Publié le 15 Jul 2024 - 19:29
FISCALITÉ, FONDS POLITIQUES, AES…

Diomaye sans masque

 

Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a fait face à six journalistes sénégalais, pour parler des actes majeurs de son gouvernement durant les 100 premiers jours. Les sujets brûlants de l’actualité politique, économique et internationale ont été au cœur de l’entretien.

 

La question fiscale était encore au cœur de l’entretien accordé par le président Bassirou Diomaye Faye à des journalistes sénégalais, avant-hier samedi 13 juillet. Le président Faye a insisté sur "l'importance cruciale des impôts pour le fonctionnement de l'État et la préservation des biens communs des Sénégalais". Il a dénoncé fermement les "remises gracieuses" et averti que tout refus de paiement d'impôt ou toute retenue à la source non reversée serait considéré comme un détournement de deniers publics passible de sanctions sévères.

En parallèle, l’ancien inspecteur des impôts et des domaines a souligné la nécessité d'une sensibilisation et d'une éducation citoyenne en matière fiscale.

Concernant les audits, le président Faye a critiqué la pratique de ses prédécesseurs de garder certains rapports confidentiels. Il a assuré que son administration rendra publics tous les rapports d'audit et qu'ils seront traités avec rigueur. "Si un rapport justifie l'ouverture d'une enquête judiciaire, la justice agira en toute indépendance et sans pression", a-t-il affirmé.

En ce qui concerne les fonds politiques, le président Faye a révélé qu'il n'avait trouvé aucun fonds destiné à la présidence, à son arrivée au pouvoir. Sur la suppression desdits fonds, il a précisé que son souhait est de les remplacer par des "fonds secrets gérés par un comité restreint", laissant entendre une gestion plus transparente et contrôlée de ces ressources.

Les fonds politiques seront transformés en fonds secrets

Le journaliste Mamoudou Ibra Kane n’a pas tardé à réagir aux révélations du président Faye sur les fonds politiques. "J'ai suivi l'entretien que le président BDF a accordé à la presse nationale. L'ancien président Macky Sall est interpellé sur les déclarations de son successeur qui a révélé n'avoir rien trouvé comme fonds politiques après son installation", a-t-il rappelé sur sa page Facebook, invitant l'ancien chef de l'État à apporter des éclaircissements sur ces graves accusations.

Lors de l'entretien, Bassirou Diomaye Faye a été interrogé sur ses relations avec Ousmane Sonko. Il a clairement exprimé sa loyauté envers celui qui l'a porté au pouvoir, démentant les rumeurs de rupture entre eux. "Je ne lui demande pas de lorgner le fauteuil présidentiel, je lui demande de le regarder. J'ai évolué pendant dix ans sous son ombre avec loyauté. Je l'encourage pour le fauteuil présidentiel, car il s'est beaucoup sacrifié pour notre projet", a-t-il déclaré.

‘’Constitutionnellement, le Premier ministre est très faible’’

L’ancien secrétaire général de Pastef a également encensé Sonko, qu'il a qualifié de "meilleur Premier ministre de l'histoire du Sénégal", en dépit des critiques de certains observateurs et acteurs politiques pour sa présence médiatique et sa posture clivante. Il a souligné la faiblesse constitutionnelle des pouvoirs du Premier ministre et a évoqué la possibilité de réformes pour renforcer cette position. ‘’Il faut distinguer deux choses. Le Premier ministre n’a aucun pouvoir. Constitutionnellement, le Premier ministre est très faible’’, a-t-il souligné.

Pour le cas d’Ousmane Sonko, poursuit-il, sa force s’explique essentiellement par deux raisons. ‘’Quand on a eu pour ambition de faire de quelqu’un son président de la République, on doit rendre grâce à Dieu si on l’a finalement comme Premier ministre. L’autre chose, c’est sa stature. Qu’on le veuille ou non, c’est lui qui fait élire des députés, c’est lui qui a pu faire élire quelqu’un comme président en dix jours…’’.

Interrogé sur son rôle dans la médiation régionale, le président Faye a reconnu les défis actuels de la CEDEAO. "Aujourd'hui, la CEDEAO est en difficulté et quand des pays cherchent à sortir de cette organisation, cela indique qu'elle ne se renforce pas. Nous devons gérer cette situation malheureuse en parlant aux uns et aux autres", a-t-il expliqué.

Il s'est engagé à essayer de ramener les trois pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) - le Mali, le Burkina Faso et le Niger - à la table des négociations. Le nouveau chef d’État a insisté sur l'importance de maintenir le dialogue, même en cas de désaccord, en particulier sur des défis communs comme le terrorisme et les trafics illicites. Il a également annoncé avoir sollicité les services du professeur Abdoulaye Bathily pour ses compétences en médiation.

Relations avec la France et médiation CEDEAO

Le président Faye a abordé la question de la présence militaire française au Sénégal, exprimant son intention de renégocier certains accords, mais en toute sérénité et dans le respect mutuel. "Je ne peux pas vous dire quand ça aura lieu, parce que même les modifications qui doivent intervenir entre pays doivent être discutées en toute sérénité et en toute amitié. Je ne pense pas qu'on ait besoin aujourd'hui, quel que soit le partenaire, d'aller vers des ruptures brutales", a-t-il déclaré, mettant en avant une approche de dialogue et de coopération.

Pour rappel, cet entretien a été accordé à des médias sénégalais, dans le cadre des 100 jours de gouvernance du président Faye. Il faut noter que ces premiers mois ont été marqués par des actions et des déclarations visant à instaurer une gouvernance transparente et responsable. En abordant des sujets variés et en répondant directement aux questions des journalistes, le président Faye a montré sa détermination à rompre avec les pratiques du passé et à instaurer une nouvelle ère de dialogue et de réformes au Sénégal.

Seul le temps dira si ces premières initiatives se traduiront par des changements durables et bénéfiques pour le pays.

DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE

Diomaye au-dessus de la mêlée

Il l’avait promis lors de son discours du 3 avril. Il l’a réaffirmé samedi face aux journalistes. ‘’Je veux être un Président au-dessus de la mêlée. Le Sénégal nous appartient à nous tous. J’invite tout le monde à prendre de la hauteur…’’. C’est en ces termes que le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a conclu son intervention sur la crise ayant opposé son Premier ministre et la majorité parlementaire.

Interpellé sur son mutisme, il a confié : ‘’Quand j’en ai été informé, j’ai appelé le président de l’Assemblée nationale et j’ai discuté avec lui. Je lui ai demandé d’enclencher la procédure de révision du règlement intérieur avec les présidents de groupes. Et le PM va venir pour faire sa DPG. Je pense qu’il était dans les dispositions ; en tout cas, j’ai demandé au PM de sursoir sa déclaration qu’il avait projeté devant un jury populaire et il me l’a accordé.’’

Selon le chef de l’Etat, vendredi dernier, il y a eu une réunion à l’Assemblée nationale dans ce sens. Et demain également, une réunion est prévue entre les présidents de groupes. ‘’

Amadou Camara Gueye

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