Publié le 10 Sep 2014 - 19:32
FOCUS SUR LE GELONGAL

Le ‘’silabaa’’ de la fratrie Mballo

 

En marge d’une conférence de presse donnée lundi, les membres du groupe Gelongal ont voulu avec EnQuête revenir sur leur parcours, qui n’a pas été de tout repos.

 

Papis, Moussa et Bathie Mballo sont tous frères. Ils ont fait leurs études à Dakar et n’allaient à Kolda que pour les grandes vacances. Ces jeunes, de leurs débuts à ce jour, ont toujours réclamé leur appartenance à Kolda. A juste titre. Cette ville leur a tout donné sur le plan artistique. C’est en 1990 que la fratrie a commencé à flirter avec la musique, notamment le hip-hop. Ils s’illustrent ensuite dans le bboying. ‘’Gelongal et Kolda, c’est une longue histoire. 

Ces jeunes sont aimés et adulés par la population de cette région depuis leur adolescence quand ils mettaient le feu dans les furëls en mimant les pas de danse de Michael Jackson’’, rapporte un Koldois qui connaît bien le groupe et qui a requis l’anonymat. Papis et ses frères iront jusqu’à représenter leur localité à la plus grande émission de loisirs : oscars des vacances. Ils y font leurs premiers pas sur le plan national. Ensuite, sort le premier opus du groupe, ‘’ngiyène Kolda’’.  Un tube qui ne leur permet pas de sortir de l’anonymat. Même si Gelongal est l’un des premiers groupes sénégalais à avoir osé mixer des sonorités hip-hop avec des rythmes ethniques du fin fond du Sénégal. ‘’Kolda est une région où les sonorités se bousculent. Et nous, on fait de la musique suivant ce que nous sommes’’, a dit Bathie.

Il est le cadet du crew mais est comme le porte-parole. C’est lui qu’on voit s’exprimer à chaque sortie du trio. ‘’C’est peut-être une manière pour mes frères de me responsabiliser. Ils me laissent parler’’, dit le ‘’petit curieux’’ du groupe. Papis, l’aîné, est le plus effacé. On ne le voit presque que sur scène. Cependant, il est dépeint par Bathie comme ‘’un militaire’’ pour parler de sa rigueur dans le travail. Moussa le benjamin lui, semble être le fashionista du groupe. Belle allure et joli minois, il est également décrit comme le ‘’taquin’’ de la famille Mballo.

Au-delà de leurs différences s’agissant de leurs traits de caractère, les membres de Gelongal exercent chacun un métier différent de celui de musicien. Papis est un technicien en mécanique générale. Bathie s’illustre dans l’infographie et Moussa est un talentueux artiste peintre qui a eu à accrocher ses tableaux un peu partout à travers le monde.

 La diversité de professions de ces frères est peut-être leur fort dans la conception de vidéos. Car si aujourd’hui les Mballo ont acquis une certaine notoriété, ils ne le doivent pas qu’à leur musique. Même s’ils peuvent se targuer d’être l’un des premiers crews à avoir rapé dans une langue autre que le wolof. Cela ne les a pas pour autant aidés. Ils ont été avant-gardistes en ces temps-là où le hip-hop était une musique assez sectaire avec une connotation fortement américaine.

En 2001, le public dakarois commence à les connaître et les reconnaître à travers leur deuxième album intitulé ‘’Casa rap’’. Gelongal est leader du hip-hop sud mais cherchait encore son chemin dans les sphères dakaroises. Des singles comme ‘’poul debo’’ ou encore ‘’diombadio’’ viennent fortifier la bonne impression laissée par ‘’casa rap’’. Un rap avec ‘’un filtre koldois’’ est proposé et nous change de ce qu’on entendait jusque-là. Même si selon Bathie, ‘’Gelongal n’est pas venu pour s’imposer’’, il y est arrivé.

Cependant, les frères Mballo sont propulsés aux devants de la scène par la vidéographie. En effet, depuis quelques années, Gelongal fait ce qu’il y a de mieux en matière de réalisation vidéo au Sénégal. Ce qui lui a valu d’ailleurs deux consécrations. Un award reçu à New-York pour le meilleur réalisateur africain ainsi qu’une distinction de la même appellation obtenue il y a un an à Abidjan. Pourtant les trois frères  ne sont pas devenus vidéastes du jour au lendemain. ‘’On a appris ce métier à Paris et on a voulu bien faire les choses en cherchant du  matériel haute définition’’, renseigne Bathie dont les talents d’infographiste et l’œil artistique de Moussa ont donné une certaine originalité aux vidéos de Gelongal.

 Les couleurs concordent et sont souvent attirantes. Les images sont nickel et belles à voir. Le téléspectateur sent du vrai professionnalisme derrière la caméra. Et Gelongal a travaillé avec une bonne palette d’artistes sénégalais et africains allant de Youssou Ndour à Fodé Barro ou Hakim en passant par Coumba Gawlo Seck, Viviane Chidid ainsi que Idrissa Diop. Cette short liste est loin de représenter les 400 vidéos réalisées par cette structure.

Le succès fou de Gelongal et le respect acquis auprès du public ne leur font pas oublier leur région d’origine. Ils ont, une fois encore, dans leur dernier album ‘’silabaa’’  (‘’le chemin des braves’’, sorti le 31 août passé), rendu hommage à Kolda à travers le titre kolidado. Un hymne à la paix dédié à la région sud. D’après la légende, ‘’Kolidado est le nom traditionnel de Kolda. Car la région a été fondée par un dénommé Koli qui s’y est installé avec sa femme Dado en premier. D’où le nom Kolidado.

Et c’est le colon qui l’a changé en Kolda’’, a fait savoir un Koldois qui a requis l’anonymat. Cette chanson n’est pas le seul élément démontrant, si besoin en était encore, de l’attachement des Mballo à leur terroir. ‘’Silabaa’’ est une véritable ballade  musicale dans les rythmes du sud du pays. D’ailleurs, le titre ‘’nterro’’ rappelle profondément la musique des ‘’Touré Kunda’’. ‘’On est fier d’entendre cela. Nous tous venons de la même région. Cela montre qu’on a reçu les mêmes influences. Ce qui serait dommage, c’est qu’on dise que notre musique rappelle celle de Jay Z’’, a déclaré le cadet de la fratrie. ‘’C’est le hip-hop qui nous a inspiré. La musique n’a de valeur que lorsqu’elle est évolutive’’, a renchéri Papis.

Aujourd’hui, Gelongal est entre la musique et la vidéographie qui semble de plus en plus prendre le dessus sur l’avenir de ses jeunes. Car même s’ils viennent de mettre sur le marché leur troisième album qui est de 8 titres, ils comptent mettre en stand by la promotion de ‘’silabaa’’ afin de se concentrer sur la réalisation de la troisième saison de la série ‘’un café avec’’. Ce qui signe l’entrée nationale de Gelongal dans le monde du cinéma. ‘’On savait comment faire cela. Mais on n’avait pas le matériel adéquat pour un tournage de film et on n’a pas voulu faire dans le colmatage comme le font certains.’’

Gelongal est un groupe perfectionniste et cherche toujours à donner le meilleur à son public. De retour d’un voyage sur New-York, les caméras du crew ont été volées à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar. Ne voulant pas faire dans l’amateurisme, ils sont restés un an sans travailler. ‘’C’est Aziz Samb qui a hypothéqué sa maison pour nous donner de l’argent afin qu’on puisse acheter à nouveau du matériel et reprendre le travail’’, s’est souvenu Bathie. 

BIGUE BOB

 
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