Publié le 16 Apr 2024 - 14:21
CRIMES INTERNATIONAUX ET VIOLENCES SEXUELLES LIÉES AUX CONFLITS

Des magistrats formés pour mener à bien la poursuite

 

La fondation Konrad Adenauer/État de droit a organisé, hier, à Dakar, un séminaire de formation des magistrats des pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre sur la poursuite des crimes internationaux et des violences sexuelles liées aux conflits. Soulignant que la Cour pénale internationale a des limites dans ce domaine, le secrétaire général adjoint des Nations Unies, Serge Brammertz, est d'avis que le gros travail doit être fait par les juridictions nationales.

 

Des magistrats des pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre ont entamé, hier, à Dakar, une formation de cinq jours sur la poursuite des crimes internationaux et des violences sexuelles liées aux conflits. Ce séminaire de formation a été initié par la fondation Konrad Adenauer/État de droit. Lors des échanges, le secrétaire général adjoint des Nations Unies et procureur du mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, Serge Brammertz, a indiqué qu'ils ont opté pour former des magistrats, parce que la Cour pénale internationale a des ressources et une juridiction limitées dans ce domaine. Et c'est pourquoi a-t-il souligné le gros du travail doit être fait par les juridictions nationales, d'où l'importance de cette formation.

En outre, M. Brammertz a rappelé que ces trois dernières années, ils ont  formé plus de 300 magistrats d'une quinzaine de pays africains. Reconnaissant  qu'un État ne peut  fonctionner sans une justice indépendante et des magistrats impartiaux, le secrétaire général adjoint des Nations Unies a encouragé  les pays à prendre leurs responsabilités au niveau national et de demander à leurs juridictions de poursuivre les crimes internationaux.

Ont pris part à cette formation les magistrats (juges, avocats, procureurs) du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, de la République démocratique du Congo et de la République centrafricaine.

Pour sa part, le directeur régional du bureau État de droit de la fondation Konrad Adenauer, Ingo Badoreck a souligné que cette formation permettra aux responsables chargés de la poursuite de ces graves crimes d'être bien formés et avoir la connaissance les textes juridiques internationaux qui vont leur  permettre de poursuivre ces crimes au niveau national.

Prenant part à la rencontre, le procureur général près de la Cour d’appel de Dakar, Ibrahima Bakhoum, a expliqué que "la poursuite des crimes internationaux par les États ou par l'exercice de la compétence universelle exige non seulement des États forts, une volonté politique, des victimes engagées et organisées, mais aussi des institutions judiciaires indépendantes dotées de ressources humaines qualifiées, de moyens matériel et financier conséquents pour connaître de telles affaires complexes. Il exige, en outre, une pleine coopération et entraide judiciaire sur la scène internationale".

En effet, a-t-il rappelé, "il est évident que la poursuite des crimes internationaux et des violences sexuelles liées aux conflits appelle une certaine technicité juridique et une lourde responsabilité pour lutter contre les graves atteintes portées à l'humanité. Dans ce cadre, je peux citer l'œuvre de notre éminent collègue, ancien président du TPIR, le juge Leyti Kama, sous le magistère duquel, en 1998, le viol a été érigé en crime de génocide dans l'affaire Akayesu".

FATIMA ZAHRA DIALLO 

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