Une situation qui interpelle

La Mauritanie opère, depuis quelques jours, des expulsions de migrants, sénégalais notamment, apparemment aux antipodes des règles établies par Nouakchott. Hormis les indignations çà et là, le silence radio affiché par le gouvernement reste assourdissant.
Nouakchott semble mettre les bouchées doubles afin de contrecarrer les plans des migrants maliens et sénégalais, notamment, qui nourrissent toujours ce rêve de rejoindre l'Europe. Rappelons que depuis plusieurs jours maintenant, les dirigeants mauritaniens sont en croisade contre les candidats à la migration.
Mais samedi dernier, des migrants sur le point d’être expulsés ont attaqué et brûlé un poste de police à Gogui (Sud-Est) à la frontière malienne, selon des sources sécuritaires et administratives. Même s'ils ne courent pas les rues, les témoignages sur le calvaire que vivent les ressortissants ouest-africains en général existent. “J’ai été arrêté par la police de la cité Plage. Ensuite, ils m’ont conduit dans un centre de détention, au quartier 5e. Dans la salle où j’étais détenu, il y avait près de 50 Sénégalais et nous étions dans des conditions difficiles. On nous a retenus pendant presque quatre jours. Ensuite, des véhicules sont venus nous reconduire à la frontière. Tous ont été expulsés, sauf quelques-uns comme moi qui ont eu la chance de négocier’’, a révélé un Sénégalais établi en Mauritanie à travers les ondes de la RFM.
GMS sensible à la situation…
Du côté de Dakar, la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères n'a encore pipé mot sur la situation. Pas même un simple communiqué pour dire qu'on suit la situation de près. C'est Guy Marius Sagna qui sauve un peu la face en cassant cette omerta sur sa page Facebook notamment. “Plusieurs nouvelles me viennent de la République islamique de Mauritanie. J'entends parler de violation des droits humains et de campagne xénophobe contre les ressortissants sénégalais, maliens, ivoiriens et d'autres pays africains. Les informations de détention et d'expulsion inhumaines me parviennent tous les jours depuis un moment”, s'est montré prudent le parlementaire.
Moins nuancé cette fois-ci, GMS a invité ses compatriotes à davantage observer les codes de conduite des États qui les accueillent. “La Mauritanie est un État souverain qui a le droit de fixer ses règles et les Sénégalais qui décident d'aller en Mauritanie doivent les respecter”. En dehors de ces remontrances, le député a annoncé la bonne nouvelle visant à abréger les peines des ressortissants ouest-africains, d'une manière chez El-Ghazouani. “Je vais proposer la création à l'Assemblée nationale du Sénégal d'une mission d'information en Mauritanie visant à apprécier la situation de nos compatriotes sénégalais, des citoyens de la CEDEAO, des ressortissants africains et des migrants. Je vais aussi interpeller le gouvernement sur la situation de nos compatriotes sénégalais en Mauritanie”.
… Alioune Tine aussi
À l'image de l'élu du peuple, Alioune Tine s'est attardé sur la question. Mais le défenseur des droits humains a voulu surtout s'arrêter sur les conditions de détention des migrants, dont des Sénégalais, en Mauritanie. Car, selon lui, des “témoignages alarmants font état de violations des droits humains”.
Ainsi sur la plateforme X, il rappelle à l’État mauritanien son obligation de respecter les droits fondamentaux des migrants, en conformité avec les engagements internationaux et continentaux. “Nous sommes gravement préoccupés par les violations répétées des droits des migrants d’Afrique de l’Ouest. Nous exhortons les autorités mauritaniennes à honorer leurs obligations en matière de droits humains”.
Mamadou Diop