''Ce ne sera pas résolu d'un coup de baguette magique''
Pour le Premier ministre, ''à aucun moment, la pression de la requête, l’impatience du demandeur d'emploi sous quelque forme qu'elle s'exprime, ne devra nous conduire à renoncer au langage de vérité''. Que la résolution de cette équation n'est pas du pain béni.
Actualité brûlante, l'équation de l'emploi des jeunes ''ne sera pas résolue d'un coup de baguette magique'', a déclaré le Premier ministre Abdoul Mbaye, hier à Dakar, en présidant la cérémonie d'installation du Comité de pilotage du forum sur le sujet. ''A aucun moment la pression de la requête, l’impatience du demandeur d'emploi sous quelque forme qu'elle s'exprime, ne devra nous conduire à renoncer au langage de vérité. A savoir que la question de l'emploi ne sera pas résolue d'un coup de baguette magique'', de l'avis de M. Mbaye.
Pour le chef du gouvernement, le recrutement de personnel au-delà des besoins nécessaires, des possibilités des structures publiques ou privées, n'est pas la solution. ''C'est pourquoi, l'heure me semble venue de traiter cette question sous l'angle d'un intérêt vital pour notre pays, pour son présent et pour son avenir et dès lors, extirper des schémas d'analyses et des démarches d'actions, toutes velléités claniques, réductrices et biaisées'', a indiqué Abdoul Mbaye. Selon lui, il convient de dépasser les démarches politisées et cosmétiques ainsi que les statistiques tronquées et galvaudées. ''Il importe de poser les termes d'un diagnostic clair, franc et courageux pour bien appréhender les raisons des échecs passés afin d'en tirer d'utiles enseignements.
Face aux urgences de l' heure, il faut analyser des niches d'emplois immédiats. Mais malgré la grande impatience, il faudra se souvenir que la solution de l'emploi de qualité, parce que durable, ne peut être que la conséquence d'une croissance organisée et tout aussi durable'', a souligné M. Mbaye. Il a jugé impératif de situer le rôle et la place de l'agriculture, des activités et services de leur programme de développement, comme facteurs de création d'emplois.
"Notre nouvelle démarche est de rupture, et nous devons saisir cette occasion pour redonner légitimement espoir et confiance à la jeunesse. Mais aussi à sonner la mobilisation et l'engagement de tous les acteurs et patriotes disposant de ressources, de moyens intellectuels, techniques, matériels et financiers, afin qu'ils prennent leur part dans cette croisade à dimension locale, régionale et nationale'', a indiqué le PM.
Le taux de chômage, entre 10 et 14%
De son côté, le représentant des employeurs, Mansour Cama, a estimé que le Sénégal reste prisonnier d'un schéma de formation qui ne peut donner des résultats escomptés en matière de création d'emplois. ''Malgré les efforts consentis, notre politique de formation demande a être améliorée de manière à accorder une prépondérance au besoin du marché. Nous avons besoin d'une vision plus stratégique de la formation professionnelle, des interrelations doivent exister entre formation et emplois, mais aussi entre ces deux pôles et la cible jeune'', a soutenu le non moins président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes).
A l'en croire, si les diagnostics sont partout les mêmes, des solutions pertinentes tardent à être trouvées malgré les nombreuses initiatives qui se succèdent. ''La population potentiellement active âgée de plus de 15 ans représentait, selon l'Agence nationale de la démographie et de la statistique, 7 299 000 personnes en 2010 contre 5 678 000 en 2002, avec une demande additionnelle de 202 000 nouveaux demandeurs d'emplois en moyenne concentrée en majorité dans la capitale, en banlieue et dans les villes de l’intérieur.
Et toujours selon ces mêmes statistiques, le taux de chômage varie entre 10 et 14% et reste très élevé dans la tranche 13 à 34 ans de la population. Le taux de sous emploi est de 15,2% et celui d'activités globale de 50%'', a relevé Mansour Cama.
Viviane DIATTA