Le régime miracle de Liverpool
Si Liverpool marche aussi bien cette saison, ce n'est pas uniquement à cause du génie tactique de Jürgen Klopp. La cantine y est devenue aussi importante que le vestiaire. Explications avant la réception de Sunderland samedi.
Le transfert est passé relativement inaperçu cet été et pourtant, il pourrait peser lourd dans la conquête du titre par Liverpool cette saison. La recrue miracle en question ? Une femme de 31 ans, Mona Nemmer de son état civil, débauchée des arrière-cuisines du Bayern Munich où elle officiait comme nutritionniste. Un poste qui n'est pas inédit en Premier League, où les questions de diététique sont prises en compte par les clubs depuis plus d'une dizaine d'années. Mais là, comme le révèle une enquête du Telegraph, le club a passé la vitesse supérieure, fortement échaudé par l'affaire Sakho (le joueur avait été contrôlé positif après la prise de sibutramine, produit classé dans les coupe-faim).
Dans les couloirs d'Anfield, on a donc oublié depuis l'été dernier ce que pouvait vouloir dire le terme "junk food". Les joueurs doivent assister à des cours d'éducation alimentaire et sont soumis à des programmes nutritionnels individualisés à l'extrême. À la cantine, où divers stands ont désormais été installés (hydratation, pain, salades, pâtes fraîches), on ne voit donc plus un défenseur manger la même assiette qu'un attaquant. Les entraînements, suivis par GPS, procurent au club les données essentielles sur les besoins métaboliques de chacun, ce qui détermine ensuite de quoi son repas sera fait : aux attaquants, qui sont soumis aux duels avec de rugueux défenseurs centraux, le plein de protéines, quand les milieux de terrain, qui quadrillent tout le pré, auront droit à du rab en glucides.
Individualiser et aller progressivement
Une initiative qui ne rallie pas forcément les suffrages des nutritionnistes français : ‘’Je dirais plutôt d'individualiser en fonction des personnes et non des postes : on peut avoir des arrières qui font 1,75m, d'autres 1,70m, comme au milieu de terrain ou en attaque, explique le nutritionniste du sport Thomas Ladrat. L'idéal est d'individualiser au maximum. Chaque sportif n'aura donc pas le même plan, même s'ils sont au même poste.’’
Plus généralement, la sauce tomate est proscrite au self, et les œufs y sont également bannis en amont des jours de match. Un partenariat a également été noué avec l'entreprise de compléments alimentaires diététiques Sis, qui cornaque déjà Andy Murray, Chris Hoy et d'autres médaillés olympiques britanniques. Principalement en charge du groupe pro, Mona Nemmer va également s'atteler à prêcher la bonne parole nutritionnelle auprès du centre de formation : ‘’Il faut éduquer le joueur, lui faire d'abord comprendre pourquoi on fait ça et après on le met en place, explique l'ancien responsable de la performance au PSG et à l'OL Alexandre Marles. Il ne faut pas non plus partir dans quelque chose de trop drastique, il faut que cela soit très progressif. Et ne pas supprimer ce qu'ils aiment.’’
(lequipe.fr)