Publié le 18 Apr 2016 - 14:39
CEREMONIE DE CLÔTURE DES JMC

Le Sénégal remporte le ‘’Tanit d’or’’ 

 

‘’Sahad and the Nataal Patchwork’’ fait scintiller la musique sénégalaise sur la scène internationale en remportant le ‘’Tanit d’or’’ de la 3e édition des journées musicales de Carthage. Ce groupe était en compétition avec onze autres venus du Maroc, du Bénin, de la Tunisie pays organisateur. Les résultats sont tombés samedi soir au Palais des Congrès de Tunis.

 

Clap de fin pour la troisième édition des Journées musicales de Carthage (JMC). La cérémonie de clôture a vécu samedi soir au Palais des Congrès de Tunis. Et l’unique groupe sénégalais prenant part à la compétition officielle de cette rencontre annuelle a gagné le grand prix de cet évènement. ‘’Sahad and The Nataal Patchwork’’ a remporté le Tanit d’or remis par le ministre tunisien de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine Sonia M’bark. Le trophée est accompagné d’une enveloppe de 20 mille dinars tunisiens, soit un peu plus de 6 millions F Cfa. Après leur belle et brillante prestation mercredi soir, ce n’était pas seulement le public qui était charmé. Le jury était, lui aussi, littéralement tombé amoureux de leurs mélodies.

‘’Avec le groupe du Sénégal, dès la première note de la première mesure, c’était le coup de foudre et l’amour avec un grand A. Pendant tout le spectacle, c’était comme ça et c’était bien’’, apprécie le président du jury de la compétition officielle des JMC, le Tunisien Adnane Chaouchi. Admiratif de ces jeunes, il ajoute : ‘’Leur spectacle était ponctué. C’était vraiment un vrai délice de notes et de sons formidables’’. Ce sont des artistes aux talents avérés. Pourtant, le ministère sénégalais de la Culture et de la Communication ne les soutient pas. Ce que regrette le lead vocal du groupe, Sahad Sarr. Lui et ses musiciens sont contents mais seraient peut-être comblés si leur tutelle les avait accompagnés à Tunis. ‘’On gagne des prix sur l’international alors qu’on ne bénéficie d’aucun soutien ou même d’une once de reconnaissance de notre ministère de la Culture. C’est dommage’’, regrette-t-il.

Le ‘’Tanit d’argent’’ est allé à Sabry Mosbah. Son père Slah Mosbah, chanteur très connu dans le monde arabe, a de quoi être fier de son fils. Avec ‘’Asli’’, du nom de son album et du projet présenté à ce concours, ce Tunisien de 33 ans a remporté trois prix samedi soir. En effet, hormis le ‘’Tanit d’argent’’, Mosbah fils a eu droit aux prix ‘’Tumex’’ et ‘’Au fil des voix’’, décernés par deux jurys professionnels. Ces deux distinctions spéciales visaient exclusivement les artistes tunisiens. Avec ‘’Au fil des voix’’, Mosbah aura droit à une série de concerts à Paris, un soutien pour le développement de sa carrière artistique. Mosbah serait choisi grâce à sa ‘’voix très rauque, sa générosité en communiquant une certaine liberté dans ses chansons, son enracinement et sa modernité en même temps’’, selon le jury. C’est un autre musicien tunisien qui s’est adjugé le ‘’Tanit de bronze’’. Nasereddine Chebli l’a eu grâce à ‘’Fallega’’.

En outre, à part Sabry Mosbah, c’est le ‘’Gangbé Brass Band’’ du Bénin qui a eu le plus grand nombre de récompenses. Ils sont rentrés avec deux trophées. Ils ont eu droit aux prix du public et de la meilleure composition musicale.  Cet orchestre a aussi fasciné le jury et a fait forte impression. ‘’Le groupe du Bénin était aussi extraordinaire avec une musique très fluide, très veloutée, émotionnelle’’, a  apprécié le président du jury, Adnane Chaouchi. Ce dernier et ses collègues ont décerné le prix du meilleur concert ou meilleure œuvre musicale tunisienne au projet ‘’Asrar’’ présenté par Raoudha Abdallah. Alors que le prix du meilleur texte (langue et dialectes arabes)  est reçu par Béchir Kahwaji pour le spectacle ‘’Sourouh’’ porté à ces JMC par Sami Dakhlaoui. La jeune Amal Chérif a eu droit au prix spécial de l’interprétation (instrumentale ou vocale) avec ‘’Ghodwa’’.

Interrogé sur les critères de sélection des lauréats, le président du jury de la sélection officielle explique que le seul critère ayant valu dans son jugement à lui, est le ‘’naturel’’. ‘’C’est vrai que je suis le président du jury mais avant tout et après tout, je suis un musicien, compositeur, chanteur. Le seul critère pour moi, c’est le critère naturel. C’est-à-dire que cela me plaît ou cela ne me plaît pas. Le coup de foudre ou non’’, affirme-t-il. Et ses collègues et lui, étant tous musiciens, n’ont pas eu du mal à départager les concurrents. ‘’Le travail était facile franchement. Nous sommes tous des musiciens, les choses viennent toutes seules. Le niveau à l’échelle internationale, c’est le travail de la scène. Cela, le groupe du Sénégal l’a superbement bien réussi. C’était extraordinaire pour le Sénégal. Pour le reste, c’était bien, mais il manquait cette touche du professionnalisme de la scène’’, note-t-il.

C’est le groupe Burkinabé, ‘’Farafina’’ qui a animé la soirée de clôture des JMC. Ils ont livré une belle prestation même si le retour du son était un peu mauvais.

COMMENTAIRE

Misons sur le ‘’talent’’

‘’C’est le rythme, le passage d’un rythme à l’autre, d’une chanson à l’autre qui m’a séduit. Un passage que je trouve fluide et naturel. C’était très bien écrit. Je parle en tant que compositeur. C’était extraordinairement bien écrit. Ils sont véritablement de grands artistes’’. Ainsi parle le chanteur tunisien Adnane Chaouchi de la musique de ‘’Sahad and the Nataal Patchwork’’. Ces Sénégalais qu’ils qualifient de ‘’grands artistes’’, le sont sans aucun doute. Mais comme dit l’adage, ‘’nul n’est prophète chez soi’’ et cela, ces musiciens le savent car ils le vivent. En ce premier semestre de l’année 2016, le ‘’Tanit d’or’’ remporté aux journées musicales de Carthage est leur deuxième consécration internationale. Ils ont reçu en effet, en début d’année, le prix ‘’Visa’’ d’un grand festival de musique qui se tient à Rabat. Pourtant, ils restent anonymes au Sénégal. 

Le grand public ne les connaît pas et le ministère de la Culture et de la Communication ne les soutient pas. Est-ce que la tutelle les connaît d’ailleurs ? Parce qu’au Sénégal, il faut le dire, on aime et on se consacre au folklore. Et ces jeunes ne sont pas dans ça. Heureusement aussi qu’ils ont compris qu’il ne faut pas attendre les autorités pour avancer. Il faut se faire et se bâtir seul. Ne compter sur personne d’autre que soi. Cela leur réussit jusque-là. Seulement, il est temps que le ministère de la Culture et de la Communication donne les moyens qu’il faut aux jeunes artistes et entrepreneurs culturels. A ceux-là qui travaillent bien et qui permettent au Sénégal de briller sur la scène artistique internationale. Et non pas aux ‘’griots’’ et ‘’troubadours’’ qui ne font que donner un vrai faux éclat aux couleurs d’un parti politique, ou encore à des vedettes nationales avec aucune ambition internationale et souvent aux talents douteux. 

Il ne s’agit pas toujours de donner de l’argent. Mais de créer des espaces et manifestations qui pourraient permettre à ces jeunes de montrer leurs créations. A Tunis, par exemple, les salles de spectacle pullulent. Les artistes ne manquent véritablement pas d’espace de partage et d’évènements pouvant leur permettre d’avoir un bon carnet d’adresses par exemple. Parce que c’est à ces rencontres que se rendent les professionnels des métiers de la musique.

Aussi, le public est-il en même temps bien servi. Mais à part quelques festivals, encore qu’ils sont des initiatives privées, que propose l’Etat à ces artistes ? Que leur offre la tutelle pour qu’ils puissent exporter leurs productions, avoir des connections à travers le monde ? Rien, à ma connaissance. Monsieur le ministre, pensez avec vos collaborateurs à aider ceux qui en valent la peine. Vous êtes des professionnels et des patriotes je pense. Ne vous fiez pas à la simple notoriété des uns et au soutien politique des autres. Votre seul instrument de mesure doit être la qualité, le talent. Misez sur ces jeunes. Des ‘’Sahad and the Nataal Patchwork’’, il y en a foison à Dakar. C’est eux qui pourraient faire de la musique une véritable industrie.

BIGUE BOB (envoyée spéciale à Tunis)

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