Le commerce atteint 221 milliards de dollars en 2014
Les 54 pays africains invités par la Chine à Johannesburg pour un forum sur la coopération, en décembre, vont se retrouver neuf ans après Beijing 2006. La seconde puissance économique mondiale souhaite redéfinir les modalités de son partenariat avec le continent noir.
La Coopération sino-africaine jusqu’en septembre de cette année, c’est 5 675 km de chemin de fer, 4 506 km de route, 18 grands ponts, et 12 ports, 76 stades, plus de 2 000 écoles primaires et secondaires, 9 centres de coopération internationale... réalisés. Quant au montant des transactions commerciales en 2014, elles sont plus parlantes. 221.96 milliards de dollars entre l’empire du milieu et les pays africains dont 106.15 milliards de l’exportation chinoise à l’Afrique et 115.81 milliards dans le sens inverse. Les investissements ont atteint 32.35 milliards de stock.
Le prochain sommet de Johannesburg du forum sur la coopération sino-africaine entre la Chine et l’Afrique devrait respecter la courbe ascendante que suit cette relation. ‘‘La Chine dotée des atouts relatifs au développement tels que la finance, les technologies, les ressources humaines et les équipements avec un bon rapport qualité-prix, a la ferme volonté politique d’assister l’Afrique à réaliser son indépendance économique et un développement autonome durable’’, a estimé l’ambassadeur de la Chine à Dakar, Zhang Xun.
En conférence de presse pour parler du sommet de Johannesburg, du forum sur la coopération sino-africaine (4-5 décembre), le plénipotentiaire, présent à Dakar depuis un mois, a dessiné les grands axes de cette rencontre. Malgré les bonnes performances de son pays, son représentant a tenu à rappeler que la deuxième puissance économique du monde est en voie de développement. La Chine occupe la 80ème place pour le Pib/habitant (7 800 dollars) alors que la moyenne du monde est à 10 mille dollars.
Pis, depuis trois ans, la Chine est confrontée à un ralentissement de sa croissance et qui expliquerait que le sommet se tienne neuf ans après celui de Beijing 2006, la première rencontre du genre. Malgré une période d’une croissance économique incroyable, les autorités se sont rendu compte ‘‘qu’il ne faut pas seulement une croissance du Pib, il faut aussi réajuster la structure de l’économie, assurer une croissance solide régulière saine, tout en protégeant notre environnement’’, plaide l’ambassadeur. la Chine entre dans la phase de restructuration économique et la montée en gamme industrielle alors que les pays africains visent à accélérer l’industrialisation et la modernisation de l’agriculture.
L’Agenda 2063 récemment esquissée par l’Union africaine (UA) pour amorcer un nouveau virage dans son envol est aussi dans le viseur des relations sino-africaines. Zhang Xun déclare : ‘‘La Chine est passée par cette période il y a plus de dix ans, et elle va aider l’Afrique à réaliser l’agenda 2063. Il y a une convergence parfaite des stratégies entre les deux. Le continent est entré dans une phase pareille à celle de la Chine dans les années 90. Pour cet agenda, nous pouvons faire quelque chose, nous en avons les moyens’’. Même la prééminence des anciennes puissances coloniales sur le continent noir ne fait pas obstacle au désir chinois de continuer sa percée sur le marché africain. L’ambassadeur pense que son pays est tout à fait ouvert sur les mécanismes de coopération tripartites ou même quadripartites. ‘‘Notre objectif fondamental est d’aboutir à un développement commun entre nos peuples. Nous sommes ouverts à toute forme de coopération si elle permet le développement commun.’’ En ce qui concerne la nature de la coopération financière, Zhang Xun a annoncé la disponibilité de nouveaux montants sans en dire plus. ‘‘Il y aura une série de mesures et un nouveau montant des financements de la Chine envers les pays africains. Combien ? On va voir’’.
Transfert de technologie.
Si la Chine excelle dans des réalisations d’infrastructures en Afrique, le non-transfert de technologies à l’expertise locale menace la durabilité et l’entretien des constructions. L’ambassadeur estime que la barrière linguistique est le principal obstacle qu’il faudrait surmonter. ‘‘Nous ne parlons pas la même langue, c’est difficile de maintenir une coopération dans ce cas. Notre objectif est la réalisation d’infrastructures dont la gestion demande beaucoup de communication entre techniciens chinois et locaux. Il n’y a pas assez d’ingénieurs chinois qui parlent français’’, déclare Zhang Xun. Un gap que le géant asiatique veut combler par une coopération sur le plan académique. Outre l’implantation de centres Confucius pour l’apprentissage du chinois, l’octroi de bourses aux apprenants africains en Chine qui vont travailler aux projets de formation entre dans ce cadre avec plus de 10 mille bourses allouées aux étudiants du continent noir pour y suivre différentes formations. En attendant, les autorités demandent aux entreprises choisies d’assumer la gestion et le fonctionnement des projets avant le transfert de technologie aux locaux, selon l’ambassadeur.
Attaque Radisson Blu Bamako L’ambassadeur chinois perd trois amis Les trois victimes chinoises de l’attaque du Radisson Blu de Bamako sont des connaissances de l’ambassadeur Zhang Xun. Interpellé sur la question de la globalisation du terrorisme, le diplomate qui a été jusque-là décontracté dans ses réponses, a réagi avec une voix mélancolique en exhibant les cartes de visite des victimes. ‘‘Trois de mes amis sont tués au Mali. Alors que notre dernière rencontre remontait au mercredi matin’’, déclare-t-il dans un soupir. Le ci-devant représentant de la Chine en Syrie de poursuivre : ‘‘C’est une tâche commune de la Chine avec tous les pays ensemble, l’Afrique aussi est menacée par cette calamité. C’est un nouveau secteur de coopération avec des échanges d’information ainsi que la formation personnelle’’, annonce-t-il. |
OUSMANE LAYE DIOP