Publié le 12 May 2015 - 08:57
CONTRIBUTION

Lettre ouverte a Me Abdoulaye Wade

 

Monsieur le Secrétaire Général National(SGN), ne ratez pas l’occasion de sortir par la grande porte !

Monsieur le SGN,

Vous vous êtes battus, durant toute votre vie pour une vision, un idéal qui est une Afrique unie, respectée, démocratique, libre, développée et prospère. Et pour cela vous avez fait du Sénégal, la preuve par l’exemple et la voie à suivre par toute l’Afrique.

Vous avez été de toutes les luttes, pour atteindre cet idéal, depuis la lutte pour l’indépendance politique formelle et aujourd’hui pour l’indépendance économique et la liberté de choisir ses voies de développement.

Vous avez très tôt compris que pour mener et gagner cette lutte, il faut être au même niveau que les colonisateurs, sinon à un niveau supérieur, sur le plan intellectuel, pour comprendre leur pensée, leur paradigme, leurs réflexions, leur philosophie et pouvoir leur porter la réplique, et proposer une autre vision de développement conforme à l’Afrique. Pour faire face donc, vous êtes parvenu à être parmi les meilleurs diplômés d’Afrique et même du monde sur des disciplines fondamentales telles que le droit, l’économie, les mathématiques, etc.….

Mr le SGN, en créant, le Parti démocratique Sénégalais, en 1974 qui fût le premier parti d’opposition légale en Afrique selon Christine DESSOUCHES, vous avez montré la voie en utilisant la méthode de la pédagogie par l’exemple.

Avec ce parti, vous avez résisté à toutes les tentatives de déstabilisation, en compagnie d’hommes, de femmes et de jeunes qui ont toujours cru à votre vision.

Avec ce parti, vous avez conquis le pouvoir au bout de vingt six ans, et exercé le pouvoir pendant douze ans, avec des résultats reconnus de par le monde comme positifs.

Mais monsieur le SGN, le chemin fût long et parsemé d’embûches, de sacrifices, de trahisons, mais aussi de joies immenses (victoire aux élections du 19 mars 2000 et prestation de serment). 

Monsieur le SGN, le PDS a su être sauvé de la disparition grâce à son organisation aves ses textes (statuts et règlement intérieur), qui avaient prévus tous les scénarii en donnant tous les pouvoirs au SGN que vous êtes et vous avez su en disposer avec parcimonie.

L’esprit d’abnégation des militants et votre sens élevé de la responsabilité, mais surtout le dévouement sans faille des militants, voir même votre déification par les militants, nous ont toujours permis de surmonter les crises internes et externes.

Cette situation du parti, avec des textes vous donnant tous les pouvoirs et  un parti plus ou moins organisé, était compréhensible avant l’arrivée au pouvoir, mais devrait être adapté au contexte de la gestion du pouvoir, malheureusement, le PDS a raté l’occasion de se réorganiser et de s’adapter à ce  contexte.

En contact avec le pouvoir ,les appétits se sont aiguisés et certains responsables et militants ont cru que c’était l’heure des récompenses et ont oublié le sacerdoce qu’on avait en recherchant le pouvoir et qui était d’appliquer le programme fondamental du parti afin de développer le pays ; ils ont transformé notre sacerdoce en un  développement personnel, en oubliant le parti et en se tournant vers la promotion des parents, des amis, des nouveaux amis et laudateurs de tout bord.

Certains hauts responsables complexés  ont théorisé la transhumance, avec des calculs arithmétiques  hors contexte, alors qu’il suffisait de mettre les responsables de base du PDS dans de bonnes conditions, pour élargir la base en étant à l’écoute et au service des populations, en organisant, animant le parti et surtout en tirant sur la sonnette d’alarme si des déviations se font sentir par les gérants du pouvoir.

Monsieur le SGN, cette liaison avec la base, a été sciemment rompu par les nouveaux parvenus et lobbiyeurs, réussissant ainsi à vous isoler de la base et de ce fait des véritables responsables qui étaient capables de porter votre vision et vos réalisations auprès du peuple sénégalais. Voulant toujours bénéficier des prébendes et ayant peur que vous découvriez leur non représentativité,  ils vous ont fait croire qu’en réorganisant le parti avec des renouvellements démocratiques, le parti risquait d’imploser et ils ont créé partout des tendances pour étayer cette thèse.

Monsieur le SGN, dans mon discours d’ouverture du congrès du Mouvement des Elèves et Etudiants Libéraux(MEEL) dont je fus le secrétaire général  en 1995, je disais que tous les responsables que vous voyais tous les jours tourner autour de vous au point E, n’avait ni base, ni programme politique si ce n’ait que la calomnie et le complot contre d’honnêtes responsables qui se sacrifient pour vous et le parti, nuit et jour et qui au finish sont relégués au second plan ; ces paroles sont toujours d’actualités.

Monsieur le SGN, l’Ivrée est toujours là et continue de gangréner le parti pour des intérêts bassement personnels et surtout inavoués.

Monsieur le SGN, en analysant la situation du parti depuis sa naissance, la traversée du désert dans l’opposition, la gestion du pouvoir et aujourd’hui le retour à l’opposition, je ne suis plus sûr que tous ceux qui ont quitté le parti l’ont fait par trahison ou par intérêts crypto personnels ; par contre je suis sûr que beaucoup de militants ont quitté le parti par frustrations, manque de considération, incompréhension, et souvent par complot contre leur personne, mais aussi par le besoin de se libérer et d’exprimer leur  personnalité.

Monsieur le SGN, il est temps de se remettre en cause et de faire un bilan sans complaisance de votre gestion du PDS, surtout dans le management des Hommes.

Monsieur le SGN, s’il est vrai que vos sacrifices (physiques, intellectuels, familiaux, financiers, sanitaires et de tous ordres) ont toujours permis de sauver le parti de la disparition et à l’emmener au pouvoir ; il est aussi d’autant plus vrai que d’autres sénégalais (militants, sympathisants et citoyens tout court) vous ont accompagnés dans ce combat et certains y ont même laissé leur vie.  

Monsieur le SGN, il est vrai aussi que vous avez au moins eu la satisfaction d’exercer le pouvoir, même si c’est parfois contraignant et stressant, au moment où d’autres combattants ont perdu la vie et d’autres leurs études, leur carrière, d’autres sont plongés dans la misère et certains mêmes dans la folie.

Monsieur le SGN, beaucoup  d’injustices se sont passées durant votre gestion du pouvoir, à cause des lobbies et comploteurs qui vous entourent et qui continuent de tirer les ficelles pour bénéficier de vos derniers élans de générosité. Oui Monsieur le SGN, on loue partout votre générosité, mais la grande générosité sera de tout faire pour que le PDS, vous survive et reste entre les mains de vos fils et filles spirituels valident et qui peuvent ne pas être forcément votre fils biologique. Au vu de tous les sacrifices consentis par beaucoup de sénégalais pour faire du PDS ce qu’il est devenu, il est impensable que ce parti devienne une propriété familiale.

Monsieur le SGN, j’ai eu pitié de vous, au comité directeur du 30 avril 2015, lorsque je vous ai vu entouré de vos « fidèles » lieutenants tentant d’orienter votre discours par des petites notes sur des bouts de papiers, alors que la plus part d’entre eux font partie de ceux qui vous ont fait perdre le pouvoir, par leurs manœuvres malsaines et leurs comportements décriés par tout le peuple sénégalais.

Oui j’ai eu des ressentiments en constatant que ces encagoulés, ne pouvant pas porter le complot, vous ont poussé à déclarer que vous êtes saint d’esprit et que vous avez la santé physique et mentale, ainsi que la volonté de nous ramener au pouvoir, et qu’il suffit qu’on vous fasse confiance en vous gardant à la tête du parti pour y parvenir.

Monsieur le SGN, vous conviendrez avec moi, que vous n’avez jamais eu besoin de réaffirmer  vos qualités à diriger le parti et à mener un combat et que si vous le faites maintenant c’est qu’il y a problème. Oui monsieur le SGN, il y a problème, si malgré la multitude  de responsables que vous avez formé à votre image, malgré la disponibilité de tous les militants à mener le combat et à mener la barque à bon port, on sème le doute dans votre esprit en vous faisant croire que si vous quittez  la tête du parti ça sera le sauve qui peut.

Monsieur le SGN, j’ai eu des ressentiments  quand vous constatez  que malgré les nombreux militants et responsables du parti emprisonnés injustement, le parti peine à trouver une stratégie payante et capable de mobiliser le peuple pour la libération de ces prisonniers politiques du régime de Macky SALL ; ceci est un aveu que ça ne va pas dans le parti et qu’il ya problème !

Mais où se situe le problème ?

Monsieur le SGN, le problème se situe à deux niveaux :

1-      Le niveau organisationnel du parti laisse à désirer, car depuis 1996, le parti n’a pas renouvelé intégralement et sérieusement ses structures et ses instances, malgré les saupoudrages de vente des cartes et les tentatives de colmatage en désignant des coordonnateurs et mandataires  du parti à l’approche d’élections et qui ne font qu’envenimer  les frustrations.

2-      Le second niveau, c’est la démotivation de beaucoup de responsables et militants qui constatent que nous n’avons pas tiré les leçons du passé et de la gestion du pouvoir avec les mêmes pratiques de gestion du parti par le copinage, le lobbying, la délation et le larbinisme. Ces militants et responsables rechignent à mouiller le maillot, car les mêmes causes créant les mêmes effets, ils se demandent si le sacrifice en vaut la peine d’autant plus que demain se sont ces comploteurs qui récolteront les fruits sans peine.

Monsieur le SGN, je ne suis pas d’accord avec vous, quand vous dites préférer travailler avec dix militants engagés qu’avec cents militants non engagés ; moi je dirais plutôt que vous devez chercher à savoir pourquoi ces cents militants ne sont plus engagés et chercher à les motiver d’avantage, c’est cela la bonne démarche à mon avis, sinon le risque est que les dix  militants engagés vont à leur tour se désengagés et vous vous retrouverez au bout du compte seul.

Je ne suis pas d’accord avec vous aussi quand vous dites, que personne de ceux qui parlent de réorganisation du parti n’a les moyens d’entretenir le parti et de financer ses activités. En le disant vous oubliez que vous nous avez appris à avoir des résultats appréciables avec peu de moyens mais avec beaucoup de foi et d’abnégation. Je vous rappel qu’en 1997, quand beaucoup de militants commençaient à douter, nous (au nom de l’UJTL) avons fait le tour du Sénégal en un mois avec seulement une 505 sept places et Trois cent miles francs CFA avec comme arme l’organisation et la solidarité, les résultats furent au-delà de nos attentes. En disant cela vous ne prenez pas en compte que la réorganisation du parti dont on parle suppose une autre forme de gestion et d’organisation, en somme un management participatif et gagnant à coup sûr.

Monsieur le SGN, vous avez fait du peuple sénégalais, un peuple mûr et des militants du PDS, des militants bien formés et capables de détecter les signaux et je dirais même capables de lire dans vos pensées, mais aussi capables de dire non et de se battre contre l’injustice.

Monsieur le SGN, je vous prie de faire confiance aux hommes et aux femmes que vous avez vu grandir, que vous avez côtoyés, durant toutes vos épreuves, pour mener à bon port la réorganisation du parti, du sommet à la base et de leur passé le témoin tout en gardant la place d’honneur qui sied à votre rang. A l’heure des grands défis mondiaux, seule une équipe soudée, dynamique, responsable et responsabilisée peut gagner les combats qui nous attendent avec bien sûr votre soutien et vos conseils.

Enfin Monsieur le SGN, je fais appel à votre grande générosité pour que survive le parti.

Vive l’Afrique !

Vive le Sénégal !

Vive le Parti Démocratique Sénégalais ! vive Me Abdoulaye WADE !

(Ousmane DIOUF 

Membre du comité Directeur du PDS)

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