Publié le 25 Jul 2024 - 22:39
DÉTHIÉ FALL, MALICK GACKOU, PUR

Le silence assourdissant des ‘’oubliés’’ de la rupture

 

Suite à l'élection présidentielle de 2024, les leaders du Parti de l'unité et du rassemblement (Pur), Déthié Fall et Malick Gakou se murent dans un silence intrigant. Cette absence de réaction soulève des questions quant à l'avenir de leurs alliances et leur place dans la nouvelle configuration politique sénégalaise.

 

Depuis l'annonce des résultats de l'élection présidentielle du 24 mars 2024, le Parti de l'unité et du rassemblement (PUR) et des figures politiques emblématiques comme Déthié Fall et Malick Gakou semblent avoir déserté la scène politique. Cette absence de réaction, à l'exception de quelques messages de remerciements formels, est d'autant plus surprenante que ces acteurs étaient des voix importantes de l'opposition.

Selon ‘’Walfadjri’’, ce mutisme est qualifié de ‘’silence de cimetière’’, alimentant ainsi de nombreuses spéculations. L'élection présidentielle a-t-elle marqué un point de discorde irréversible ? Difficile de le nier, d'autant plus que tous les trois ont présenté des candidats qui ont obtenu des résultats modestes. La victoire de la coalition DiomayePrésident, avec 54 % des voix, a imposé une nouvelle configuration de la carte électorale. Pourtant, malgré leur soutien antérieur, ni Déthié Fall ni Malick Gakou n'ont obtenu de postes dans le nouveau gouvernement. Cette absence de reconnaissance semble avoir creusé un fossé entre Pastef et ses anciens alliés. Alors qu'ils étaient des soutiens de taille, leur exclusion dans l’attelage gouvernemental a été perçue comme une trahison par certains de leurs partisans.

Pourtant, des figures comme Aida Mbodj, Mary T. Niane et Cheikh Bamba Dièye, qui avaient intégré la coalition DiomayePrésident, ont été vite servies.

Pour rappel, Déthié Fall n’a pas assisté à la dernière conférence de presse de Yewwi Askan Wi, alors qu’il jouait à la limite le rôle de coordonnateur.

Écarté de la course à l'élection présidentielle du 24 mars par le Conseil constitutionnel, Ousmane Sonko avait dû laisser la place à son bras droit Bassirou Diomaye Faye. Ce choix stratégique, bien que nécessaire, a été perçu par certains observateurs comme un coup dur pour les ambitions de plusieurs autres candidats de l'opposition, y compris Déthié Fall et Malick Gakou qui espéraient l’adoubement du patron de Pastef. La sortie de prison de Sonko et de Diomaye en pleine campagne électorale a également éclipsé les autres candidats, transformant l'élection en un référendum pour ou contre l'ancien régime.

En outre, le scrutin, qui s'est terminé dès le premier tour, n'a pas permis le jeu des alliances tant espéré pour négocier une part du pouvoir en cas de victoire.

Un divorce consommé avec Pastef ?

Après être arrivé 18e lors du scrutin avec seulement 6 343 voix (soit 0,14 %), Malick Gakou avait appelé à soutenir le président Diomaye Faye et Ousmane Sonko dans la gestion des affaires de la République, en accord avec les engagements de la coalition Yewwi Askan Wi à l’issue de la prestation de serment de Diomaye.

Toutefois, cette déclaration n'a pas été suivie de nouvelles initiatives ou prises de parole publiques.

Pour les collaborateurs de Déthié Fall, qui a obtenu 15 600 voix, le silence est une question d’élégance républicaine. Ils estiment qu'il préfère laisser passer cette période de grâce avant de s'exprimer publiquement.

Cependant, ce mutisme prolongé pourrait être contre-productif, d'autant plus que de nombreux sujets nécessitent des prises de position claires : la réforme de la justice, la réduction des denrées de première nécessité, la renégociation des contrats miniers et gaziers ou encore les 100 jours de Diomaye à la tête du pays.

Déthié Fall, un engagement en question

Lorsque le leader de Pastef et son secrétaire général étaient en prison, c’était souvent Déthié Fall, partisan de l’intercoalition, qui montait au créneau pour défendre le projet commun, tandis que Cheikh Tidiane Youm et d'autres animaient les points de presse pour maintenir le moral des militants. Cet engagement et cette proximité entre Déthié Fall et Ousmane Sonko au sein de la coalition Yewwi Askan Wi ont même poussé certains analystes et hommes politiques à plaider en faveur de la candidature de Déthié Fall.

Déthié a su, au sein de Yewwi Askan Wi, être le binôme d’Ousmane Sonko. Il a maintenu une ligne politique que les Sénégalais apprécient et a conservé une posture respectée. Étant donné que la candidature d'Ousmane Sonko est encore incertaine, bien que souhaitée, Déthié Fall a le profil parfait pour le remplacer. Si Sonko désignait Déthié Fall, il bénéficierait du soutien de nombreux partis, notamment des recalés’’, avait déclaré Malick Guèye.

Cependant, d’autres ont jeté le discrédit sur lui, comme Tahirou Sarr, qui a affirmé que Fall était un pion préparé par le président Macky Sall pour s’attirer l’électorat de Sonko. Ce genre de déclaration alimente les suspicions et les divisions au sein de l'opposition.

Une stratégie de discrétion ?

Cheikh Ahmed Tidiane Youm, secrétaire général national du Pur, adopte également un profil bas. Connu pour son élégance verbale, il avait déclaré avant l'élection qu'il n'était pas question de tenir ce scrutin sans Ousmane Sonko. Son silence, celui de leur candidat Aliou Mamadou Dia, arrivé troisième avec 2,80 % des suffrages ou de leur mentor Serigne Moustapha Sy, pourrait être interprété comme une stratégie de discrétion, une manière de ne pas jeter de l'huile sur le feu dans un contexte déjà complexe.

En effet, Serigne Moustapha Sy, président du Pur, est l'un des membres fondateurs de la coalition Yewwi Askan Wi et a constamment réaffirmé son engagement au sein de cette formation politique.

Le véritable test pour ces trois acteurs politiques sera sans doute les prochaines élections législatives. Celles-ci permettront de voir si les alliances se maintiennent ou si de nouveaux partenariats font se former. Pour Malick Gakou, Déthié Fall et le Pur, il s’agira de se réinventer pour ne pas disparaître dans un paysage politique en pleine mutation.

Le mutisme du Pur, de Déthié Fall et de Malick Gakou après l'élection présidentielle, suscite de nombreuses interrogations dans un contexte où le Sénégal traverse une période de transition politique. L'absence de réaction de ces figures majeures laisse un vide et ouvre la porte à toutes les spéculations. Il reste à voir comment ces leaders choisiront de revenir sur le devant de la scène et quelles seront leurs stratégies pour influencer l'avenir politique du pays.

AMADOU CAMARA GUEYE

Section: 
PASTEF OGO : 5 professeurs, trois disciplines, un patriotisme
ENFANTS DE LA RUE : Diomaye annonce l’éradication du phénomène
NOUVELLES LICENCES DANS LE SECTEUR DES PÊCHES : Priorité au marché local et aux conserveries sénégalaises
LANCEMENT DU RÉSEAU DES ENTREPRISES POUR L'ÉGALITÉ DES CHANCES : Simplon veut booster l'employabilité des jeunes
BUDGET 2025 : La feuille de route du gouvernement 
MODICITÉ DE LA CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE LOCALE : Ngoundiane dans la tempête budgétaire
LOI DE FINANCES 2024 : Le régime engage la course contre la montre
GRÈVES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DANS LES UNIVERSITÉS : Le régime face à un front social en ébullition
3E ALTERNANCE : La gauche invitée à accompagner le nouveau régime
JOURNÉE NATIONALE DES DAARA : Le ministre de l'Éducation nationale en tournée dans les foyers religieux
SUPPRESSION DES VILLES : Diomaye-Sonko acte-t-il la volonté de Macky Sall ?
OUSMANE SONKO AUX DÉPUTÉS DE PASTEF : ‘’Cette Assemblée nationale doit réconcilier les Sénégalais avec l’organe parlementaire’’
ASSANE DIOMA NDIAYE SUR LE MANDAT DE LA CPI CONTRE NETANYAHU ET CONSORTS : ‘’Le Sénégal, en tant que signataire du Statut de Rome, a l’obligation de respecter ses engagements internationaux’’
LEADERSHIP PARLEMENTAIRE : Les alliances cachées et les ambitions dévoilées
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : Haro sur le pillage 
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué
THIÈS : La coalition Pastef rafle toutes les 15 communes