Publié le 16 May 2015 - 12:37
ELEVAGE A LINGUERE

Le dimanche, le jour le plus long à Dahra !

 

La zone sylvo-pastorale est par essence une zone d’élevage. Et le foirail de Dahra en est une parfaite illustration. Mais ce qui frappe d’abord le visiteur, c’est l’état physique des bêtes. Elles sont plutôt chétives dans ce vaste domaine à ciel ouvert, lieu de rendez-vous des éleveurs du Sénégal, tous les dimanches.

 

Il est midi au foirail de Dahra. Le soleil est au zénith. Sous la forte canicule d’avril, le lieu grouille de monde venu de la ville, des bourgades du Djolof, de différentes localités du pays et de la sous-région pour s’approvisionner en petits et gros ruminants. En cette fin de matinée dominicale, on est loin de l’affluence des grands jours. Mais ce qui frappe d’abord le visiteur, c’est l’état physique des bêtes. Elles sont plutôt chétives dans ce vaste foirail à ciel ouvert, lieu de rendez-vous des éleveurs du Sénégal.

Sur place, grouille un monde hétéroclite. Eleveurs, camionneurs, chauffeurs de taxis-brousse appelés ‘’opou ya’’, charretiers, marchands ambulants, vendeuses d’eau glacée, gargotières, coiffeurs, téfankés, rabatteurs, etc., squattent les lieux de neuf à quinze heures. Les moutons, chèvres et bœufs sont l’épicentre d’une chaîne d’activités commerciales diverses sous l’égide des pouvoirs publics dont la municipalité. A côté des vendeuses d’eau, de bissap et de lait alignées sous des tentes de fortune, des restauratrices se hâtent de servir des plats de riz ou de viande avant 14h, heure de clôture. A proximité, des marchands venus du Baol pour la plupart proposent toutes sortes d’articles. A l’écart, c’est le foirail des chevaux et des ânes, non loin des vendeurs de poulets locaux. Assis à l’ombre des ‘’soumps’’ (variété d’arbre) rabougris, les camionneurs guettent la fin des opérations pour charger les bêtes en direction de Dakar et d’autres villes.

Dans un flux continu, les charretiers de la cité et des villages situés dans un rayon de 10 km assurent la navette entre le marché central et le foirail. Sacoche en bandoulière, stylo et blocs de reçus à la main, les percepteurs de la mairie ne chôment pas. Ici, en termes de revenus monétaires ou de bonnes affaires, le dimanche est en effet une journée particulière, non seulement pour les caisses de la ville, mais aussi pour toute une armée de jeunes et vieux débrouillards, hommes et femmes, accrochés à l’aubaine des caisses. Les téfankés (courtiers professionnels du bétail) côtoient les éleveurs du dimanche dont beaucoup d’enseignants pour qui les races de mouton ‘’ladoum’’, ‘’bali bali’’ ou ‘’toubabir’’ n’ont plus de secret.

À Dahra, tous les services fonctionnent à plein régime le dimanche : le centre de santé, les pharmacies, les banques, les ateliers de mécanique, etc. La mairie tient même une permanence, les radios communautaires adaptent leurs programmes. Pour la tranquillité des affaires, la sécurité est renforcée avec les gendarmes et leurs auxiliaires qui patrouillent comme en situation d’alerte.

Sous-secteur de l’élevage : les complaintes des acteurs

En cette dernière semaine du mois d’avril, il n’est pas facile de trouver un bon et gros bélier. C’est que la plupart des grands éleveurs du Koya (la vallée morte du Ferlo) ont déjà transhumé vers d’autres lieux à la recherche de pâturages. Destinations principales : le Saloum et la Falémé. De fait, ce sont quelques bêtes faméliques qui sont disponibles. Et en vertu du principe de l’offre et de la demande, c’est le poulet de chair qui a la cote. Chaque week-end, un ‘’gamou’’ est célébré quelque part dans le Djolof. Du coup, l’aviculture connaît un boum jamais égalé.

Le sous-secteur de l’élevage est considéré comme malade dans le département de Linguère. El Hadj Nguessory Ka (photo), président du foirail de Dahra, ne le nie pas. Entouré d’une nuée d’éleveurs, il se dit très désolé. ‘’Cette année, l’élevage est dans une situation inquiétante due au manque d’eau, dit-il. Cela est lié au déficit pluviométrique enregistré lors du dernier hivernage, à la sur-utilisation des forages et à l’inaccessibilité de l’aliment de bétail’’, soutient-il.

A l’arrivée, des conséquences désastreuses que le président du foirail de Dahra résume ainsi : ‘’Les moutons sont bazardés à des prix accessibles à toutes les bourses  au grand dam des éleveurs.’’ D’où cet appel lancé aux autorités : ‘’Nous lançons un véritable SOS à l’Etat du Sénégal. Il faut qu’il subventionne maintenant le prix du sac de 40 kg d’aliment de bétail’’, plaide-t-il. ‘’Le sac de fanes d’arachide coûte présentement 4 000 francs. Dans ces conditions, comment peut-on nourrir des centaines de têtes sans parler du remboursement des prêts bancaires ?’’ s’interroge-t-il perplexe.

Mamadou Ndiaye (Linguère)

 

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