Publié le 14 Mar 2023 - 23:16
DÉTOURNEMENT DE BIENS APPARTENANT À LA COMMUNE DE KEUR MASSAR-NORD

Le maire Adama Sarr saisit l’inspection générale de l’administration de la justice

 

À la mairie de Keur Massar-Nord, l’actuel maire accuse son prédécesseur de refuser de restituer une ambulance et un pick-up. Une plainte a été déposée dans ce sens à l’Inspection générale de l’Administration de la justice.

 

Dans une demande adressée à la presse, l’actuel maire de Keur Massar-Nord avait convié les journalistes pour parler de son bilan après plus d’une année de gestion. Mais le débat sur une affaire d’ambulance et de pick-up que l’ancien maire refuse de rendre a été au cœur des débats.

Selon Adama Sarr, quand il a été élu à la tête de la commune, il a trouvé une mairie dénuée et toute délabrée. Sous ce rapport, a-t-il précisé, la prise en main et la mise en marche de l'institution n'ont pas été du tout faciles.

Dans la dévolution du patrimoine, une voiture pick-up et une ambulance ne sont toujours pas restituées, après 13 mois de gestion. ‘’Après réclamation auprès du préfet qui est restée sans suite, une plainte a été déposée contre l'ex-maire pour la restitution de ces biens communs et patrimoine de la commune. Mais nous avons usé dans un contexte très difficile de nos propres moyens pour mettre en place les différents services et les rendre fonctionnels pour assurer la continuité du service public dévolu à la commune, malgré l'absence de ligne budgétaire.

On s’est rendu compte que ni le procureur encore moins le juge n’ont voulu faire un geste pour élucider cette affaire. On sent la volonté manifeste de protéger un élément du régime qu’est le maire sortant. Notre plainte, nous l’avons déposée depuis le 6 avril 2022. Il faut qu’il sache que ce n’est pas moi qui ai déposé la plainte, mais le maire. Avec cela, on nous parle de justice équitable. Mais ce qui est sûr est que chaque mois, on va renouveler cette plainte jusqu’à obtenir gain de cause. On ne va pas baisser les bras. Ces biens qui appartiennent à la commune vont nous revenir. Aux dernières nouvelles, parait-il qu’il a offert l’ambulance à son village, mais il va nous le ramener, car ce n’est pas ses biens, mais ceux de la population massaroise’’, a tonné le maire.

En sus des deux biens qu’il a notés, la plainte parle aussi de corbillard et d’une autre voiture que l’ancienne équipe refuse de rendre. ‘’En fin de compte, on ne sait pas à quoi cela ressemble. Nous appelons la justice à réagir sur cette affaire. Il ne s’agit pas de politique. Elle a l’obligation de traiter cette affaire au lieu de protéger l’ex-maire. Si c’était une affaire qui implique un proche de l’opposition, on allait le diligenter depuis longtemps, mais c’est un maire issu de Yaw, on opte pour la loi de l’omerta. C’est frustrant cette situation. Mais il faut que cela soit clair : d’ici 2027, il va nous les rendre. On va gagner ce combat. Il faut que cela soit clair dans la tête de tout le monde. J’ai aussi porté plainte devant l’Inspection générale de l’Administration de la justice pour récupérer nos biens’’, a annoncé l’édile.

‘’Tant que je serai maire, je ne vais jamais donner d’autorisations de construire’’

Sur la gestion foncière, il est, selon lui, une véritable préoccupation des populations de sa commune, au regard de son importance et de son caractère très sensible. La commune de Keur Massar, qui a été la principale réserve foncière de Dakar, a vite grandi avec la forte demande en logements. Promoteurs immobiliers, spéculateurs et autres acteurs fonciers s'y sont investis. ‘’Il y a des espaces planifiés des villages traditionnels et des zones d'extension. Ainsi, il ne manque pas des litiges fonciers qui demandent un traitement en rapport avec tous les services compétents de l'État pour faciliter aux populations l'accès à des titres de propriété en bonne et due forme.

Sur la légalité de propriété, beaucoup disposent de pièces parfois non conformes. ‘’Loin de moi toute idée de les remettre en question’’, précise-t-il. Il est surtout question de régularisation pour permettre aux populations d’avoir des papiers légaux dans une dynamique participative et proactive des services de la mairie.  Dans les espaces planifiés et attribués par la SN/HLM, nous constatons des pratiques peu orthodoxes que nous allons dénoncer.

En effet, la SN/HLM, en violation du Code de l'urbanisme, est en train de procéder à des changements de destination et à des ventes illégales d'espaces collectifs. Ce qui est sûr est que les espaces que le DG de la SN/HLM vend, les acheteurs ont intérêt à venir récupérer leur argent, car tant que je serai maire, je ne vais jamais donner d’autorisations de construire à cet espace qui devrait accueillir un stade municipal. Comment on peut vendre un espace où on devrait construire une infrastructure pour des villas d’habitat ? Personne ne va y habiter. Que les acheteurs viennent chercher leur argent’’, a juré M. Sarr. 

Par ailleurs, il a été relayé dans la presse, la semaine dernière, l'arrestation d'un proche collaborateur de l'ancien maire Moustapha Mbengue, du nom de Cheikh Tidiane Cissé, pour faux et usage de faux en écriture administrative. L'affaire est pendante devant la justice.

Selon Adama Sarr, c’est une descente de la Brigade de recherches de la gendarmerie de Faidherbe chez M. Cissé et Diaraye Sow après des investigations, qui a abouti à ces arrestations. ‘’Nous ne pouvons pas entrer dans le fond du dossier, car l’enquête se poursuit. Mais ce qui est clair c'est que des documents qui ont trait à la gestion municipale ont été découverts à la suite des perquisitions et certainement d'autres arrestations pourraient suivre. Vous imaginez depuis qu’ils ont perdu la mairie, ils gardaient toujours des cachets. Le bon sens voudrait qu’il les détruise ou les rende.

Au contraire, ils les gardaient pour tromper les gens. Il vendait de faux documents entre 600 et 800 000 F CFA. C’est une honte. L’ancien maire Moustapha Mbengue crie partout qu’il était chez lui quand les gendarmes le cherchaient ; c’est faux. Il n’y était pas. D’ailleurs, il va répondre en tant que personne morale sur les cachets gardés alors qu’il n’est plus maire.  Nous irons jusqu’au bout avec cette affaire et toutes les têtes vont tomber. J’ai les preuves dans mon téléphone, mais je ne peux vous les montrer’’, a dit le maire de la commune de Keur Massar-Nord.

CHEIKH THIAM

 

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