Publié le 20 Nov 2023 - 17:09
CANDIDAT DE L’EX-PARTI PASTEF POUR LA PRÉSIDENTIELLE DE 2024

Le Plan Bassirou Diomaye Faye : coup de maitre ou tentative de leurre politique 

 

L'ex-Parti africain du Sénégal pour le travail l’éthique et la fraternité (Pastef) dissous a désigné comme candidat pour la Présidentielle en février 2024 Bassirou Diomaye Faye. Le secrétaire général du parti, aujourd’hui détenu et poursuivi pour ‘’actes de nature à compromettre la paix publique’’, ‘’outrage à magistrat’’ et ‘’diffamation à l'encontre d'un corps constitué’’, a désormais moins de trois semaines pour réunir les 44 559 parrainages de citoyens, afin de participer au scrutin présidentiel de 2024. 

 

Effet d’annonce ! Pastef a annoncé, hier, la prise de parole d’Ousmane Sonko dans l’après-midi, obtenant ainsi l’attention de tout le pays. Le premier a tombé dans le panneau a été le ministère de la Justice qui, dans la foulée de cette annonce, a publié un communiqué, par le truchement de l’administration pénitentiaire, pour menacer de ses foudres tous ceux qui se rendraient complices d’un tel fait. Après avoir rappelé qu’un détenu n’a pas le droit de communiquer avec l’extérieur de façon directe comme indirecte, elle a prévenu : ‘’ Si des complicités à un quelconque niveau devaient être détectées dans l’utilisation d’un moyen extérieur de communication, les sanctions idoines seraient prises contre leurs auteurs, les complices et le détenu’’.  

Ainsi, à la place de Sonko, ce sont les quatre candidats déclarés de Pastef , Birame Souleye Diop, Guy Marius Sagna, Abass Fall et El Malick Ndiaye qui ont pris la parole pour annoncer un plan B pour la Présidentielle.

En effet, la realpolitik a, semble-t-il, eu raison des vœux et espérances des ex-pastefiens concernant une possible candidature d’Ousmane Sonko pour la Présidentielle de 2024.  La direction du parti, qui n’indiquait n’avoir pas de plan B ou Z en remplacement d’Ousmane Sonko emprisonné pour atteinte à la sureté de l’État, appel à l’insurrection et le terrorisme, a été rattrapé par la dure réalité politique. La décision de la Cour suprême de renvoyer le dossier d’une possible réintégration de Sonko sur les listes électorales a accéléré ce processus de quête d’une alternative. 

Ainsi, ils ont indiqué hier vouloir déclencher la ‘’phase 2 de (leur) plan’’, en parrainant le n°2 et secrétaire général du parti Bassirou Diomaye Fall.

La mèche a été vendue par un cadre de l’ex-parti. Moussa Balla Fofana, membre du cabinet de Sonko, avait annoncé dans l’émission ‘’Grand Jury’’ hier sur la Rfm, qu’Ousmane Sonko prendra ‘’ses responsabilités’’ et que ‘’le plan a été toujours de gagner les élections à travers un projet que nous présenterons au peuple sénégalais’’, a-t-il soutenu.

Dans cette dynamique, les quatre responsables de l’ex-Pastef ont indiqué, en concertation, le lancement d’une opération collecte de parrainages en faveur de Bassirou Diomaye Faye, incarcéré pour ‘’actes de nature à compromettre à la paix publique’’, ‘’outrage à magistrat’’ et ‘’diffamation à l'encontre d'un corps constitué’’, à compter de ce lundi 20 novembre 2023.

Cette course contre la montre, qui doit durer trois semaines, avant le début des dépôts des parrainages prévu le 11 décembre 2023, n’effraie pas les patriotes. Car, disent-ils, ‘’faire parrainer le candidat Bassirou Diomaye Faye, c’est faire échec à la stratégie de pourrissement du régime de lancer une des multiples cartes de (leur) projet’’.

Birame Souleymane Diop et Cie espèrent ainsi parvenir à un parrainage citoyen massif pour leur candidat. ‘’Nous le voulons comme la meilleure réponse à la volonté du régime de confisquer les droits, le parrainage et la candidature du Président Ousmane Sonko par de basses manœuvres. Nous le voulons comme une vraie déferlante patriotique autour du projet’’, a indiqué Birame Soulèye Diop, porte-parole du jour.

Ainsi, dit-il : ‘’ À la volonté du régime, opposons la volonté du peuple ! Ce parrainage doit être exceptionnel à tous points de vue, sur le plan quantitatif comme qualitatif. C'est pourquoi nous sollicitons le sens du sacrifice de chacun d'entre vous, le don de soi pour la patrie. Allez massivement à la rencontre de nos collecteurs et parrainez le candidat Bassirou Diomaye Faye, car cela revient à parrainer le président Ousmane Sonko, ce qui est le souhait de millions d'entre vous’’.

Les Pastéfiens indiquent clairement avoir abattu une nouvelle carte. "Le régime s'amuse avec ses stratégies, tandis que nous nous renforçons dans les nôtres. Quoi qu'il en soit, nous serons victorieux, car le peuple est de notre côté et le peuple ne perd jamais", déclare Birame Soulèye. Qui ne désespère pas de voir Sonko revenir dans le jeu politique.

‘’Au moment où nous nous adressons à vous, a-t-il, ajouté, la candidature du Président Ousmane Sonko n'est toujours pas écartée, malgré toute l'armada juridico-administrative mise en place par le régime de Macky Sall. Ses excellents avocats poseront tous les actes nécessaires à tous les niveaux juridictionnels les heures et jours à venir.’’  

Un boulet judiciaire comme principal handicap

Néanmoins, ce choix peut être risqué pour l’ex-parti Pastef. En effet, le 16 novembre dernier, la Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Dakar, qui statuait sur le cas de Bassirou Diomaye Faye, a refusé d’ordonner une liberté provisoire. L’inspecteur des impôts et des domaines a été inculpé et placé sous mandat de dépôt le 18 avril dernier.  Le responsable de l’ex-parti Pastef n’a pas encore eu de procès et est toujours maintenu en détention préventive.  

De ce fait, le parti prend le risque d’une candidature biaisée avec un Bassirou Diomaye Faye qui risque d’être maintenu en prison, l’empêchant de pouvoir battre campagne. Le réquisitoire supplétif du parquet demandant au doyen des juges de prendre ordonnance de jonction des procédures à l’encontre de Diomaye Faye, désormais accusé des mêmes chefs que son leader Ousmane Sonko, pourrait prolonger sa détention.

D’après nos sources, cette candidature du chef des cadres de l’ex-parti Pastef apparaît comme une manœuvre pour faire bouger l’État sur ce dossier. Une méthode visant surtout l’État à faire un choix cornélien. En effet, si l’État décide de corser son dossier judiciaire pour l’empêcher d’être candidat, elle pourra renforcer le narratif de Pastef concernant l’acharnement contre l’ex-parti de Sonko. Par contre, s’il venait à être validé par le Conseil constitutionnel, cette candidature pourrait se révéler dangereuse pour le pouvoir. Le parti gardant toujours en option la possibilité de parrainer à travers ses députés deux autres candidats de l’ex-Pastef, afin de multiplier leurs chances d’être présents en février 2024.

Profil de Bassirou Diomaye Faye, Monsieur n°2

Le président des cadres de l’ex-parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye, secrétaire général et n°2 du parti, apparaît comme le successeur naturel d’Ousmane Sonko. Cet inspecteur des impôts et des domaines est connu pour son calme et sa rigueur dans les dossiers. Il est investi au sein de l’ex-Pastef, depuis ses débuts. Bassirou Diomaye Faye, emprisonné depuis avril, est désormais marqué du sceau du martyr.

Cet homme politique originaire de Ndiagagnao peut bénéficier du soutien de l’appareil du parti. Sa jeunesse (la quarantaine) pourrait constituer un atout pour séduire la jeunesse. L’inspecteur affirme que son entrée en politique est une surprise. ‘’Il ne me traversait pas l’esprit de faire de la politique’’, a-t-il affirmé. Très proche d’Ousmane Sonko qu’il a côtoyé au sein du syndicat des impôts et des domaines, il pourra rapidement être adoubé par les cercles proches du maire de Ziguinchor qui verraient en lui un continuateur du combat de leur leader.

Bassirou Diomaye Faye trouve que combattre l’injustice est un sacerdoce, d’où son intransigeance à maintenir le cap des réformes que voulait initier Ousmane Sonko.

Toutefois, sa défaite lors des élections locales à Ndiagagnao a fait tache sur sa légitimité politique et sa capacité à mobiliser autour de son nom. Ce débatteur hors pair doit d’abord se départir de l’affaire judiciaire qui le maintient en détention, depuis avril dernier.

En outre, la déstructuration des entités de l’ex-parti Pastef pourrait aussi constituer un handicap pour la candidature de cet ancien pensionnaire du lycée Demba Diop de Mbour. Son image de technocrate pourrait aussi constituer un handicap dans une élection présidentielle où la personnalité du candidat est primordiale, afin de mobiliser l’électorat.

MAMADOU MAKHFOUSE NGOM ET BABACAR SY SEYE

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