Haro contre la décision de la Fifa
La bataille du voile se joue désormais sur le terrain du football. En France, la décision de la Fifa (Fédération internationale de football association) d'autoriser le port du voile pour les joueuses suscite un tollé.
Ce choix a été pris à l'unanimité jeudi dernier sur demande de la Confédération asiatique et du prince Ali Ben al-Hussein de Jordanie (un des six vice-présidents de la Fifa). Vendredi, alors que la polémique commençait à enfler, la Fédération française de football a précisé qu'elle n'autorisait pas les joueuses à porter le hijab en sélection nationale ou dans ses propres compétitions. Sans toutefois prohiber le port du voile pour des joueuses étrangères qui évolueraient en France à l'occasion d'un match international.
«Grave régression»
«La question est de savoir si l'on accepte le foulard pour promouvoir le sport féminin dans les pays du Golfe ou si on le refuse au nom de l'universalité du sport et de ses valeurs émancipatrices», résume le député UMP Gérald Darmanin. Ce dernier, ancien directeur de cabinet de David Douillet, regrette que le gouvernement, le représentant de la Fédération française de football et le secrétaire général de la Fifa n'aient pas défendu plus ardemment la conception française de la laïcité. «Autoriser le voile sur les terrains, c'est la boîte de Pandore, estime le député. Il n'y a pas d'exemple de joueuses voilées en France à ma connaissance, mais ce genre de décision accélère les revendications communautaires. Demain, le voile sera-t-il présent dans les matchs amateurs, sur les terrains d'école ou dans d'autres sports? La ministre des Sports doit prendre une position publique claire pour interdire le port du voile sur les terrains de football de notre pays.»
Asma Guenifi, présidente de Ni putes ni soumises, dénonce également une «grave régression». «Aujourd'hui, c'est le foot. Demain, ce sera la natation», s'inquiète Asma Guenifi, qui appelle au respect de la neutralité politico-religieuse dans le sport. En mars dernier, la présidente de Ni putes ni soumises avait déjà estimé que la réflexion en cours à la Fifa avait entraîné la présence de joueuses visiteuses venues voilées à Narbonne, dans l'Aude. L'arbitre avait refusé de diriger ce match entre Narbonne et le Petit-Bard Montpellier.
Avant le mois d'octobre, aucune joueuse ne pourra porter le hijab pendant un match. Le temps pour la Fifa de discuter des détails pratiques de cette décision, notamment de la couleur et du dessin du foulard, lors d'une nouvelle réunion.
Figaro