Les fils de Ngoye s’engagent
Situé dans le département de Bambey, la Communauté rurale de Ngoye est l'une des collectivités locales de l’arrondissement dont il porte le nom. Aujourd’hui considéré comme l’une des plus grandes collectivités de la région de Diourbel, avec 213 km2, Ngoye souffre de régression. Pourtant, jadis sur la rampe du développement, cette bourgade de 44 714 habitants souffre de nos jours de plusieurs maux. Ici, les populations ont presque tourné le dos à l’agriculture qui jadis faisait d’elles des riches. À en croire les populations encore restées au village, les gens n’ont pas abandonné l’agriculture de leur propre chef.
Ils en sont arrivés à une telle situation, parce que, selon Michel Ngor Diouf, l’activité ne nourrit plus son homme et ce depuis quelques années. Aussi ajoute-t-il, les politiques agricoles incohérentes des différents gouvernements ont poussé les paysans à abandonner la culture, surtout celle de l’arachide. S’y ajoute que les sols de la localité ont été appauvris depuis quelques années et l’État n’a rien fait pour renverser la tendance. Pis, dans cette communauté rurale les structures sanitaires se comptent au bout des doigts. Selon toujours M. Diouf, le seul poste de santé de la localité ne dispose pas d’infirmier chef de poste et ce depuis quelques mois.
Les éleveurs ne sont pas mieux bien lotis. En effet, les jeunes éleveurs ne connaissent pas les délices du foyer puisque astreints à suivre le bétail à la recherche de pâturage. « Tous nos enfants sont à longueur d’année, soit au Joolof, soit au Fouta pour nourrir le bétail. Dans nos villages, toutes les terres ont été occupées, soit pour habitation soit pour la culture vivrière», constate avec regret Abdou Pouye, le président du collectif des chefs de village de Ngoye. Dans le domaine de l’hydraulique villageoise, Ngoye dispose de 7 forages, mais à l’heure actuelle, seuls trois sont fonctionnels. Même si les écoles primaires foisonnent dans la zone, la localité ne dispose pas encore de lycée. Une préoccupation pourtant toujours affichée, selon les acteurs.
Pour toutes ses raisons, les fils de la zone se sont levés comme un seul homme pour faire face. Ils viennent de créer le Réseau pour le développement de Ngoye (RDN). Une structure dont le seul objectif est de redynamiser l’activité économique dans la zone, afin de retrouver la cohésion sociale qui a toujours caractérisée Ngoye. Pour cela, les natifs du village ont pris, à l’occasion d’une assemblée générale à laquelle a pris part M. Madiaw Kandji, l’adjoint au sous-préfet, l’engagement d’enterrer leurs divergences, au plan politique, pour s'adonner à la satisfaction des problèmes de leur collectivité locale. «Nous voulons, à côté du Conseil rural, œuvrer pour la résolution des difficultés notées à Ngoye», dira Michel Ngor Diouf, un des initiateurs de la manifestation.
Il s’agira de compter sur les ressources humaines de la zone qui, selon le sous-préfet adjoint, ne dispose d’aucune richesse, si ce n’est celle humaine. Ce réseau ambitionne aussi de mener une vaste campagne de sensibilisation pour le paiement intégral de la taxe rurale, à ce titre, il ne manquera pas d’exiger des gouvernants de la collectivité une transparence sans faille dans la gestion des deniers publics.
Babacar Diouf