Djimbéring poursuit le combat
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La dynamique érosive côtière au niveau du littoral, entre Boucotte Diola (Etamboudial), Djimbéring et Nikine, long de près de 17 km, sur la rive gauche du fleuve Casamance, préoccupent les populations et les responsables de la commune de Djimbéring. Depuis quelques années, un combat contre ce fléau aux conséquences multiples y est engagé.
Le mercredi 2 mai 2012, le bateau ‘’Aline Sitoé Diatta’’ s’est enlisé dans un banc de sable, à hauteur de l’embouchure du fleuve Casamance. Il a fallu plus de trois heures de manœuvres à l’équipage du navire et le commandement de la base marine d’Elinkine pour que le bateau se remette à flot en direction de Ziguinchor. Une semaine auparavant, un autre bateau s’était “embourbé” au même endroit.
Au-delà de l’ensablement, il est question de la problématique de la forte érosion côtière au niveau du littoral entre Boucotte Diola, Djimbéring et Nikine, près de l’embouchure du fleuve Casamance où la vitesse de décapage de la côte est plus qu’inquiétante. Par endroits, il atteint 10 m par an, informe le maire de la commune de Djimbéring, Tombon Guèye.
Très vulnérable à cause notamment de l’existence dans cette zone d’une ‘’roche meuble’’, le littoral ne résiste plus aux assauts répétés et combinés des eaux de l’embouchure du fleuve Casamance et de l’océan Atlantique. Les conséquences sont de plusieurs ordres. Sur le plan écologique, par exemple, l’on assiste, depuis, à un taux très élevé de mortalité végétale, de déstructuration macabre de l’écosystème, occasionnant une intrusion marine très avancée au niveau des rizières de Nikine, jadis chantées par tous.
Loin de constituer une fatalité, l’érosion côtière au niveau du cordon Boucotte Diola-Djimbéring-Nikine qui, demain, aura raison de la navigabilité sur le fleuve, peut trouver une réponse durable. Encore faudrait-il que les pouvoirs publics, les partenaires ainsi que les populations se mettent à l’œuvre. C’est tout le sens qu’il faut accorder aux multiples journées de reboisement de filaos, une espèce qui résiste au sel, à la brise et même à l’insuffisance de la pluviométrie, organisées par la communauté de Djimbéring depuis 2009.
Mardi dernier, les populations, jeunes notamment, ont encore sacrifié à la tradition, en plantant 10 000 filaos. Elles indiquent que cela devra leur permettre de retarder une catastrophe en dormance, mais également freiner l’ensablement inquiétant de l’embouchure du fleuve Casamance à travers la stabilisation de la côte, entre autres.
Financée à hauteur de 1,5 million F CFA par l’association Urok Djiwatt, en collaboration avec la commune de Djimbéring et le mouvement citoyen Réussir ensemble les enjeux locaux (Reel), cette journée de reboisement a enregistré la participation de plus d’une centaine de jeunes. Outre le filao, des arbres fruitiers ont aussi été plantés au niveau des concessions de certains villages de la commune, membres de l’association Urok Djiwatt.
Selon le maire Tombon Guèye, cette action entre en droite ligne de la territorialisation des politiques publiques.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)