Le Cheds clôture la phase pilote du programme

Le Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer (FKA), tient depuis hier un séminaire national de restitution marquant la fin de la phase pilote du Programme collectivités territoriales, défense, sécurité et paix (PCTDSP). L'objectif de cette rencontre de deux jours est de faire le bilan d'étape du programme, après quatre années de mise en œuvre.
Les collectivités territoriales sont des acteurs majeurs de la paix et de la sécurité au Sénégal. Cependant, il est constaté qu'en dépit de cette montée en puissance, les élus locaux n'ont pas encore réellement intégré la diversité des espaces d'expression offerts par la sécurité humaine. Afin de contribuer à cette dynamique, le Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer (FKA), avait lancé, en 2021, le Programme collectivités territoriales, défense, sécurité et paix (PCTDSP) dans le but d'améliorer la contribution des collectivités territoriales à l'édification et au maintien d'environnements sécurisés propices à la cohésion sociale et au développement du Sénégal.
Dans le souci d'assurer un maillage du territoire, des séminaires de lancement ont été organisés dans toutes les zones du Sénégal, entre 2021 et 2024. Pour marquer la clôture de ce programme, les élus locaux, les forces de l'ordre, la société civile et les communautés venues des 14 régions prennent part, depuis hier, au séminaire de restitution afin de faire le bilan d'étape du programme après quatre années de mise en œuvre.
Selon le directeur général du Cheds, le général de brigade Jean Diémé, ces séminaires ont permis de mettre en évidence l'impérieuse nécessité de replacer les collectivités territoriales au cœur de la production de la sécurité, du fait de leur proximité avec les populations et de leur ancrage dans les réalités de ces dernières. "Le programme a permis de mesurer l'engagement et les efforts des collectivités territoriales et des autres acteurs, dans l'optique d'instaurer une société juste et stable, gage d'un développement durable", a déclaré le DG du Cheds.
Ces différentes rencontres ont permis de renforcer le constat initial suivant : "Même si le rôle des collectivités territoriales est prévu par les textes, l'évolution de leur rôle dans la sécurité reste à concrétiser." Il est évident que les défis diffèrent d'une zone à une autre. Par conséquent, les solutions préconisées ne peuvent pas être les mêmes. Toutefois, les initiatives prises dans une zone peuvent être bénéfiques à une autre, en termes de bonnes pratiques.
Les causes de l'insécurité
Concernant les causes de l'insécurité, la synthèse du rapport note qu'il y a des différences entre les zones. De manière globale, il y a la porosité des frontières, les vulnérabilités liées à la jeunesse, les inégalités sociales et économiques, les faiblesses de la coordination institutionnelle entre les acteurs, la faible collaboration des populations ainsi que les pertes de repères sociaux et culturels. Le rapport de synthèse révèle aussi le problème lié à la prise en charge des auteurs de violences, mais également les limites du lien institutionnel entre les collectivités territoriales et les forces de sécurité qui ne sont pas clairement définies. À cela s'ajoute le manque de ressources, de coordination et de communication entre les acteurs.
Il ressort de cela que les collectivités territoriales jouent un rôle crucial dans la construction de la paix, par les pratiques de tous les jours, malgré l'absence d'un cadre juridique. De ce fait, un changement de paradigme vers une gouvernance sécuritaire plus participative au Sénégal, reconnaissant le rôle indispensable des collectivités territoriales, est important.
D'après le général Diémé, l'analyse des différentes zones met en évidence des facteurs communs qui contribuent de manière significative à la détérioration du climat sécuritaire à l'échelle nationale. "Les causes de l'insécurité au Sénégal, bien que pouvant varier en intensité selon les contextes régionaux, traduisent une dynamique structurelle nécessitant une approche globale et coordonnée. Elles sont multiformes et interdépendantes, variant selon les spécificités de chaque zone géographique. Par ailleurs, elles englobent des facteurs transfrontaliers, socioéconomiques, liés à la jeunesse, à la gouvernance, à l'environnement, etc. C'est pourquoi une approche globale et multisectorielle est nécessaire pour répondre efficacement aux défis", a-t-il ajouté.
Le séminaire national de clôture de la phase pilote du programme PCTDSP se tient sur deux jours et alternera des sessions plénières et des travaux en comités.
F. BAKARY CAMARA