Guédiawaye approuve mais demande des comptes
Dans son fief politique de Guédiawaye, El hadji Malick Gakou est en phase avec la plupart de ses militants après son départ surprise du gouvernement. Mais il s'en trouve qui lui demandent d'expliquer les vraies raisons de ce clash supposé avec le Premier ministre.
La démission surprise d’El hadji Malick Gakou du ministère du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel était sur toutes les lèvres dans son fief politique, Guédiawaye, où les commentaires n'ont pas manqué. Au marché Ndiarème, lieu d’attraction commerciale, la dénommée Fatou Kandji, avec un panier rempli de produits alimentaires, n'a pas caché sa surprise mais a réaffirmé être toujours militante de l'ex-ministre. ‘’Il est vrai que le fait de démissionner ne fait pas partie du quotidien des Sénégalais. Mais nous sommes toujours derrière lui vu ce qu’il a fait pour Guédiawaye», dit-elle.
«On n’a plus le droit de lui tourner le dos, qu’il soit au non dans un gouvernement.» Un sentiment partagé par Abdoulaye Fofana, trouvé à proximité de la préfecture départementale. Et selon qui El hadji Malick Gakou est «avant tout un natif de Guédiawaye». Par solidarité, ajoute-t-il, «les Guédiawayois doivent le soutenir dans ces moments difficiles et surtout lui rendre la monnaie de sa pièce».
Dans cette situation provoquée par sa démission du gouvernement, «notre mission doit être de défendre nos ressortissants», indique Fofana qui rappelle les luttes de son leader dans l'opposition contre le régime de Me Abdoulaye Wade.
Par contre, d’autres personnes développent des arguments peu favorables au numéro 2 de l'Alliance des forces du progrès (AFP). Si Gakou a démissionné, disent-ils, «c’est qu’il a senti les carottes cuites pour lui après qu'il a échoué dans sa tentative d'empêcher une grève de 48h des boulangers récemment», se hasarde Gaston Mendy, alors qu'il débattait du sujet dans un coin du Terminus des cars Tata. ‘Sincèrement, je ne suis pas surpris car avec cette grève-là, il fallait que quelqu'un paye, il a payé», souligne notre interlocuteur.
«Je pense que Gakou, en bon politicien, s'est dit qu’il ne fait plus le poids au sein du gouvernement. Il a choisi de quitter le gouvernement avant d'en être chassé comme un malpropre.»
«Il doit nous dire les raisons de sa démission, et vite...»
Tous reconnaissent à l'ancien ministre la liberté et le droit de quitter ses fonctions gouvernementales. Mais la plupart réclament autre chose, même s'ils lui restent fidèles. «Il est libre de démissionner mais il doit édifier l’opinion, et le plus vite possible, sur les raisons de son départ. Une sortie lui permettra de couper court à toutes ces rumeurs folles qui nous parviennent depuis mercredi soir (NDLR : jour de sa démission)», indique Ndèye Marième Diop.
«Démissionner, c’est peut-être bien, mais s’en expliquer est encore mieux», ajoute cette jeune femme native de la commune de Ndiarème Limamoulaye. Fatou Kandji, quant à elle, va plus loin et dit craindre un début d’éclatement de la coalition Benno Bokk Yaakaar. «Gakou doit d'autant plus nous édifier sur les vrais motifs de sa démission, cela nous permettrait de savoir si oui ou non son départ est en rapport avec la situation de son parti», lâche-t-elle, alarmiste.
CHEIKH THIAM
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