Manchester United veut entrer en Bourse, à New York
Le célèbre club de football britannique de Manchester United, employeur du Français Patrice Evra et de l'Anglais Wayne Rooney, a annoncé mardi 3 juillet qu'il souhaitait s'introduire en Bourse à New York pour lever des millions de dollars afin de se désendetter.
Le club renonce ainsi à un précédent projet d'introduction en Bourse à Singapour, une région où les liquidités sont abondantes et où il dispose d'une énorme base de fans. "Nous sommes l'une des équipes de sport les plus populaires et couronnées de succès au monde, jouant l'un des sports les plus populaires sur terre", vante "ManU" dans le prospectus boursier déposé mardi auprès de l'autorité des marchés américains, la SEC (Securities and Exchange Commission). "Au long de nos cent trente-quatre ans d'histoire, nous avons gagné soixante trophées, ce qui nous a permis de construire l'une des plus célèbres marques du monde et une communauté de six cent cinquante-neuf millions de fans", rappelle le club.
LE CLUB VANTE SES REVENUS MULTIPLES
Cette popularité lui permet de générer "des revenus multiples, y compris le parrainage, les produits dérivés et licences de produit, les recettes issues des nouveaux médias et appareils mobiles, la diffusion" et la vente de tickets, détaille le projet d'introduction boursière.
Selon ce document, le club veut lever jusqu'à 100 millions de dollars en Bourse, même si à ce stade le montant indiqué est souvent théorique. Ni la date d'entrée sur le marché ni le nombre d'actions ne sont pour l'instant précisés. Le club dit avoir dégagé un bénéfice de 12,6 millions de livres (19,7 millions de dollars) en 2011 pour un chiffre d'affaires de 331 millions de livres (518,5 millions de dollars). "Il reste à voir quel profit le football peut dégager aux Etats-Unis, pays dans lequel ce sport n'est pas très populaire", a commenté Jay Ritter, spécialiste de l'université de Floride. "L'endroit idéal pour s'inscrire aurait été la Bourse de Londres", a-t-il ajouté.
Parmi les facteurs de risque pour ses actionnaires, le club de football précise qu'il est "dépendant de la popularité et de la performance de son équipe" et de sa "capacité à retenir des employés clés, y compris les joueurs". Le club précise qu'il entend "utiliser tous les revenus nets de cette offre pour réduire son endettement", qui s'élevait à la fin du premier trimestre à 423,3 millions de livres (664 millions de dollars).
LA FAMILLE GLAZER
Manchester United a été racheté en 2005 par l'homme d'affaires américain Malcom Glazer, qui détient aussi des intérêts dans des clubs de football américain (les Tampa Bay Buccaneers), au cours d'une opération qui a largement alourdi la dette du groupe. Le titre avait alors été retiré de la Bourse de Londres, où il était coté depuis onze ans.
La société historique qui gère les affaires du club, Red Football Shareholder Limited, est devenue depuis le rachat par les Glazer une filiale d'une société mère enregistrée dans l'Etat américain du Delaware, qui a elle-même créé le 30 avril 2012 une autre filiale, Manchester United Ltd., enregistrée aux îles Caïmans. "Red Football LLC restera notre principal actionnaire et nous seront toujours propriété et contrôlés par les six descendants de M. Malcom Glazer" après l'opération boursière, avertit le club.
Les membres de la famille Glazer qui contrôlent et dirigent le club se verront en effet attribuer des actions de classe B assorties de droits de vote dix fois supérieures aux actions de classe A qui seront mises en Bourse. Selon le New York Times, cette structure aurait pu contribuer à rebuter les investisseurs asiatiques alors qu'elle est plus commune aux Etats-Unis, où des entreprises comme Facebook l'ont récemment adoptée.