Publié le 16 Mar 2016 - 22:25
COOPÉRATION INDE-AFRIQUE

‘‘Le partenariat est à son point d’inflexion’’

 

L’Inde met les bouchées doubles dans sa volonté d’approfondir ses relations avec le continent noir. Après le sommet Inde-Afrique où 40 chefs d’Etat africains étaient présents, un conclave s’ouvre à New Delhi pour ‘‘revigorer le partenariat et renforcer les liens’’.

 

L’Inde ne veut pas être en retard dans la course vers l’Afrique. Six mois après la tenue du sommet Inde-Afrique, en octobre dernier, le pays de Gandhi remet ça. ‘‘Le sous-continent indien’’ comme l’a qualifié le ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Vijay Kumar Singh, est en conclave avec 27 pays africains. La première puissance économique de l’Afrique, le Nigeria, la seconde économie de la Cedeao, le Ghana, et l’état pétrolier du Sud-Soudan sont les invités de la Confédération industrielle indienne pour un conclave de deux jours.

L’Inde a définitivement trouvé une alternative à son schéma classique de commerce USA-UE-Japon. Il s’y ajoute que l’Afrique est également obligée de revoir son type de partenariat. La baisse des importations africaines vers les Etats-Unis, qui ont développé une technologie hydraulique les rendant moins vulnérables aux soubresauts du gaz et pétrole africains, change la donne.  Le continent africain et le sous-continent indien semblent avoir trouvé le partenariat idéal au bon moment, selon les organisateurs. ‘‘Notre approche a toujours été de bâtir un partenariat d’égal à égal pour des retombées économiques mutuelles’’, déclare le directeur de Tata international, Noel Tata.

Les deux espaces géographiques font un marché de plus de 2 milliards de personnes avec une population majoritairement jeune. A l’image des grandes rencontres internationales comme le sommet France-Afrique, Chine-Afrique ou Etats-Unis-Afrique, le pays fait tout pour renforcer sa relation bilatérale avec le continent noir. Les échanges de l’Afrique vers l’Inde sont passés de 5,2% en 2004 à 10.9% en 2010. Mieux, alors que le commerce était insignifiant au début du millénaire (1 milliard de dollars en 2001), les chiffres ont explosé l’année dernière : 71,4 milliards en 2014-2015. Ce que le ministre des Affaires étrangères, VK Singh, trouve ‘‘toujours pas assez’’.

Un état de fait qui doit beaucoup à la levée de barrières économiques et de tarifs. L’accès au libre marché dont bénéficient beaucoup de pays africains en développement a également inspiré l’Inde. Le pays a décidé d’ouvrir son propre accès aux produits africains. Une sorte d’Agoa américain à la sauce indienne dénommée Duty-free tarif preference (DFTP) au bénéfice de pays en développement, dont 34 africains, depuis août 2008. L’Inde, en levant en 211 les lignes tarifaires, a pratiquement ouvert tout son marché aux PMA africains qui bénéficient du DFTP. Ce qui devrait permettre un accroissement des exportations africaines dans le pays. Le Directeur général de la confédération indienne des industries, Chandrajit Banerjee,  estime que les compagnies indiennes pourraient profiter en Afrique d’opportunités d’affaires de 150 milliards de dollars environ à l’horizon 2025. ‘‘Le partenariat en est à son point d’inflexion, imaginons les possibilités d’explorer les zones inexplorées’’, a-t-il dit.

 Blocages

En octobre dernier, l’Inde avait offert une ligne de crédit de 10 milliards de dollars US pour les cinq prochaines années, en plus d’un programme de crédit déjà existant. Le pays a aussi offert une assistance de 600 millions de dollars dont un Fonds de développement Inde-Afrique de 100 millions et un Fonds Inde-Afrique pour la santé de 10 millions. Malgré la bonne volonté affichée de part et d’autre, les obstacles à une meilleure coopération demeurent. La dématérialisation des procédures, la prédominance des biens manufacturés dans l’import indien, des matières premières africaines dans l’export sont autant de paramètres qu’il va revoir pour améliorer le commerce. ‘‘Le problème actuel est de savoir comment nous allons diversifier l’économie et éliminer tous ces obstacles aux affaires de manière rapide.

Si nous ne sommes pas forts économiquement, nous risquons d’affaiblir le reste de l’Afrique’’, estime le ministre nigérian de l’Industrie, du Commerce et des Investissements, Okechukwu Enelamah. Autre point critique, le manque d’infrastructures dont souffrent beaucoup de pays africains. La Banque mondiale a estimé devoir baisser de 2 points le pourcentage de la croissance économique dans les pays subsahariens à cause du déficit infrastructurel. ‘‘Le continent a besoin d’un investissement annuel d’environ 100 milliards de dollars  pour résorber ce gap et porter le continent au même niveau de développement que les autres pays’’, estime le chef du développement des projets de Tata, Minesh Dave, qui annonce des projets au Sénégal, en Gambie et en Côte d’Ivoire similaires à celui déjà réalisé au Nigeria.

Réalisme

L’Afrique, qui ne pèse que 3% des échanges dans le commerce mondial, est la deuxième destinataire des investissements directs étrangers IDE indiens après les USA. Mais pour la partie indienne, elle présente des potentialités économiques énormes. Les investissements directs étrangers (IDE) de l’Inde en Afrique sont de 13.6 milliards de dollars représentant 16% du total de l’IDE indien. Une relation économique complémentaire qui est toutefois teintée d’un certain réalisme. Si le ministre des Affaires étrangères estime que la reprise de l’économie africaine est bénéfique à celle de l’Inde, il appelle à la concrétisation des paroles. ‘‘Ce conclave servira à traduire en actes les engagements pris par les chefs d’État lors du sommet Inde-Afrique. C’est un partenariat où il sera question de savoir ce que l’on fera avec vous et pas ce qu’on prendra de vous’’, a annoncé le ministre indien des Affaires étrangères. ‘‘Sans coopération mutuelle, cet engagement, ces fonds, cette relation ne survivront pas.’’

O. Laye Diop

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