Publié le 26 Jan 2014 - 18:09
CRISE DE LA PRODUCTION MUSICALE

Les hip-hoppeurs prennent leur destin en main

 

Au moment où la production musicale est en pleine crise un peu partout et particulièrement au Sénégal, de jeunes hip-hoppeurs tentent tant bien que mal de mettre en place une véritable économie.

 

Des associations artistiques et des studios de production dirigés par des ténors des cultures urbaines du Sénégal essaient de prendre les choses en main, dans un contexte de crise de la production. Non seulement, ils parviennent à produire leurs propres albums, mais ils réussissent à soutenir les undergrounds (groupes de rap non encore produits).

C’est le cas d’Africulturban de Matador, G-Hip-hop avec Malal Talla alias Fou Malade, Waliyaan Prod, les studios Sankara de Didier Awadi ou encore 99 records de Mouhameth Simon Kouka.

‘’Face à une crise de la création, mais aussi de la production, due à une forte piraterie et face à une faible volonté des autorités étatiques à résoudre ce problème, la musique sénégalaise souffre. C’est pour parer à toutes ces difficultés qu’on a pensé à monter des associations ou créer des studios d’enregistrement’’, souligne Fou Malade.

Un business en marche

Les acteurs du hip-hop prennent en main leur destin, malgré les maigres moyens dont ils disposent. ‘’On a commencé l’aventure Africulturban avec 0 Fr Cfa’’,  révèle le chargé de projet de ladite structure Amadou Fall Bâ. Aujourd’hui, Africulturban, dont les bureaux sont logés au centre culturel Léopold Sédar Senghor de Pikine, a huit ans et a produit au moins six albums.

Il emploie à temps plein 15 personnes qui reçoivent chaque mois des salaires. Le deuxième album solo de Matador ‘’Vox populi’’ et ‘’woutiko’’, le premier album de Carré D’as sont signé Africulturban. Le dernier album cité est la production de quatre jeunes issus de divers quartiers de Dakar et qui sont promus à travers cet opus. Ils ne sont pas les seuls  bénéficiaires.

Ngakaa Blin-D, un jeune underground de la banlieue ayant un talent confirmé, est la nouvelle trouvaille de l’équipe de Matador. ‘’On est membre de divers réseaux, à travers le monde. Cela nous permet d’avoir des connections, de participer à des festivals ou des séminaires de formation sur divers métiers des cultures urbaines, à travers le monde’’, indique Amadou Fall Bâ.

Africulturban voit loin. Il a produit une compilation intitulée DK2DK (ndlr Dakar-Danemark-Dakar). Matador et Staz Mustaf y représentent le Sénégal. Spireted Sage, Dj Exampler et Lors Akton regroupés autour de Veteran Cosmic Rockers (VPC) représentent le Danemark. Une tournée de 3 semaines, avec l’ensemble de ces artistes suscités, a été organisée au Danemark.

Le Sénégal suivra. A ce projet, s’ajoutent les compilations ‘’diversitart’’ et ‘’urbanomads’’. Le premier cité regroupe les Sénégalais Matador et Geebayss, le Nigérien Kaf Lagaffe et  le Mauritanien El Francoman. Trois concerts ont été organisés à Dakar, Niamey et Nouachott pour la promotion de cet album produit par Africulturban, Zaza productions (Mauritanie) et Wassa productions (Niger).

‘’Urbanomads’’ est également une coproduction Africulturban et de Zaza production. Il est une compilation de 4 titres de Mc Mo et Xuman du Sénégal et Waraba et Roi Hems de la Mauritanie.

Emplois

''Moi, j’ai commencé avec un micro, une table et 3 millions de Frs Cfa’’,  informe Simon. C’était en 2008. En 2014, sa structure 99 Jolof for life emploie 83 personnes. ‘’Nous créons des emplois pour les autres et pour nous même’’, explique Fou Malade. 99 Jolof for life a produit les albums de 5kiem underground, Tigrimbi, J-Xaar under, Simon, Zaïr ak baatine, Seven Shot et Sen Kumpë.

En six ans d’existence, ce label a sorti neuf albums. Le même label est l’initiateur des Orange school tour. ‘’On fait jouer des crews, lors de ces concerts et ils sont payés’’, souligne le boss de Jolof for life. Cela permet aux rappeurs d’avoir des pécules et de prester aussi tout au long de l’année. Car en plus, il y a le Hip-hop bizz qui est aussi une série de concerts de hip-hop, à travers le Sénégal.

Youkoungkoung studio de Malal Talla a lui aussi son lot d’artistes produits et à produire. Ce label a produit les albums de Niagass, 2 mètres carrés, Rap’attak, ‘’Niamu mbam’’ et bat’haillons blin-d, ainsi que la compilation ‘’Prise de conscience’’ sortie lors du forum social mondial.

Youkoungkoung est l’organisateur de concerts dans les prisons du Sénégal. ‘’Lors des concerts de ‘’Noël en prison’’, par exemple on se déplace avec des rappeurs, des techniciens et des gens pour la sécurité et ils sont tous payés’’, ajoute Fou Malade.

L'équation des moyens

Le manque de moyens est le seul mal dont souffrent ces structures qui tant bien que mal essaient de faire marcher les cultures urbaines.

Conscients que la solidarité serait un bon moyen d’arriver à leurs fins, les différents acteurs de ce secteur sont en train de voir comment faire pour monter quelque chose ensemble.

‘’On est en train de voir, que ce soit Jolof for life, G-Hip-hop, Africulturban, Kaay Fecc, Waliyaan Prod, festigraff et les studios Sankara, comment monter quelque chose ensemble’’, annonce Simon. La main dans la main, c’est sûr que ces initiatives individuelles gagneraient plus. Encore que des organisations mondiales, telle que l’Union européenne, commencent à les soutenir. L’ambassade des Usa également se signale de plus en plus.

BIGUÉ BOB

 

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