Les chefs d'État envoient des forces militaires au Mali et en Guinée-Bissau
Réunis à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à l’occasion d’un sommet extraordinaire jeudi 26 avril, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) ont décidé d’envoyer des troupes au Mali et en Guinée-Bissau, suite aux coups d’État dans ces deux pays. L’objectif de ces forces régionales sera avant tout de sécuriser les processus de transition.
Des forces militaires de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) seront envoyées au Mali et en Guinée Bissau. C’est la décision qu’ont pris les chefs d’État de l’instance régionale jeudi 26 avril, à l’issue d’un sommet extraordinaire à Abidjan.
Au Mali, un déploiement « immédiat » de militaires vise à « sécuriser les organes de la transition et le gouvernement intérimaire », suite à la formation d’un gouvernement de transition, un mois après le putsch militaire du 22 mars.
L’objectif est de « parer à toute éventualité dans l'hypothèse de l'usage de la force pour le recouvrement de l'intégrité territoriale du Mali » selon les mots du président de la Commission de la Cedeao, Désiré Kadré Ouédraogo. Pour autant, la force armée n’aura pas comme fonction d’aller combattre la rébellion du Nord-Mali, qui a déclaré l’indépendance de la région suite au coup d’État militaire à Bamako.
Le président a indiqué que la Commission « attend les négociations d'abord » et que le premier contingent veillera à sécuriser la transition, dont les modalités ont été décidées dans un accord-cadre entre la junte militaire et la Cedeao. Il n'a cependant pas exclu « que des unités combattantes soient envoyées plus tard », dans le cas où les discussions avec la rébellion touarègue et les groupes islamistes qui ont pris le pouvoir dans le nord du pays échouaient.
Plus de 500 hommes en Guinée-Bissau
Quant au nouveau gouvernement, son mandat n’exercera pas 12 mois, et devra se clore par des élections présidentielle et législatives. Une nouvelle fois, les dirigeants de la Cedeao ont appelé les membres de la junte à « retourner dans les casernes », mettant en garde « contre toute action arbitraire et unilatérale », passible de « sanctions individuelles ciblées ».
Du côté de la Guinée-Bissau, pays abonné aux coups d'État et devenu une plaque tournante du trafic de drogue entre Amérique latine et Europe, les chefs d’État de la région ont pris la décision de « déployer avec effet immédiat un contingent » suite au putsch du 12 avril. « Cinq cents à six cents hommes » seront envoyés, en provenance d’au moins quatre pays (Nigeria, Togo, Côte d'Ivoire et Sénégal). Pour ces militaires, l’objectif sera de permettre le retrait de la mission militaire angolaise, composée de quelque 650 hommes et présente depuis 2011 mais aussi d’ « assister la sécurisation du processus de transition ». Le processus doit également durer 12 mois et finir par des élections, selon la Cedeao.
Les États d’Afrique de l’Ouest ont en outre menacé la Guinée-Bissau de sanctions diplomatiques et économiques et des « sanctions ciblées » sur les membres de la junte, si ceux-ci n’allaient pas dans le sens d’une « restauration immédiate de l'ordre constitutionnel ». Les putschistes ont 72 heures pour réagir faute de quoi, outre les sanctions, ils pourraient être poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI).
« Notre réaction ferme et l'engagement de nos alliés sont plus que jamais vitaux pour que notre sous-région ne bascule dans le terrorisme et la criminalité transnationale », avait averti le président ivoirien Alassane Ouattara à l'ouverture.