La colère noire de Macky Sall
Le président de la République a pris connaissance hier des différents rapports qui ont été faits sur l'affaire de la drogue dans la police. Un retour au bercail plutôt rude pour Macky Sall, énervé au plus haut point par cette affaire de narcotrafic. Des sanctions, dit-on, vont tomber.
Comme déjà annoncé par EnQuête, le président de la République a reçu hier sur sa table plusieurs rapports émanant de différents services de l'État sur l'affaire de la drogue dans la police. Notamment, celui de la Direction de l’Inspection des Services de Sécurité (DISS). Le moins que l'on puisse dire est que le président Macky Sall est dans une colère noire. Selon nos interlocuteurs, le président est particulièrement irrité par la gestion qui a été faite de cette affaire. Déjà, lors du dernier conseil des ministres, il avait laissé éclater sa colère. Notamment, en fustigeant la manière dont le ministre de l'Intérieur, le général Pathé Seck, avait géré cette affaire en la réduisant en une guéguerre entre de hauts responsables de la police. Aujourd'hui encore, Macky Sall n'a pas décoléré. Il est particulièrement irrité par la tournure qu'a prise cette affaire qui, selon lui, aurait dû être gérée avec plus de rigueur et de sérieux.
La thèse du coup monté
Avant son périple au Burkina Faso et au Congo Brazzaville, il avait diligenté des enquêtes dont les rapports lui ont été remis. Autant dire que des sanctions exemplaires vont être prises, à l'encontre de tous les fautifs. Selon nos interlocuteurs, une idée force ressort de toutes ces investigations : ''la thèse du coup monté''. Toute cette affaire serait cousue de fil blanc, avec en toile de fond une lutte acharnée pour le poste de directeur général de la police nationale. En clair, toutes ces manoeuvres auraient été initiées pour le poste de DG. Selon certaines sources, un haut gradé de la police qui postulait pour le strapontin, serait derrière le désormais ex-directeur général de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), le commissaire Cheikhna Keïta.
Enquête sur le patrimoine des mis en cause
En outre, il ressort de nos investigations que des enquêtes ont été menées pour déterminer le patrimoine de toutes les personnes impliquées dans cette affaire. Les enquêteurs se sont intéressés à leurs biens immobiliers et à leurs comptes bancaires. Ce n'est pas tout. Puisque tous les enregistrements, dont certains ont été retranscrits par EnQuête, ont atterri sur la table du président de la République. C'est peu que de dire qu'ils ont fait un raffut du diable au palais de la République. Le Président Macky Sall a lui pris le parti d'en rire. Il s'est montré fort amusé par certains propos du commissaire Keïta qui, il faut le dire, n'y est pas allé de main morte. Entre autres déclarations croustillantes, ou graves, c'est selon, il déclarait ceci, dans l'une des bandes sonores : «Dans mon pays, c'est des gens de mon rang et mon honorabilité qui postulent aux postes les plus élevés. Je suis plus gradé que Macky. Macky n'est pas du système de l'Administration. C'est un ingénieur ''xawma lan'' (je ne sais quoi) géologue, un ramasseur de pierres. Donc il n'existe pas hiérarchiquement. Je suis administrativement son patron. Le président de la République, en tant que Macky Sall, agent de l'État, je suis son patron ».