Publié le 25 Mar 2025 - 18:38
ESCROQUERIES LIÉES AUX APPLICATIONS BANCAIRES...

Interpol frappe au coeur d’une mafia africaine

 

Une opération menée par Interpol ciblant les escroqueries liées aux applications bancaires, d'investissement et de messagerie dans cinq pays africains a permis d’interpeller 306 suspects et de saisir 1 842 appareils. Le nombre de victimes vivant au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Nigeria, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Togo et en Zambie, est de 5 000.

 

Les autorités de sept pays africains ont arrêté 306 suspects et saisi 1 842 appareils, dans le cadre d'une opération internationale ciblant les cyberattaques et les escroqueries informatiques. Les sept pays y ayant pris part sont le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Rwanda, l'Afrique du Sud, le Togo et la Zambie. La mission a été menée dans le cadre de l'opération conjointe africaine contre la cybercriminalité (Afjoc) d'Interpol, une initiative financée par le ministère britannique des Affaires étrangères, le Commonwealth et le Développement. Il y a 5 000 victimes qui ont été dénombrées.

Dans le cadre de cette répression, la police nigériane a arrêté 130 personnes, dont 113 ressortissants étrangers, pour leur implication présumée dans des escroqueries informatiques telles que des fraudes aux casinos en ligne et aux investissements. Les suspects, qui convertissent les gains en actifs numériques pour dissimuler leurs traces, étaient recrutés dans différents pays pour mener ces opérations illégales dans un maximum de langues. Les autorités nigérianes ont établi que certaines personnes travaillant dans ces centres frauduleux pourraient également être victimes de traite d'êtres humains, contraintes de se livrer à des activités criminelles. 

Au total, l'enquête a permis la saisie de 26 véhicules, 16 maisons, 39 terrains et 685 appareils.

Dans une affaire majeure en Afrique du Sud, les autorités ont arrêté 40 personnes et saisi plus de 1 000 cartes Sim ainsi que 53 ordinateurs de bureau et antennes relais liés à un système sophistiqué de fraude aux Sim box. Ce système, qui transforme les appels internationaux en appels locaux, est couramment utilisé par les criminels pour mener des attaques de phishing par SMS à grande échelle. En Zambie, les policiers ont appréhendé 14 membres présumés d'un réseau criminel qui avait piraté les téléphones des victimes. L'escroquerie consistait à envoyer un message contenant un lien malveillant qui, une fois cliqué, installait un logiciel malveillant sur l'appareil. Cela a permis aux pirates de prendre le contrôle du compte de messagerie, puis du téléphone leur donnant ainsi accès à des applications bancaires. Les pirates ont également pu utiliser les applications de messagerie des victimes pour partager le lien malveillant dans les conversations et les groupes, favorisant ainsi la propagation de l'escroquerie.

Au cours de cette opération, les autorités rwandaises ont arrêté 45 membres d'un réseau criminel pour leur implication dans des escroqueries par ingénierie sociale qui ont escroqué les victimes de plus de 305 000 dollars américains rien qu'en 2024. Leurs tactiques consistaient notamment à se faire passer pour des employés des télécommunications et à prétendre à de faux gains pour obtenir des informations sensibles et accéder aux comptes bancaires mobiles des victimes. Une autre méthode consistait à se faire passer pour un proche blessé pour demander une aide financière à ses proches pour payer leurs frais d'hôpital.

Au total, 103 043 dollars américains ont été récupérés et 292 appareils ont été saisis.

De l’avis de Neal Jetton, directeur de la Cybercriminalité d'Interpol,  cette opération, baptisée ‘’Carton rouge’’ démontre l'efficacité de la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité, qui ne connaît pas de frontières et peut avoir des effets dévastateurs sur les individus et les communautés. La récupération d'actifs et d'appareils importants ainsi que l'arrestation de suspects clés, envoie un message fort aux cybercriminels : leurs activités ne resteront pas impunies.

En amont de l'opération, a précisé la même source, les pays ont échangé des renseignements criminels sur des cibles clés. Ces renseignements ont été enrichis par Interpol grâce à des informations sur les modes opératoires criminels, grâce aux données de ses partenaires du secteur privé : Group-IB, Kaspersky et Trend Micro.

CHEIKH THIAM

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