Le Pastef se structure
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Trois mois après les Législatives, la coordination départementale du Pastef de Matam a tenu son assemblée générale. Assises durant lesquelles les patriotes se sont dit des ‘’vérités’’ avant de remettre des parchemins de reconnaissance à l’ensemble de leurs responsables locaux.
Le parti Pastef compte consolider son implantation dans le département de Matam et cela passe par une analyse froide des résultats obtenus lors des dernières échéances électorales. C’est dans la grande salle du centre culturel régional de Matam que responsables et militants des dix communes du département s’étaient donné rendez-vous pour évaluer leurs dernières performances.
Malgré la perte du pouvoir, le député-maire des Agnams, Farba Ngom et son parti APR continuent d’être la première force politique dans cette partie du Sénégal appelée ‘’titre foncier de Macky Sall’’.
Toutefois, le Pastef a grignoté une bonne masse, notamment dans la commune de Nabadji Civol.
À l’heure du bilan, les militants du parti dirigé par Ousmane Sonko ont décelé les failles qui gangrènent la massification de leur formation. Selon Capitaine BMD, militant à Thilogne ‘’les premiers militants du Pastef ne sont pas valorisés, ils sont laissés en rade depuis que le Pastef est arrivé au pouvoir et ce sont des choses à corriger’’. Des propos confirmés par Mathiar Forces des armées des Agnams dont le courage et le sens du sacrifice ont été soulignés par ses pairs.
Le docteur Aliou Sène, responsable politique dans la commune de Matam, pour sa part, s'est dit satisfait de la tenue de l’assemblée générale qui a été une occasion d'écouter la base. ‘’Nous sommes contents d’être là pour écouter et entendre, mais surtout pour cultiver une proximité avec les militants. Comme l'a indiqué le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, nous devons nous rapprocher des jeunes pour les écouter’’, déclare le directeur du Crous de Bambey.
Les camarades du coordinateur départemental du Pastef de Matam, Banta Wagué, sont convaincus qu’ils pouvaient réaliser un meilleur score s’il n'y avait pas les obstacles du transfert d’électeurs et celui du déficit de moyens. ‘’Les scores obtenus par l’APR dans le département sont boostés par le vote des étrangers. Dans beaucoup de villages riverains du fleuve Sénégal, des Mauritaniens traversent le fleuve pour venir voter. Il faudra revoir le fichier et bien le nettoyer’’, a fait remarquer un des nombreux orateurs.
En effet, des personnes provenant de la Mauritanie voisine avaient été interceptées au village de Tiguéré, dans la commune de Nabadji Civol, le jour du scrutin, avant qu'elles ne soient priées de rebrousser chemin par des militants du Pastef.
En dehors de ces transferts d’électeurs, l’absence de moyens a constitué un grand handicap lors de la conquête des suffrages, ont relevé les patriotes. ‘’Le déficit de moyens nous a rendu les choses compliquées. Comme vous le savez, le département de Matam est très vaste. Pour se rendre d'un lieu à un autre, il faut parcourir beaucoup de kilomètres. Cela a fait que nous n’avons pas pu faire beaucoup de localités’’, a concédé le leader de Nawel.
‘’La coordination va plaider pour feu Baba Kana et les autres victimes’’
Le gouvernement du Sénégal a annoncé, mardi 31 décembre, avoir alloué cinq milliards de francs CFA pour indemniser les victimes des violences politiques dans le pays entre 2021 et 2024, seulement à Matam, certaines ont été ‘’oubliées’’. Une situation frustrante pour ces militants qui estiment avoir été lésés. L'animateur Capitaine BMD s'est montré particulièrement outré par cette omission : ‘’Je fais partie des premiers à faire la promotion d’Ousmane Sonko dans la région de Matam. J’ai été violenté, j’ai une jambe cassée, j’ai perdu mon emploi à la radio et je n’ai même pas droit à une indemnisation. Le bureau local n'a pas fait le travail qu’il faut, mais il y a beaucoup de victimes dans cette région et pourtant personne ne figure sur la liste des indemnisés’’, tonna-t-il.
Pour rectifier le tir, le docteur Aliou Sène et les autres responsables se sont engagés à aider les victimes omises dans la confection des dossiers. ‘’Fouta a des martyrs, des personnes ont osé dire non au moment où il était très difficile de s'opposer au régime dans cette région. Elles ont été torturées, d’autres sont même décédées à l’image de Baba Kana qui a été tué. J’ai rendu visite à sa famille et nous ferons tout le nécessaire pour que sa famille soit indemnisée’’.
Djibril Bâ