Une marche sur fond d'accusation de traîtrise
La marche de la coalition des syndicats de l'enseignement pour exiger du gouvernement le respect des accords signés, a été émaillée par des accusations de trahison de la part d'enseignants du lycée John Kennedy en crise.
Le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), Ndongo Sarr, a été accusé de traîtrise par ses collègues du lycée John F. Kennedy. Ces enseignants en colère l'ont fait savoir hier au cours de la marche organisée par la coalition des syndicats de l'éducation pour réclamer au gouvernement l'application des accords déjà signés.
''Je suis très contente pour cette grande mobilisation. Je suis très fière des secrétaires généraux des autres syndicats. Le nôtre est un traître. Ndongo Sarr est un traître. Il nous a livrés. Il est allé dire au ministre de nous muter alors qu'il est notre secrétaire général et devait nous défendre'', a accusé Ndèye Absa Bâ, membre du directoire national du Cusems et professeur de lettres au lycée John Kennedy. Mutés, des enseignants de l'établissement ont dénoncé la mesure et engagé un bras de fer avec leur administration soutenue par d'autres collègues.
Outre Ndèye Absa Bâ, Safiétou Tall, également membre du Cusems, est allée plus loin : ''Nous allons porter plainte. Bientôt, cela fera 4 mois de retard de salaire. On refuse de nous payer nos salaires parce que nous avons soutenu nos camarades qui ont été mutés par la faute de Ndongo. Ndongo est indigne. Il faut qu'il arrête. Il a dit devant des témoins que c'est lui qui est derrière tout cela'', a-t-elle lancé.
Et malgré les nombreuses interventions, les syndicalistes du Cusems n'ont pas arrêté de jeter l'opprobre sur Ndongo Sarr. Lequel estime n'avoir rien à se reprocher : ''Nous sommes des syndicalistes. Quand des camarades, aux mépris des textes, passent à des actes qui ne sont pas en accord avec ce qui est dit dans les textes, c'est à eux de répondre de leurs propres actes. Pendant trois ans, ces gens ont voulu prendre en otage le lycée. Nous ne sommes responsables de rien.''
Pour le leader syndicaliste, ces enseignants ont payé les conséquences de leurs actes. ''Ils ont eu tort et ils veulent qu'on les soutienne. On ne va pas le faire. Si j’étais responsable de la situation, on n'allait pas poser des actes au ministère pour qu’ils perçoivent leurs salaires. 32 ont reçu leur salaire de ce mois, 13 vont recevoir dans peu de temps, les deux autres qui restent ont refusé d'aller prendre'', a-t-il dit.
''Nous n'écarterons aucune hypothèse''
Passé cet incident, les marcheurs ont scandé, de la place de l'Obélisque au rond-point de la RTS à Dakar, des slogans enjoignant le gouvernement d'appliquer les accords déjà signés depuis 2003. Il s'agissait des syndicats de l’éducation que sont Cusems, Sels/A, Cuse, Saems/Cusems.
Selon le porte-parole de la coalition Oumar Waly Zoumarou, si le gouvernement ne respecte ses engagements, les enseignants en mouvement d'humeur depuis début mai n’hésiteront pas à bloquer les examens de fin d'année. ''Nous n'écarterons aucune hypothèse. Nous sommes toujours à l’écoute du gouvernement. Tout ce que nous ferons dépendra de sa réaction. S'il ne réagit pas, nous n’hésiterons pas à bloquer les examens'', a déclaré M. Zoumarou.
A l'en croire, devant ce qu'ils appellent ''l'inertie'' des autorités, les syndicats ont décidé de soumettre une plate-forme minimale de 11 points axés essentiellement sur l'application d'accords déjà signés afin de stabiliser l'espace scolaire. ''Malheureusement, cette démarche salutaire a buté sur le refus systématique de la partie gouvernementale de respecter le principe de la continuité'', a déploré le porte-parole. Cette marche nationale entre dans le cadre du deuxième plan d'action de la coalition qui va se terminer aujourd'hui par une grève totale.
Viviane DIATTA
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