Publié le 23 Jan 2013 - 04:22
CONTRE L'EXTRADITION DE ALKALY CISSÉ VERS L'ARABIE SAOUDITE

Les organisations sénégalaises des droits humains saisissent le Roi Mohamed 6

 

L'affaire de l'ancien député libéral, Alkaly Cissé, détenu au Maroc, continue de faire couler beaucoup d'encre. Suite à la demande d'extradition lancée par l'Arabie Saoudite, les organisations sénégalaises des droits de l'Homme, notamment la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits de l'homme (LSDH) et la section sénégalaise d'Amnesty International ont adressé une correspondance au Roi Mohamed VI pour manifester leur opposition à la requête saoudienne.

 

Motivant leur missive, parvenue hier à la rédaction, les trois organisations sénégalaises expliquent qu'elles craignent que Alkaly ''ne bénéficie pas d'un procès équitable ou qu'il soit torturé ou exécuté, du fait de la pratique de la peine de mort par ce pays''. Les signataires rappellent que le Maroc est un État partie au pacte international relatif aux droits civils et politiques, à la convention des Nations Unies contre la torture, à d'autres instruments régionaux et internationaux de droits humains. Ces conventions posent des principes non ''dérogeables tels que le droit à un procès équitable, l'interdiction d'extrader une personne vers un pays où elle risque d'être soumise à la torture et aux mauvais traitements et d'être exécutée pour des crimes autres que les crimes les plus graves comme les crimes de sang et les meurtres avec préméditation'', informent-ils.

 

En outre, signalent ces organisations, ''le Royaume du Maroc, bien que gardant encore la peine de mort dans son code pénal, n'a pas procédé à des exécutions depuis 1993''. Ce qui les amène à considérer le Maroc ''comme un État abolitionniste de fait''. Enfin, les signataires font prévaloir le principe de l'autorité de la chose jugée et la règle ''non bis in idem'', qui voudrait qu'une personne ne puisse être jugée deux fois pour les mêmes faits. Car, signalent-t-ils, ''Alkaly Cissé a été déjà jugé et relaxé au Sénégal pour la même affaire, objet de sa demande d'extradition''. Mieux, ajoutent les défenseurs de Alkaly, ''le plaignant saoudien était partie au procès lors des décisions rendues par les juridictions sénégalaises et qu'il a usé de toutes voies de recours''.

 

Alkaly Cissé, ancien député libéral, est détenu à la prison Saleh (localité de Alif), à Rabat au Maroc, pour une affaire d'escroquerie portant sur la somme de 2 milliards et l'opposant à un Saoudien. L'affaire fut vidée par les juridictions sénégalaises en 1999 et il avait bénéficié d'une relaxe. Du fond de sa cellule à Rabat, il clame toujours son innocence.

 

PIERRE BIRAME DIOH

 

 

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