Le Sénégal et la France se penchent sur la coopération décentralisée
La coopération décentralisée entre le Sénégal et la France est traditionnelle. Désormais, cette tradition veut s’inscrire dans la modernité. Un dispositif conjoint d’appui à la coopération décentralisée a été mis en place pour harmoniser et corriger les dysfonctionnements.
Le Sénégal et la France entendent donner un nouveau souffle à leur partenariat. Ce qui justifie la mise en place d’un dispositif conjoint d’appui à la coopération décentralisée entre les deux pays. Premier dispositif du genre en Afrique subsaharienne (il était réservé aux pays émergents comme la Chine, le Brésil…), il a pour objectif de mieux assurer la cohérence et la mise en conformité des projets avec les orientations et stratégies retenus d’un commun accord, si l’on en croit le ministre de la gouvernance, Me Oumar Youm. Le premier comité de pilotage a eu lieu hier. Le projet est prévu pour 3 ans. La première année qui est la phase pilote est déjà dotée d’une enveloppe de 200 millions de F Cfa, avec 50% pour chaque partie. Il s’articule essentiellement sur trois axes : le développement économique local, l’appui institutionnel et le développement durable et les changements climatiques.
Cette initiative est partie du constat selon lequel la coopération entre les collectivités locales françaises et sénégalaises est très importante. A titre d’exemple, il a été recensé 114 contrats de convention relatifs à la coopération. Entre 2010 et 2015, 75 projets ont été initiés pour un cofinancement de 5,5 milliards F Cfa. Ces actions étaient cependant isolées et manquaient de suivi parce que non portées par des institutions. Il fallait donc, conclut le délégué à l’action extérieur des collectivités territoriales Bertrand Fort, un mécanisme de consolidation et de mise en cohérence qui s’appuie sur la concertation et la mutualisation si les collectivités interviennent sur le même terrain.
L’autre problème est que cette coopération bénéficie la plupart du temps aux mêmes collectivités, celles qui ont une diaspora dynamique. C’est ainsi que des régions comme Matam, Dakar et Saint-Louis en sont bien dotées. A l’inverse, Sédhiou, Kolda et Kaolack sont presque absentes du tableau des bénéficiaires. D’où l’accord de principe entre les deux parties de redéployer les actions et permettre ainsi à certaines régions de l’intérieur de faire l’objet d’une discrimination positive. Entre autres soucis, il y a également le suivi-évaluation des projets, un maillon faible, et l’incitation des entreprises privées à la participation.
BABACAR WILLANE