Publié le 6 Mar 2016 - 23:04
EN PRIVE AVEC KEUR-GUI

‘’Y en a marre nous a ouvert des portes mais…’’

 

Ils ont quitté Kaolack pour s’installer à Dakar et s’imposer dans l’univers du hip-hop. Aujourd’hui, ils peuvent se targuer d’avoir réussi là où beaucoup ont échoué, car leurs pairs ont souvent clamé que le rap est l’affaire des ‘’boys town’’. Lamine Mbessane Seck dit Kilifeu et Omar Cyrille Touré aka Thiate de Keur-Gui crew sont aujourd’hui incontournables dans le hip-hop sénégalais. Non pas seulement parce qu’ils sont dans un registre assez particulier, mais aussi et surtout grâce à leurs textes engagés. Aujourd’hui, le duo qui est loin de l’usure fête ses 20 ans de carrière. Un évènement qui, comme leur style musical et leur manière d’être ( afro et torse nu sur scène) se veut assez singulier avec des tickets d’entrée Grand-théâtre de Dakar coûtant entre 1 million et 5000 Francs Cfa. Une première au Sénégal qui suscite quelques interrogations. Actuellement, sur la dernière ligne droite, ils ont reçu hier l’équipe d’EnQuête au quartier Nord-foire dans un lieu carrément ‘’underground’’. Et c’est autour d’un thé bien chaud et agréablement servi que tout se dit. Entretien.

 

Parlez-nous des préparatifs des 20 ans de Keur-Gui

Thiate : On va fêter cela d’une manière vraiment inédite. On veut faire une tournée qui va durer 6 mois. On ouvre au Grand-théâtre ce 12 mars et on termine aux Usa au mois de septembre. Entre temps on fera un concert à Diourbel le 26 mars, après on sera à Tamba et le 30 avril on sera à Kaolack. Puis nous irons à Bamako, à Nouakchott, à Conakry, à Ouagadougou, à Lagos, Paris, Marseille, Berlin, Amsterdam, Copenhague, Valencia, Bilbao, Madrid. Pour les Usa on fera Washington et New-York. Voilà ce qu’on entend faire pour les 20 ans de Keur-Gui.

Pourquoi avez-vous décidé de commencer par Dakar et non pas Kaolack votre fief ?

Thiate : Quand on a sorti notre dernier album (ndlr Encyclopédie) on a commencé par Kaolack. Mais il faut savoir qu’on est parti de Kaolack et qu’on compte faire dans notre ville un très grand concert après la tournée. Nous voulons montrer aux Kaolackois que tout a démarré ici, tout va se terminer ici. On célèbre nos 20 ans et nous allons terminer la tournée ici avec en apothéose un concert plein air. Donc, il faut trouver les ressources en organisant des concerts payants.

Le Grand-théâtre n’est-il pas trop petit pour fêter 20 ans de carrière ?

Thiate : C’est trop petit comparé au show de l’année dernière. On l’avait organisé au stade et il y avait 12 mille personnes. C’est trop petit mais ce qu’il faut comprendre c’est que nous avons des amis et des fans qui ont vu le groupe naître et qui aujourd’hui sont des directeurs de société, des magistrats, avocats, des pères de famille, des émigrés. Ils ont envie de nous voir sur scène mais ce serait un peu difficile pour eux de venir au stade. Il se trouve aussi que la scène qu’on veut présenter on ne peut la présenter nulle part ailleurs qu’au Grand-théâtre. Il y a déjà une moitié des équipements au Grand-théâtre qui nous permettraient de faire de ce que nous avons envie de faire le 12 mars. Parce qu’on compte mettre 55 personnes sur scène pour le show avec un décor qui nous est propre et l’ambiance qu’on aimerait avoir. Vous verrez un réaménagement des places du Grand-théâtre. Ce sera un truc de ouf (comprenez fou) vous allez voir .

Ce ne sera pas le Keur-Gui de la rue ?

Thiate : Si, ce sera le Keur-Gui de la rue. Parce que ce Keur-Gui là on le présente à Thiaroye, à Ndiaganiao, à New-York, etc. ça ne change pas.

Est-ce par rapport à ce public là que vous vendez des tickets à un million ?

Thiate : On est en train de mener notre carrière depuis 20 ans, maintenant, nous pensons que nous sommes des rappeurs et nous ne sommes que des rappeurs. Ce que nous faisons comme métier est très noble. Chaque fois que le peuple a besoin de nous on met de côté notre casquette d’artiste et portons celle du citoyen pour s’investir dans la rue. Ce que nous faisons, nous l’estimons a plus que le coût du billet. Ce qu’il faut savoir et comprendre c’est que les Sénégalais aiment spéculer sur des bêtises. Les lutteurs pour un combat on leur paie 100 millions. Un mbalaxman a vendu ici un Cd à 8 millions. Un tableau d’art peut coûter 100 millions. Alors pourquoi ne devrait-on pas vendre notre show a un million de Frs Cfa. C’est là où se trouve le débat. Et le plus déplorable c’est que ce sont des rappeurs qui le disent à gauche et à droite. Et ces rappeurs, quand on leur a payés des cachets d’un million  pendant le Fesman, personne d’entre eux n’a trouvé que cette somme était trop élevée. Il faut être sérieux. Et nous ce que nous faisons ce n’est pas pour nous.

C’est Tyson qui a révolutionné la lutte. C’est avec lui que les promoteurs ont commencé à payer 50 millions. Mais aujourd’hui c’est Balla Gaye, Modou Lô, etc qui profitent des cachets de 150 millions. Nous pensons aux générations futures. Nous traçons la voie pour elles afin que ces jeunes-là puissent vivre de leur art. Et être rappeur ne signifie pas être misérable. Nous voulons avoir une vie stable comme tout le monde, une vie de famille comme tout le monde, des villas, etc. Et je vous assure que le spectacle que nous voulons présenter vaut bien plus qu’un million. Mais ce qu’il faut comprendre c’est qu’à côté des tickets à un million il y a des tickets qui coûtent 5000 Frs, 10000 Frs, 100 mille, 250 mille et 500 mille. Et c’est pour toutes les bourses.

 Est-ce que vous arrivez à écouler vos tickets à un million ?

Thiate : On a commencé à vendre les tickets à un million, sinon on n’aurait pas fait notre concert. On en avait sorti 30 et là on en a vendu plus de la moitié. Cela nous permet de faire notre concert parce qu’on a aucun sponsor. Imaginez, il y a 55 artistes qui viennent répéter tous les jours et on leur donne tous les jours à chacun 3000 mille Frs Cfa pour le transport en plus de leur manger. On répète depuis 40 jours. Si on n’avait pas vendu ces tickets, on ne pourrait pas faire notre concert. Les sponsors au Sénégal ne suivent pas le hip-hop. Et nous Keur-Gui, personne ne veut nous sponsoriser. Je ne sais pas pourquoi et de quoi ils ont peur. C’est déplorable. Personne ne veut nous sponsoriser. Mais on a les meilleurs des sponsors qui sont ‘’Yalla’’ (ndlr Dieu en wolof) et le peuple sénégalais qui comprennent notre cause et soutiennent nos activités.

Avez-vous introduit des demandes de sponsors ?

Thiate : On a frappé à mille et N portes. Ce qui est paradoxal, c’est que nous avons refusé le sponsoring des multinationales internationales installées au Sénégal. Il y en a qui étaient prêtes à nous donner plus que les 84 millions du budget prévu. Mais comme nous sommes des patriotes et prônons le patriotisme économique, nous ne voulons pas nous affilier à certaines multinationales. On  s’était rabattus sur les sociétés et entreprises nationales, mais elles sont frileuses et ne veulent pas danser avec nous. C’est dommage !

 Est-ce à dire que votre engagement citoyen vous coûte cher ?

Thiate : Ca nous coûte cher, mais on a le respect des autres et c’est cela le plus important. Aujourd’hui, nous préférons rester des types pauvres plutôt que de pauvres types. Et cela est important. Pour ceux qui ne comprennent pas notre engagement c’est dommage pour eux. Cela n’a rien à voir avec les artistes que nous sommes. Nous allons fêter un anniversaire et c’est à travers la musique, un spectacle. Cela n’a rien à voir avec notre activisme. Aussi, avant d’être artistes, nous sommes des citoyens. Et nous serons toujours là quand le peuple aura besoin de nous. Maintenant, on fera notre art comme on l’entend. Nous ne sommes pas des politiciens ni des banquiers.

Nous sommes des artistes et l’art vaut cher. Nous savons combien nous avons dépensé pour faire cet album, et il nous donne entière satisfaction. Aujourd’hui, nous sommes dans la course pour prétendre au disque d’or africain. Après, on ira à Londres pour voir ce qui va se passer. Nous appelons les Sénégalais à acheter les 6000 Cd qu’il nous reste à vendre pour qu’on ait 50 mille Cd vendus. Les 6 mille Cd nous permettront d’atteindre la vente de 25 mille albums. Comme çà on aura 50 mille Cd. Parce que ‘’Encyclopédie’’ est un double album. Ainsi, on pourra concurrencer le groupe ivoirien qui est en pôle position avec 75 mille Cd vendus. Nous espérons que les Sénégalais auront compris notre message. Et le 12 mars, il y aura des Cd à vendre à la porte et ceux qui auront envie d’acheter l’album pourront le faire.

Vous avez vendu autant de Cd et les gens pensent malgré tout que sans l’apport de Y en a marre Keur-Gui ne pèse pas lourd. Vous leur répondez quoi ?

Thiate : Il faut s’intéresser à Keur-Gui pour savoir si c’est le cas ou pas.

Kilifeu : Cela fait deux ans qu’on n’est pas actif dans Y en a marre. Depuis la sortie de notre album on n’est presque jamais là. D’ailleurs, Aliou Sané et les autres nous charrient en nous disant que nous n’habitons plus au Sénégal. Il faut aussi que les Sénégalais soient cohérents. Si nous sommes absents du pays parce que nous sommes pris par notre métier, ils nous reprochent de ne plus être là pour eux. Et quand aussi on est là pour eux à travers Y en a marre, ils nous critiquent. Il faut aussi que les gens sachent ce qu’ils veulent. Nous sommes des artistes à la base.

Mais je pense que quand le peuple souffre même un khalife général doit mettre de côté sa casquette religieuse pour être aux côtés du peuple. Nous, c’est ainsi qu’on conçoit les choses, c’est pour cela que nous nous comportons ainsi. Mais il y a beaucoup de gens avec qui nous ne partageons pas la même conception des choses. Ce qui rend difficile les choses. Dieu merci, nous sommes des artistes et sommes le groupe de rap qui marche le mieux en Afrique. Depuis la sortie de ‘’Encyclopédie’’, nous avons fait plus de 20 concerts à l’étranger. On a même presté dans un pays où au Sénégal seuls Youssou Ndour et Cheikh Lô, si je ne m’abuse, y ont joué.

C’est le Japon. Eux y étaient grâce à un sommet de la Francophonie alors que nous, nous y étions grâce à un promoteur qui a signé un contrat avec nous pour qu’on vienne jouer là-bas. On a participé à près de quatre shows là-bas. Et pour tous les concerts joués à l’étranger ce n’est pas Keur-Gui qui organise. Ce sont des gens qui nous contactent et nous engagent. Et ce sont de grands évènements comme le Sima par exemple. On a fait beaucoup de pays d’Afrique avec cet album. Au Sénégal, on a fait toutes les régions sans sponsor. Je ne vois pas pourquoi les gens pensent que ce que nous avons, nous le devons à Y en a marre.

Y en a marre  ne vous a pas donc permis d’être riche ?

Kilifeu : Ceux qui sont honnêtes savent que si Y en a marre ne nous appauvrit pas, il ne peut pas nous enrichir. Il n’y a pas d’argent dans ce mouvement. On ne bénéficie d’aucune faveur. Quand Abdoulaye Wade était au pouvoir, tout le monde savait qu’il nous avait proposé de l’argent et même beaucoup d’argent. Nous avons refusé de prendre cet argent là. Quand Macky a été élu tout le monde sait qu’il nous a proposé d’intégrer son gouvernement et d’autres avantages, on n’a pas accepté. Honnêtement, les gens savent cela. Si en disant que  Y en a marre à de l’argent ils font référence aux financements des ONG, ils doivent comprendre que nous ne voyons même pas la couleur de l’argent. Pour être soutenu par une ONG, il faut avoir un projet bien ficelé à leur proposer. Si cela les intéresse, l’ONG te subventionne.

Concernant Y en a marre l’argent du financement est géré par Enda Lead. On n’a jamais vu la totalité de cet argent. Il n’y a pas un seul d’entre nous qui fait partie des gestionnaires de cet argent. Quand on va en mission on va déposer le projet à Enda Lead en leur disant que nous allons par exemple à Kédougou pour ‘’wax ak sa député’’ financé par Osiwa. On leur dit qu’on a besoin d’une 4/4 pour quatre jours et c’est 75 mille Frs quotidiennement, d’une auberge et de quoi manger. En plus de cela, ceux qui vont en mission ont droit à un per diem de 25 mille Frs. Enda Lead comptabilise et donne cet argent. Et il faut pour chaque déplacement des factures à déposer pour justifier chacune des dépenses faites. Vous pensez que cela peut enrichir quelqu’un. Ce n’est pas possible. Nous notre métier c’est le rap, et c’est le fruit de notre travail qui nous permet de vivre correctement.

Thiate : Notre album coûte 5000 Frs et 10 mille albums vendus c’est 50 millions compte non tenu de nos tournées. Les vidéos de ces dernières sont disponibles sur la toile, tout le monde peut les voir. Il faut que les gens calculent cela de temps à autre. Il faut que les gens aillent au Bureau sénégalais du droit d’auteur demander si Keur-Gui a vendu 100 albums ou deux albums. Nous on est quitte avec notre conscience, tout comme les autres membres de Y en a marre. Et jamais vous n’avez entendu quelqu’un dire que c’est moi qui ai financé Y en a marre. Depuis la naissance de Y en a marre, ce ne sont que des supputations. Aujourd’hui, on parle de Moustapha Niasse, demain les ONG, après Lamine Diack, demain on dira encore l’Arabie Saoudite. Mais vous n’entendrez jamais quelqu’un dire que c’est moi qui finance Y en a marre, parce que cette personne là n’existe pas.

Mais vous ne niez pas le fait que grâce à Y en a marre, Keur-Gui a vu beaucoup de portes s’ouvrir à lui plus facilement?

Thiate : On ne peut pas dire à 100% que c’est faux. Franchement Y en a marre nous a permis d’avoir des opportunités que nous n’avions pas. C’est honnête et c’est naturel. Nous faisons partie d’un mouvement hyper important dans le monde aujourd’hui. Il a été primé par la Fondation Prince Klaus. Un prix donné par la reine d’Amsterdam. Cela veut dire que mondialement le mouvement est reconnu et qu’il est en train de faire un travail remarquable en Afrique. Cependant, faire partie de Y en a marre a des avantages mais aussi des inconvénients.

Il y a beaucoup de pays où des gens veulent que Keur-Gui viennent y animer un concert mais on ne peut pas à cause de Y en a marre. Un promoteur équato-guinéen voulait qu’on vienne jouer là-bas, mais il n’a pas pu nous faire entrer dans ce pays. C’est pareil en Gambie, au Gabon, Mauritanie. Cela nous bloque. Mais aujourd’hui, le plus gros avantage pour moi, c’est qu’au Sénégal, il y a de grandes personnes qui n’écoutaient pas le hip-hop et qui le font aujourd’hui grâce à nous. Donc, nous avons fait plus la promotion du hip-hop que celui du groupe. Nous avons hissé le niveau très haut et il faudra venir au Grand-théâtre pour voir cela.

Kilifeu : Des portes ouvertes grâce à Y en a marre, c’est naturel et c’est normal. C’est comme si tu mettais au monde un enfant, tu l’éduques et lui paies ses études. Il trouve un bon travail et t’amène à la Mecque. Mais, on ne dira pas que, si ce n’était pas lui, tu n’irais pas à la Mecque, en oubliant que si tu ne l’avais pas mis au monde et aidé à grandir, il n’aurait pas pu faire cela. Le mérite te revient donc en premier. C’est une fierté pour nous. Parce que quand il a fallu prendre position, on l’a fait. Quand il a fallu s’impliquer aussi dans la lutte on s’est impliqué. Je n’arrive pas à comprendre que cela fasse mal à certains qu’on ait des opportunités grâce à ce mouvement.

Y en a marre, plus il nous ouvre des portes, plus il nous bloque. On est classé 2 éme au Sima à cause de notre engagement. Le jury était composé de 5 personnes. Toutes ont convenu que nous avons fait la meilleure prestation. Mais vu que les Chefs d’Etat les soutiennent quand ils organisent dans leurs pays, ils n’ont pas voulu ne plus avoir d’hôtes. Parce qu’ils se sont dit, si nous gagnions, c’est comme si le Sima cautionnait notre engagement. Deux des membres du jury se sont battus et ont campé sur leurs positions, c’est pour cela même qu’on est arrivé deuxième.

Thiate : La mentalité sénégalaise est telle que celui qui innove est toujours la cible. Quand tu fais des pas en avant tu es la cible. D’ailleurs, nous concernant, c’est quand il y a beaucoup de critiques et de jalousie que l’on sait qu’on avance. Il faut que les gens arrêtent d’animer les débats de bancs ‘’diaxlé’’. S’il y avait une tache d’huile sur notre carrière ou les 5 ans de Y en a marre, les journalistes seront les premiers à le montrer. Si les journalistes qui furètent partout des informations peinent à le démontrer c’est qu’il n’y a pas de ‘’dossiers’’ à sortir sur nous.

Quel bilan tirez-vous de vos 20 ans de carrière ?

Thiate : Satisfaisant. Tout le monde dit que notre courbe est ascendante. Alhamdoulilah, on n’a pas une courbe en dent de scie. On n’a pas une carrière en déclin, on rend grâce à Dieu. C’est aussi une lourde responsabilité pour nous parce quand on a sorti l’album ‘’Ken Bugul’’, les gens ont dit «passable. Pour ‘’Liy ram’’, ils ont dit qu’il était acceptable, ‘’Nos connes-doléances’’ très bien et ‘’Encyclopédie’’, excellent. Donc, le prochain qui va s’appeler ‘’Secret d’Etat’’ nous voudrions que ce soit formidable et ça le sera avec mention. Tant qu’on n’aura pas amené des grammys, des disques d’or et des disques de platines, on ne s’arrêtera pas.

Et nous espérons qu’avec le prochain album, on aura tout cela pour ne rien devoir au rap sénégalais. C’est notre ambition. On veut faire des choses qu’aucun rappeur n’a faites au Sénégal. Et cela se confirme par le concert du 12 mars. Car tout y est innovation. Les tickets sont des cartes avec des codes que personne ne peut trafiquer. On prévoit un spectacle inédit et le conducteur même du grand théâtre, la disposition du public tout va changer. Cela coûte cher, mais on veut marquer le point, marquer nos vingt ans de manière vraiment mémorable. Après on voudra que les gens mettent une statue de Keur-Gui au Grand-théâtre parce que ça nous appartiendra. Et l’année prochaine nous irons à Bercy ou au pire des cas au Zénith.

Quels ont été les plus beaux jours que vous avez vécus ensemble ?

Kilifeu : Le plus beau jour pour moi est le jour où on a créé le groupe. C’était de très bons moments. Mais le bonheur ne s’est pas arrêté là.

Thiate : On a eu beaucoup de trophées comme ceux du meilleur album, du meilleur groupe, de la meilleure vente, de la meilleure prestation scénique, etc. On a parcouru le monde ensemble, mais ce n’est pas ce qui a été le plus important. Le plus important pour nous c’est humainement ce qui s’est créé. On n’est même pas une famille, on est plus que cela. D’ailleurs, pour l’événement la marraine est Sofia Sow avec qui on a cheminé.  Sinon, on a eu pas mal de moments heureux, comme quand on nous a appelés pour notre première tournée en Europe. Aux Etats-Unis, partagez la scène avec de grands musiciens comme Naz, Lauryn Hill, voir nos affiches en pleine rue à Washington, était une chose extraordinaire. Cela nous a fait énormément plaisir. Le meilleur reste à venir pour nous.

 Kilifeu : cet événement permettra de montrer également que les relations sincères existent toujours. 20 ans ce n’est pas rien même si j’ai pu supporter un gars comme Thiate pendant tout ce temps malgré ses dix millions de défauts (rires).

Tout n’a pas été rose quand même…

Thiate : Evidemment, on a fait 7 fois la prison. On a eu un album mort né. Il a été censuré. Beaucoup de personnes nous ont trahis. Nous sommes venus au monde  en 1979, mais on a eu beaucoup de problèmes avec tous les Présidents, de Diouf à Macky en passant par Wade. L’autre mal, ce sont les fausses accusations que des gens portent sur nos dos. On n’a jamais fumé de chanvre, on n’a jamais bu de l’alcool, pourtant des gens le disent. Parfois, on dit que nous sommes des corrompus alors qu’il faut nous connaitre pour savoir que nous ne venons pas de n’importe quelle famille. Mais tout cela, on le met sur le compte de ce que l’on appelle la rançon de ce que nous sommes devenus. S’il n’y avait pas autant de problèmes dans notre carrière peut-être qu’on se poserait des questions. Mais cela nous a permis d’avoir la tête sur les épaules, d’apprécier les petits moments de bonheur que nous avons. Nous pardonnons à tous ceux qui nous veulent du mal. Et nous demandons pardon à tout le Sénégal qui nous a supportés pendant 20 ans particulièrement la région de Kaolack.

En parlant de Kaolack, Keur Gui a commencé par un engagement local. Maintenant vous êtes à un niveau africain parce que vous dénoncez la France-Afrique et beaucoup d’autres choses. N’avez-vous pas délaissé Kaolack ?

Thiate : On ne peut pas abandonner Kaolack. C’est la ville qui nous a vu naitre et c’est celle que nous porterons dans nos cœurs jusqu’à l’extinction du soleil. Mais aujourd’hui, nous voulons être utiles à notre continent. Nos prochains combats seront contre le Franc CFA, les multinationales, la présence française au Sénégal, contre tous ces ‘’pouvoiristes’’ comme Macky Sall, les anciens Présidents qui se sont succédés au Sénégal. Ces Présidents qui n’ont rien compris et sachez qu’en combattant le mal de l’Afrique, nous combattons également le mal de Kaolack parce que si l’Afrique change, le Sénégal change et Kaolack en bénéficie. Et si on change seulement Kaolack c’est seulement cette région qui va en bénéficier. Donc, c’est une manière de faire d’une pierre deux coups. Nous avons vécu  25 ans à Kaolack. Aujourd’hui, nous sommes à une autre dimension. Nous sommes beaucoup plus ouverts au reste du monde pour pouvoir retourner à Kaolack où tout est parti. Et où tout finira.

Actuellement est-ce que vous participez à la campagne ñani bañ na ?   

Thiate : Oui, parce que nous sommes des membres de Y en a marre. Mais Keur Gui va vraiment s’investir à partir du 13 mars après le concert.

Kilifeu : C’est même une réponse à ceux qui disent que Y en a marre c’est Keur-Gui. Actuellement, on ne nous voit pas dans le Front du NON et pourtant cela fait un tollé extraordinaire. Ils nous ont libérés et nous ont demandé un maximum de concentration pour notre événement. C’est ce qui montre que Y en a marre n’est ni keur Gui, ni Simon, ni Fadel Barro. C’est une chose très solide qui est là pour le Sénégal. On n’a pas le pouvoir de commander les Sénégalais. Mais Dieu nous a accordé cette chance là, d’être écoutés par les Sénégalais.

Thiate : Il faut le dire, Keur-Gui n’a pas de concurrents au Sénégal. On est le numéro 1 dans le style que nous faisons. C’est d’ailleurs pourquoi des gens nous dire qu’on est trop prétentieux. On est juste plus fort qu’eux.

BIGUE BOB ET AMINATA FAYE

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