''Je veux un mari sénégalais''
Teint noir, élancée, taille plume, Adji Dieng, plus connue sous le sobriquet de Dji Dieng, est un mannequin d’origine sénégalaise qui a défilé pour les plus grandes marques du monde. Elle a donc égayé des sa démarche chaloupée les plus prestigieuses rencontres internationales de mode. En vacances au Sénégal, elle crèche chez sa grand-mère à Sicap Baobab où le Top model a reçu hier, tôt le matin, EnQuête. Blue-jean, gilet de ton jaune moutarde et foulard en wax noué sur la tête, Dji Dieng semble en forme. Bien installée dans le salon, elle s’est confiée sans chichi et en toute simplicité. Et sans détours : poses nues, projets au Sénégal, relations avec l’autre Top model sénégalaise vivant en Italie, Nogui Dieng, avis sur le mannequinat sénégalais, son rôle d'’ambassadeur de l’Unesco et combat contre le cancer du sein.
Qui est Dji Dieng en quelques mots ?
Je suis Sénégalaise et mannequin. Je suis née à Thiès. C’est ma grand-mère qui m’a éduquée jusqu’à l’âge de 12 ans. C’est à ce moment que je suis allée rejoindre ma mère en France.
Peut-on savoir dans quel cadre vous êtes au Sénégal ?
Je suis là juste pour passer mes vacances. Je suis là aussi pour voir ma famille.
Comment êtes-vous arrivée dans le mannequinat ?
Un jour, je suis sortie pour faire du shopping. Quelqu’un m’a vue et m’a dit que je pouvais être mannequin. Ce n’était pas la première personne à me le dire. Sauf qu'il travaillait dans une grande agence dénommée Metropolitan. Il m’a donné sa carte. Quand je suis rentrée à la maison, j’ai montré cela à ma mère. A l’époque, je faisais des études de droit pour devenir avocate. Quand j’en ai parlé à ma mère, elle m’a encouragée et m’a dit : ''Pourquoi tu ne tenterais pas ta chance ?'' Je me suis rendue à l'agence, j’ai discuté avec les gens et un contrat m’a été proposé. Je l’ai lu et signé. Quelques jours après, il y a eu le casting pour un maquillage de ''Make up forever''. C’était le premier produit pour Noir qu’il faisait. Je suis allée au casting et il y avait de grandes vedettes du mannequinat. Des gens que je ne voyais qu’à la télé. Je me suis regardée en me demandant ce que je faisais là. J’avais le numéro 367. Quand mon tour est arrivé, on m’a demandé mon book, je leur ai dit que je n’en avais pas et que je suis devenue mannequin, il y a juste une semaine. On m’a demandé de me mettre en position et des photos ont été prises en polar. Quelques jours après, l’agence m’a téléphoné pour me dire que c’est moi qui suis retenue pour la campagne. J’ai répondu : ''C’est bien''. On m’a alors dit : ''quoi, tu ne sautes pas de joie !'' J’ai dit non, moi j’ai les pieds sur terre. J’avais ma photo partout à Paris. Une belle photo en plus. C’était vraiment bien.
Quelle est la première grande marque pour laquelle vous avez défilé ?
C’est Torrente. J’ai fait l’entrée et la finale. C’était un défilé sur Kirikou et j’étais Karamba la sorcière. J’avais un bois lourd que je traînais. Mais c’était bien. Il y avait ma maman dans la salle et elle criait toute fière : ''C’est ma fille, c’est ma fille''.
Vous voudriez-bien énumérer les grandes marques qui ont fait appel à vos services à ce jour ?
Waouw ! il y en a beaucoup. J’ai défilé presque pour toutes les grandes marques : Gaultier, Cavalli, Christian Dior, etc. J’ai défilé dans beaucoup de pays. J’ai fait la Fashion week de Paris, de New-York, etc.
Que pensez-vous du mannequinat sénégalais ?
Cela avance. Avant ce n’était pas cela, mais maintenant çà s’améliore.
Avez-vous des projets pour le Sénégal ?
Oui, je veux revenir ici en 2014 et organiser un défilé. Ce sera à but caritatif. Je vais inviter des mannequins et des créateurs. Mais il me faut une association avec laquelle travailler. Je l’ai déjà fait dans d’autres pays avec l’Unesco.
Justement vous êtes ambassadeur de l’Unesco, en quoi consiste votre rôle ?
Alors, cela dure depuis quelques années déjà. On cible des pays où on organise de grands défilés et j’invite mes amis mannequins et couturiers. On organise avec une association et tous les sous gagnés lui sont reversés. Quand j’ai été choisie par l’Unesco, déjà, j’ai commencé à verser 10% de mon cachet pour le social. J’aime aider. Toute petite, je voyais ma grand-mère beaucoup faire pour ceux qui l’entourent, elle aidait énormément de personnes. Je rêvais de pouvoir un jour faire comme elle. Et l’Unesco m’offre l’opportunité de le faire. On a organisé des défilés en Afrique du Sud, au Monténégro, au Sri Lanka, en Namibie, à Belgrade, etc. Pourquoi pas au Sénégal ? On n’est pas prophète chez soi mais j’ambitionne de faire beaucoup de choses pour mon pays.
Vous battez-vous personnellement pour une cause ?
Je me bats contre le cancer du sein. Je m’engage pour cette lutte et souhaite beaucoup faire dans ce sens. Je veux aussi aider les enfants. Je les adore et je ne supporte pas de les voir souffrir.
Si vous aviez un conseil à donner aux femmes concernant le cancer du sein, que leur diriez-vous ?
Je leur demanderais d’aller faire le dépistage. Il est bon de faire une mammographie et savoir où on en est. Ainsi, s’il y a problème, il peut être vite pris en charge.
Vous considérez-vous comme ambassadeur du Sénégal ?
Oui, je voyage beaucoup dans le cadre de mon travail. Mais je ne dis même pas que je suis Franco-sénégalaise, je dis juste que je suis Sénégalaise. Je me comporte bien et d’une manière digne sans oublier d’où je viens et les valeurs qui ont bercé mon enfance.
Une vraie Sénégalaise sait tenir une maison...
Ooh que oui ! Avant que je ne voyage, ma grand-mère m’a appris tout ce qu’une femme doit savoir. Je sais cuisiner et tenir une maison. Je sais faire du ceeb, du daxin, du mbaxal et j’en passe. Quand je suis à Paris, dès que je termine mes défilés, je rentre chez moi faire la cuisine ou la vaisselle. Je suis comme toutes les femmes.
Vous vous voyez avec un mari sénégalais ?
Bien sûr ! Ma mère s’est mariée avec un Blanc depuis 20 ans déjà, mais moi je veux un Sénégalais. Cependant, il faut d’abord que je trouve un copain. Je suis célibataire. Je ne sais pas ce que les hommes attendent (rire).
Seriez-vous d’abord difficile ?
Non, du tout. Je suis quelqu’un de très simple. Je suis une Yaye Fall qui ne se complique pas la vie. Les paillettes, c’est juste le podium. Après, je suis comme vous me voyez là, toute simple. Je ne me maquille même pas. Je sors, ici dans le quartier, avec mes chaussures tic-tic (chaussure en plastique). Les gens se demandent pourquoi je fais cela, ce n’est pour rien du tout ! C’est juste que j’adore les chaussures tic-tic, j’en ai de diverses couleurs. J’en ai acheté ici, en Chine et ailleurs. Le soir, je peux m’habiller et après mettre des tic-tic pour aller en boîte, et je suis à l’aise.
Dji Dieng a déjà posé nue et cela à fait couler beaucoup de salive au Sénégal. Comment avez-vous vécu ces moments-là ?
J’ai posé nue pour une cause noble et bien déterminée. C’était pour une campagne aux USA en faveur des animaux. On a vendu cette photo à des millions et cela a permis quelque part de financer cette campagne. En plus, je n’étais pas seule. Il y avait beaucoup de Top models de grande renommée qui y ont pris part. C’était pour la bonne cause, et heureusement ma famille l’a bien compris. Les commentaires et critiques ne m’ont pas choquée parce que je sais ce qu’il y avait derrière cette photo-là. Mes parents savent qui je suis. Je suis une personne de caractère qui sait ce qu’elle veut.
Vous ne regrettez donc pas ?
Non du tout. Parce que j’aime beaucoup les animaux. Vous avez-vous-même vu que j’en ai à la maison (elle a deux chiens chez elle, Ndlr). Si c’était à refaire, je le ferais. Je le répète, les critiques ne m’ont pas touchée. Les gens ici en ont beaucoup parlé, mais je me dis juste qu’ils sont choqués parce qu’ils n’ont pas compris mes motivations. Cette photo, c’est de l’art et je suis artiste. Il n’y a aucune perversion dedans.
Comment l'a pris votre entourage au Sénégal ?
Il n'y a pas eu de problèmes. Ils me connaissent et savent que je suis quelqu’un qui sait ce qu’il veut et qui est respectable.
Quels rapports entretenez-vous avec les Top models sénégalais vivant en Europe, comme Nogui Dieng ?
Nogui, c’est moi qui l’ai lancée. C’est moi qui l’ai présentée à mon manager. Mais les gens, vous pouvez faire quelque chose de bien pour eux après... (elle ne termine pas sa phrase)
Vous avez des problèmes avec elle ?
Qui, Nogui ? Non, du tout ! Je l’ai eue au téléphone, il n’y a pas longtemps. C’est ma petite-sœur. Non, on n'a aucun problème. Quand elle était à Londres, elle habitait chez mon grand-frère. Tout va bien.
A l'instar de ce que vous avez fait pour Nogui, êtes-vous prête à aider d'autres filles qui ont un potentiel ?
Oui, pourquoi pas. Je trouve qu’il y a des filles qui sont là et qui ont du potentiel. Elles peuvent percer sur l’international. Il faut juste avoir les pieds sur terre et du caractère. Il y a beaucoup de difficultés dans ce métier.
A quelles difficultés avez-vous personnellement fait face ?
Heureusement, je n’ai jamais été confrontée à ces difficultés. Je n’ai pas eu de problème de racisme ni de chantage sexuel. J’ai une force de caractère qui me sert de barrage, on ne la transperce pas facilement. Et çà, il faut que les filles l’aient pour faire face.