Une cimenterie à charbon (Dangote) dans un site écologique (les Niayes)
Les questions environnementales et de santé publique résultant de la pollution atmosphérique et des nappes aquifères, au regard de la dégradation avancée de la nature dans notre pays, deviennent très préoccupantes. Qu’il s’agisse de politique énergétique ou industrielle, de politique agricole ou d’habitat social, de réalisation d’infrastructures ou d’exploitation de ressources marines, le respect des normes environnementales doit être la première exigence dans les processus de production et la principale conditionnalité à l’agrément de tout projet.
Au Nord du Sénégal, le désert avance à grands pas sans qu’aucune mesure hardie de contre offensive ne soit prise. Dans le Sud, le centre et l’est du territoire national, la déforestation continue de plus bel et, à l’ouest sur le littoral, la poussée de l’habitat social est en train de faire disparaitre les mamelles de la biodiversité dans la zone agro-silvo –pastorale et forestières des niayes.
Mais, la création d’une cimenterie à Pout qui fonctionne avec une centrale électrique au charbon au cœur de la zone écologique des niayes, est l’agression la plus grave et la plus pernicieuse contre la nature ces dernières années au Sénégal et relève manifestement d’une industrialisation sauvage défiant toute rationalité économique et environnementale.
L’ampleur du désastre est tellement gravissime pour la vie des populations qu’un changement de paradigme dans les actions humaines et les politiques publiques par l’intégration entière de l’énergie propre dans les modes de vie et les systèmes de création de richesses sont, aujourd’hui, d’une nécessité absolue dans notre pays.
Paradoxalement, c’est à ce moment précis de l’exigence de la prise en compte du développement durable dans les politiques publiques qu’on décide au Sénégal de l’implantation inopportune d’une nouvelle industrie de ciment avec le choix technologique d’une centrale électrique à charbon et à refroidissement par eau tirée de la nappe phréatique ,au milieu du poumon vert de la zone des niayes, en violation flagrante du respect des normes environnementales.
Bien entendu, le ciment est un bien stratégique en amont de toute activité de construction et de réalisation d’infrastructures capitales pour le développement économique de nos états. A ce niveau, le Sénégal a été de tout temps autosuffisant en production de ciment et connait de nos jours une surproduction (offre de huit millions de tonnes par an pour une demande intérieure de deux millions) de ciment difficile à placer sur le marché international, au point que les deux industries actuelles existantes fonctionnent en sous capacité, lequel phénomène annule les économies d’échelle.
Si le Sénégal à encore besoin d’attirer des capitaux privés extérieurs, il n’en demeure pas moins que les investissements doivent être orientés vers les secteurs prioritaires de substitution aux importations, or, le ciment n’entrait pas dans le schéma de réduction du déficit de notre balance commerciale, sauf s’il s’agissait d’encourager la spéculation.
Pire, la création d’une troisième cimenterie à centrale électrique au charbon dans la zone des niayes accroit de façon exponentielle la destruction de l’écosystème avec la déforestation et la détérioration des sols, la pollution et la raréfaction des eaux souterraines et les rejets massifs de gaz à effet de serre, au grand dam des populations environnantes. Bien sûre qu’il y aura la création d’emplois, mais, à quel prix ?
Sous ce rapport, nous voudrions bien relever les efforts de la SOCOCIM –INDUSTRIES et du groupe VICAT de faire de la protection de l’environnement l’axe principale de sa politique industrielle avec une centrale électrique qui utilise come combustible le bio carburant, le gaz naturel et la bio masse.
L’utilisation de l’énergie verte annule en effet les émissions de gaz à effet de serre. De plus la reforestation et l’utilisation d’un système de collecte des eaux de pluie pour le refroidissement de ses moteurs par la création d’un lac artificiel épargne la nappe phréatique et préserve la ressource et régénère la biodiversité. Tous ces efforts de la SOCOCIM-INDUSTRIES pour un développement durable ont fini de démontrer à la face du monde que le groupe VICAT est avant tout un militant acharné de l’écologie, lesquels efforts lui ont valu tout récemment le renouvellement de la certification ISO 14001 par AFNOR qui impose le respect de 17 exigences normatives en matière de protection de l’environnement.
A ce titre, l’état du Sénégal, dans l’objectif de la préservation de la santé publique des populations et de la promotion du développement durable doit veiller au respect scrupuleux des normes environnementales par les industries sous peine de lourdes pénalités ou même de cessation d’activité à défaut d’une mutation technologique.
Kadialy Gassama, Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque