipe tunisienne, aucune star ne se détache vraiment. Nous sommes loin des Sadio Mané pour le Sénégal ou Mohamed Salah avec l'Égypte. Justement, la force des Aigles de Carthage se trouve dans un collectif fort.

Ainsi, Msakni et ses coéquipiers bénéficient d'une assise défensive puissante, la meilleure des éliminatoires de la Can avec un seul but encaissé en six matchs. Parfois, il leur suffit d’en mettre un petit but pour remporter la partie, car derrière, les hommes de Jalel Kadri savent comment garder leurs cages inviolées.

Cependant, les Tunisiens devront s'atteler à franchir un nouveau cap dans cette compétition phare du football africain, car depuis 2004, date de leur premier et dernier sacre, les Maghrébins peinent à s'imposer. Et en Côte d'Ivoire, il faudra faire sans Wahbi Khazri, qui n'a pas été retenu parmi les 27 joueurs.

MAMADOU DIOP