''La durée de vie de BBY sera comptée à partir des locales de 2014''
Le Dr Ousmane Ba, sociologue, a apprécié la sortie du parti Rewmi de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). A l’en croire, cela va clarifier le jeu politique. Toutefois, l’analyste politique estime que BBY survivra difficilement aux élections locales prévues l’année prochaine.
Qu'est-ce qui peut motiver la sortie d'Idrissa Seck de Benno Bokk Yaakaar ?
Depuis le 25 mars 2013, Idrissa Seck a toujours eu une position torpide par rapport à la marche du régime présidentiel. Or, nous n'avons pas cette culture politique qui fait que si nous sommes dans une coalition, chacun des partis peut avoir une position contraire à celle du régime. Ce qui fait que Idrissa Seck était mal vu au sein de la coalition BBY. Parce que les gens pensaient que vu la solidarité gouvernementale, il devait s'adresser directement au président de la République pour formuler ses critiques.
Ce départ éclaircit petit à petit le jeu politique avec le départ de Rewmi de Oumar Guèye. Peut-on s'attendre à d'autres départs comme celui de Pape Diouf ?
Le parti d'Idrissa Seck est un peu similaire au Pds des années 90. De 90 à 2000, ce parti a subi les mêmes conséquences avec les départs de Ousmane Ngom, Jean Paul Dias et autres. Le Parti socialiste de même avec les départs de Moustapha Niass, Djibo Leyti Kâ... Cela explique que les gens qui sont à l'intérieur de ces partis s'activent en fonction de leurs intérêts. Effectivement dans le parti Rewmi, souvent les gens pensent que Idrissa Seck n'est pas assez démocratique dans certaines décisions prises. Ce qui fait que la posture qu'entretiennent Pape Diouf et Oumar Guèye vis-à-vis de Macky Sall et vis-à-vis de leur parti, éclaircit de plus en plus le jeu politique. Le départ de Oumar Guèye est un coup de massue qui va non seulement diminuer le poids politique de Rewmi, mais peut influencer la décision de Pape Diouf qui, jusqu'ici est dans le clair-obscur...
Quelles peuvent être les conséquences de cette sortie dans le landernau politique ?
Les conséquences du retrait d'Idrissa Seck de la mouvance présidentielle donnent une nouvelle posture à l'opposition sénégalaise. Si on observe bien le jeu politique, l'on se rend compte que le Pds qui est le principal parti de l'opposition, ne peut à lui seul, prendre en charge toutes les préoccupations des populations sénégalaises. C'est un parti qui vient d'être démis du pouvoir et dont la majeure partie des leaders sont aujourd'hui poursuivis dans la traque des biens mal acquis. Idrissa Seck fraîchement venu au niveau de l'opposition va créer une nouvelle configuration du landernau politique sénégalais. Et même au niveau de BBY, ce départ d'Idrissa Seck pourrait favoriser une plus rapide affirmation de jeunes loups tels que Khalifa Sall (PS), Malick Gackou (AFP), etc., qui vont essayer de se positionner pour orienter les stratégies politiques de leurs partis et pour se dresser contre le régime de Macky Sall en perspective de l'élection présidentielle de 2017 (...) On ne peut pas être dans un gouvernement et en même temps critiquer l'action gouvernementale. De mon point de vue, d'ici aux élections locales, nous allons voir des dysfonctionnements au niveau de beaucoup de partis de la mouvance présidentielle. Mieux, la durée de vie de BBY sera comptée à partir des élections locales de mars 2014.
Les mêmes conséquences peuvent-elles se ressentir à l'Assemblée nationale ?
La question fondamentale qui mérite aujourd'hui d'être posée, c'est : ''Est-ce que les députés d'obédience Rewmi vont accepter la nouvelle ligne conductrice déclinée par le parti ?''. Est ce que le Rewmi va mettre en place un groupe parlementaire ? Autrement, est-ce qu'il va s'allier avec le Pds pour renforcer le groupe parlementaire libéral dans l'opposition ? Ou bien est-ce qu'il ne va pas essayer de négocier avec les autres députés non alignés et indépendants qui sont à l'hémicycle pour avoir un groupe parlementaire capable de s'affirmer par rapport aux aspirations des citoyens sénégalais ? Cette dernière option serait intéressante car on a l'impression que la mouvance présidentielle a absorbé tout ce qui existe comme forces sociales, citoyennes, civiles et politiques. Parce que maintenant tout le monde s'est rangé...