L’Afrique du Sud veut des échanges plus poussés
Le Sénégal et le pays de Mandela entretiennent déjà des relations culturelles. Certaines ne sont pas officielles. D’autres se font à titre individuel. Pour une meilleure collaboration, l’ambassade d’Afrique du Sud au Sénégal a invité l’autorité en charge de la culture et les acteurs du secteur à un débat qui a permis de dessiner les contours d’une coopération plus dynamique.
‘’L’économie culturelle a du mal à se développer, parce que les marchés africains sont cloisonnés. L’Afrique est potentiellement un gros marché qui n’est pas bien utilisé. Les Africains ne se parlent pas suffisamment. Les artistes ne circulent pas beaucoup. Les produits culturels ne circulent pas suffisamment. Il nous faut décloisonner.’’ C’est le constat d’Aziz Dieng, un des conseillers du ministre de la Culture et de la Communication. Il a partagé cette réflexion, lors d’une table ronde organisée par l’ambassade d’Afrique du Sud au Sénégal dans un hôtel de Dakar, sur le thème : ‘’Ré-imaginer l’avenir vers l’agenda 2063 de l’Union africaine : les liens qui nous unissent.’’
Il ressort de cette rencontre qu’il faut une meilleure ouverture des marchés, mais surtout des frontières. Car si tous les participants se sont accordés à magnifier les liens diplomatiques entre les deux pays, ils reconnaissent qu’il n’est pas toujours aisé pour les artistes de se déplacer. ‘’Nous avons organisé ici à Dakar une exposition pour lutter contre l’apartheid, en 1982. Les artistes n’ont pas de problèmes. Les peuples n’ont pas de problèmes. Ce sont les politiques qui ont des problèmes’’, affirme le directeur du village des arts Guibril André Diop.
Gorée et Robben Island et leur histoire commune faite de souffrance
Toutefois, selon l’ambassadeur d’Afrique du Sud au Sénégal, Abel Mlxolisi Shilubane, les choses évoluent, d’année en année, dans le bon sens. Aujourd’hui, les officiels sénégalais et les diplomates bénéficient de traitements particuliers. ‘‘Pour se connaître, il faut qu’on se rapproche davantage’’. Un rapprochement qui doit aller au-delà des barrières linguistiques, étant donné que, comme l’a souligné le journaliste Baba Diop, les Africains partagent souvent suivant les langues. On doit enlever de nos têtes la division entre l’Afrique francophone, anglophone, lusophone et arabophone, suggère-t-il.
C’est ce que semble entamer le Sénégal et l’Afrique du Sud. Les deux pays ont un projet de jumelage très avancé entre Gorée et Robben Island. ‘‘Ces deux îles ont une histoire commune qui est la souffrance’’, remarque d’ailleurs M. Shilubane. Encore que les deux pourraient développer ensemble des projets. Car si l’une représente le passé historique lointain, l’autre est la preuve d’un passé historique récent. Les deux gagneraient à être valorisées, comme l’ont pensé certains participants à cette table-ronde.
En outre, cette découverte mutuelle permet de mieux cerner les points de convergence et savoir sur quoi doivent porter les échanges. M. Shilubane, lors d’une manifestation au Grand-théâtre de Dakar, a découvert une partie de la culture casamançaise. Et à son avis, les rythmes du sud du Sénégal ressemblent beaucoup à ceux zoulous de chez lui. ‘‘Sur le plan musical, il y a beaucoup de similitudes entre nos deux cultures. Les artistes sud-africains devraient venir jouer ici plus souvent. Si vous entendez la musique sénégalaise, on sent qu’il y a des similitudes avec les rythmes zoulous. Il y a des rapprochements à faire’’, pense-t-il.
Pour cela, auteurs et acteurs restent ouverts. ‘‘L’Afrique du Sud est un pays très dynamique qui a de l’expérience en termes de qualité de spectacles et de promotion de leur culture. J’y vais depuis 1994 et j’y ai de bons partenariats avec des producteurs. Je suis là aujourd’hui pour voir quelles opportunités nous offrent l’ambassade d’Afrique du Sud’’, informe le rappeur Didier Awadi invité à prendre part au débat aux côtés de son collègue Simon Kouka. Aussi, en Afrique du Sud ‘’il y a des sociétés de gestion collective très performantes. Le Sénégal pourrait bénéficier de l’expérience sud-africaine’’, reste convaincu le représentant du ministre Aziz Dieng.
BIGUE BOB